Obstétricien et Allergie : s’il est vache et choisit la césarienne le nourrisson s’en souviendra et allergique au lait sera !!

vendredi 29 mai 2009 par Dr Stéphane Guez738 visites

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Obstétricien et Allergie : s’il est vache et choisit la césarienne le nourrisson s’en souviendra et allergique au lait sera !!

Obstétricien et Allergie : s’il est vache et choisit la césarienne le nourrisson s’en souviendra et allergique au lait sera !!

vendredi 29 mai 2009, par Dr Stéphane Guez

Depuis plusieurs années il est observé une augmentation du nombre des enfants ayant une allergie au lait de vache, avec ou sans IgE spécifiques. Aucune cause précise n’a encore était mise en évidence rendant difficile des moyens de prévention efficaces. Toute nouvelle étude sur la question est donc la bienvenue.

Les conséquences d’une délivrance par césarienne et du mode d’alimentation sur l’allergie au lait de vache des enfants et le développement ultérieur de la marche allergique dans l’enfance. : F. Sánchez-Valverde, F. Gil, D. Martinez, B. Fernandez, E. Aznal, M. Oscoz, J. E. Olivera

Gastroenterology and Nutrition Unit, Pediatric Department, Hospital Virgen del Camino, Pamplona, Spain

dans Allergy
Volume 64 Issue 6, Pages 884 - 889

 Introduction :

  • L’incidence de l’allergie IgE médiée au lait de vache (CMA) a augmenté durant ces dernières années.
  • Il y a de nombreux facteurs de risque génétiques et environnementaux qui peuvent être reliés à cette allergie et à ses conséquences sur la marche allergique ultérieure.

 Matériel et Méthode :

  • Une étude prospective de cohorte a été conduite chez des patients recrutés entre 1998 et 2002.
  • Des données sur :
    • les variables cliniques
    • les examens complémentaires,
    • les facteurs périnataux et obstétriques
    • et le type d’hydrolysat pour l’alimentation
  • ont été recueillis.
  • Une étude transversale sur la prévalence des affections allergiques au sein de cette cohorte a été réalisée en 2004.

 Résultats :

  • Les auteurs ont comparé les patients ayant une CMA médiée par les IgE avec les patients ayant une CMA non dépendante des IgE et ont trouvé qu’il y avait une association entre une CMA avec IgE et :
    • le mode de délivrance par césarienne (OR : 2.114, IC95% : 1.02-4.49),
    • la durée de l’allaitement au sein (supérieur à 2 mois, OR : 4.14, IC95% : 2.17-7.89) -**et l’utilisation d’un complément nutritionnel par un hydrolysat artificiel plutôt qu’une alimentation au sein (OR : 2.86, IC95% : 1.33-6.13).
  • Les facteurs associés avec une modification de la marche allergique dans le sens d’un effet protecteur chez les patients ayant une CMA médiée par les IgE étaient :
    • une délivrance par césarienne (OR : 0.42, IC95% : 0.19-0.92)
    • et l’utilisation des hydrolysats les plus hydrolysés (OR : 0.44, IC95% : 0.20-0.987).

 Conclusion :

  • La délivrance par césarienne est démontrée comme étant un facteur de risque de faire une allergie au lait de vache IgE médiée,
  • mais n’augmente pas le risque de développer une histoire allergique ultérieure chez ces enfants.
  • L’utilisation d’hydrolysats poussés semble protéger les patients ayant une CMA IgE médiée, de développer une marche allergique ultérieure.

Les auteurs montrent qu’il y a un lien statistique entre le fait de naître par césarienne et le développement d’une allergie au lait de vache. Par contre cela protège d’un développement ultérieur de la maladie atopique. Les hydrolysats poussés permettent également d’éviter le développement ultérieur de la marche allergique.

Cette étude n’est pas une nouvelle étude épidémiologique banale de plus réalisée par des statisticiens non allergologues.

En effet il s’agit d’un travail portant sur 225 patients et dont le recrutement s’est fait sur un diagnostic très précis pour affirmer une allergie au lait de vache soit médiée par les IgE soit sans IgE spécifiques. Les résultats peuvent donc être analysés et interprétés sans crainte d’un biais majeur de recrutement.

Au premier abord le lien entre césarienne et allergie au lait de vache peut sembler absurde.

En fait l’interprétation de cette constatation peut conduire à proposer plusieurs explications :
 la césarienne empêche le passage dans la filière génitale et donc une contamination digestive du nouveau né par une flore riche en bifidus qui favorise le développement d’une réponse de type TH1
 la césarienne avec son anesthésie éloigne pendant quelques heures le nourrisson de sa mère et il reçoit fréquemment un premier biberon de lait artificiel même si ensuite il est nourrit au sein. Il risque ensuite faire une allergie lors du prochain contact à 4 mois avec le lait de vache.

Mais rien n’est simple : ce même travail montre que l’accouchement pas césarienne semble protéger ensuite le nouveau-né d’un développement atopique : c’est donc la génétique qui serait alors la cause principale du développement ou non d’une « marche allergique » avec peut-être d’autres facteurs associés non identifié.

Cette étude est donc une première étape qui devrait conduire à un nouveau travail portant sur la modification de ce premier biberon chez le nouveau né accouché par césarienne. Cela permettrait de faire la part entre une sensibilisation précoce par voie orale et un défaut de protection par absence de contact avec des germes protecteurs.

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