Mickey et Minnie aggravent l’asthme des enfants de milieux défavorisés… bref, de ceux qui ne vont pas à Disneyland.

mercredi 15 octobre 2008 par Dr Gérald Gay1542 visites

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Mickey et Minnie aggravent l’asthme des enfants de milieux défavorisés… bref, de ceux qui ne vont pas à Disneyland.

Mickey et Minnie aggravent l’asthme des enfants de milieux défavorisés… bref, de ceux qui ne vont pas à Disneyland.

mercredi 15 octobre 2008, par Dr Gérald Gay

La présence d’allergènes de souris dans l’habitat est un facteur connu de risque d’apparition d’une allergie respiratoire chez les enfants. Ici, il est question de prévention, l’étude dont il est question vantant le bénéfice clinique de la dératisation des habitats de milieux modestes à Chicago.

Allergie à la souris et effets de la dératisation sur l’asthme des enfants de quartiers défavorisés. : Pongracic JA, Visness CM, Gruchalla RS, Evans R 3rd, Mitchell HE.

Department of Pediatrics, Children’s Memorial Hospital, Chicago, Illinois, USA

dans Ann Allergy Asthma Immunol. 2008 Jul ;101(1):35-41

On retrouve fréquemment des allergènes de souris dans les foyers défavorisés, et le taux d’allergène mesuré dans ces habitats est proportionnel au degré de sensibilisation des enfants asthmatiques.

 Objectifs :

  • Comparer la sensibilisation aux allergènes de la souris à la quantité d’antigènes retrouvée dans l’habitat des enfants de milieux déshérités.
  • Estimer le risque de cette exposition allergénique dans la prévalence de l’asthme.
  • Evaluer l’efficacité de la dératisation du domicile de ces jeunes patients sur leur maladie respiratoire.

 Méthodes :

  • L’étude a porté sur des enfants asthmatiques âgés de 5 à 11 ans déjà inclus dans un programme de suivi de l’asthme dans les quartiers pauvres.
  • Après randomisation, il a été réalisé une dératisation de 150 habitats.
  • Les enfants de ces logements ont ensuite été suivis deux fois par mois pour évaluer l’évolution de l’asthme.
  • La poussière de leur chambre à coucher a été recueillie avant la dératisation puis tous les 6 mois pendant 2 ans afin de doser le taux de l’allergène Mus m 1.

 Résultats :

  • Vingt-deux pour cent des enfants ont un test cutané positif à la souris.
  • On retrouve l’allergène majeur de la souris dans 80% des chambres.
  • Les enfants se sensibilisent même pour une exposition modeste.
  • La sensibilisation des enfants et le taux d’exposition à l’allergène sont proportionnels à la sévérité de la maladie asthmatique, notamment quant au nombre d’hospitalisations.
  • Les logements traités ont vu la quantité d’allergène de souris chuter en moyenne de 27,3% (diminution de 1,9 à 46,1% avec un intervalle de confiance de 95%).
  • Enfin, la réduction de l’exposition antigénique a permis une diminution de l’absence scolaire, une meilleure qualité de sommeil, une chute du nombre des consultations, mais pas de changement en termes de symptômes et de recours au traitement médical.

 Conclusions :

  • On trouve bel et bien des allergènes de souris dans l’environnement des habitats défavorisés.
  • Une faible quantité d’allergènes n’empêche pas de s’y sensibiliser.
  • La présence de cet allergène dans l’environnement est indépendante de la fréquence de la maladie asthmatique.
  • En revanche, il est établi que la dératisation diminue significativement le taux d’allergène majeur de la souris dans les domiciles traités, avec une amélioration de la qualité de vie des enfants asthmatiques, notamment par la diminution des crises d’asthme nocturnes.

Attention : dans tout ce qui précède et qui suit, il n’est nul question de rongeurs achetés en animalerie et faisant des ronds dans une cage, mais bien d’animaux parasites sauvages.

Les lecteurs assidus du site Internet incontournable sur lequel vous lisez ces lignes connaissent depuis octobre 2002 le rôle de la présence de souris dans la genèse des maladies allergiques respiratoires.

Mon amie le Dr Isabelle BOSSÉ était étonnée à l’époque d’apprendre que 46 % des maisons étudiées en Pologne hébergeaient des souris… Confidence pour confidence, moi aussi ! Ceci dit, c’est probablement un paramètre collatéral à l’entrée laborieuse de ce magnifique pays dans la CEE.

En relisant l’admirable synthèse d’Isabelle, je me demande si j’irai à l’EAACI de Varsovie en juin 2009 !

En avril 2005, toujours sur le site Web inégalable où vous me lisez, mon ami le Dr Alain THILLAY résumait une étude américaine effectuée à Boston et ses environs dont les résultats étaient superposables aux précédents, avec cette fois 42% des habitats contaminés par la présence de souris, avec leur lot d’enfants asthmatiques à la clé.

Bon, d’accord, il s’agissait notamment de familles de banlieue, aux revenus plus que modestes, comme dans l’étude publiée aujourd’hui. Comme il n’y avait pas d’élection proche à cette période, les médecins du Massachusetts, état notoirement Républicain, précisaient que les foyers où l’on retrouvait des traces de présence de souris étaient majoritairement ceux où vivaient des familles de race Noire (no comment).

Or donc, la publication d’aujourd’hui témoigne de la bonne santé des murins, les souris squattant à présent pas moins de 80% des chambres d’enfants asthmatiques issus de milieux sociaux déshérités à Chicago (Illinois). La bonne nouvelle concerne le bénéfice de la dératisation des habitats sur la qualité de vie de ces enfants.

On espère que cette mesure d’hygiène sera étendue à tous les domiciles concernés.

Qui sait, cela fait peut-être partie du programme du candidat Barack Obama, sénateur de l’Illinois justement… Comme quoi une souris peut faire peur à un éléphant (animal fétiche, rappelons-le, du parti Républicain aux États-Unis), en particulier en pleine campagne. Électorale bien sûr, pas celle des campagnols !

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