Le fermier, ses vaches et le pollen, vachement protecteur, évidemment…

jeudi 2 juillet 2009 par Dr Hervé Couteaux842 visites

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Le fermier, ses vaches et le pollen, vachement protecteur, évidemment…

Le fermier, ses vaches et le pollen, vachement protecteur, évidemment…

jeudi 2 juillet 2009, par Dr Hervé Couteaux

Depuis la chute du mur de Berlin en 89, les études se sont multipliées pour tenter de préciser le rôle de l’environnement dans la survenue des maladies allergiques, sans que l’on arrive à des conclusions formelles, encore à l’heure actuelle.
Environnement ou génétique (plutôt épigénétique) ? Qu’est-ce qui compte vraiment ?

Rôle des niveaux élevés de pollens de Graminées dans les exploitations laitières européennes : un effet protecteur de l’environnement contre les maladies allergiques ? : B. Sudre 1 , M. Vacheyrou 1 , C. Braun-Fahrländer 2 , A.-C. Normand 1 , M. Waser 2 , G. Reboux 1 , P. Ruffaldi 1 , E. von Mutius 3 , R. Piarroux 1,4 and the PASTURE study group*

1 CNRS-Université de Franche-Comté/UMR 6249 Laboratoire Chrono-environnement, France ; 2 Institute of Social and Preventive Medicine, University of Basel, Switzerland ; 3 University of Munich, University Children’s Hospital, Germany ; 4 University hospital de la Timone, Parasitology and mycology laboratory, Marseille, France

dans Allergy
Volume 64 Issue 7, Pages 1068 - 1073

 Contexte :

  • Il existe des preuves de l’effet protecteur de l’allergie chez les enfants élevés dans la ferme.
  • On a supposé que l’exposition microbienne pouvait être à l’origine de cette protection.
  • Toutefois, dans la ferme, peu d’attention a été accordée au niveau d’exposition aux pollens et à l’exposition microbiologique concomitante.
  • De plus, les concentrations de pollen à l’intérieur des bâtiments n’ont jamais été précisément quantifiées.

 Méthodes :

  • La cinétique des pollens dans des fermes laitières a été étudiée dans une étude pilote (n = 9), et l’exposition dans un sous-échantillon de la cohorte de naissance en cours (PASTURE) au niveau européen (n = 106).
  • Les mesures de micro-organismes viables et de pollen ont été effectuées dans des échantillons d’air ambiant.
  • Pour identifier les facteurs qui modulent la concentration de pollen, des analyses de régression multivariées ont été effectuées.

 Résultats :

  • Les pollens d’intérieur (95% des fragments de Poacées et de grains de céréales) ont été significativement plus élevée en hiver qu’en été (P = 0,001) et variaient de 858 à 11 265 éléments/m3 durant la période d’alimentation en hiver, ce qui dépasse les niveaux habituels constatés en plein air pendant la saison pollinique.
  • La moyenne géométrique dans les fermes françaises a été significativement plus élevée que dans les fermes allemandes et suisses (respectivement 7 534, 992 et 1 079 éléments/m3).
  • La présence d’un système de ventilation et de systèmes de stabulation libre a sensiblement réduit les niveaux de pollen à l’intérieur.
  • Cette concentration de pollen augmentait après la distribution des aliments et était accompagnée par une augmentation des niveaux de moisissure et d’actinomycètes, tandis que la concentration de bactéries n’était pas corrélée à l’alimentation.

 Conclusion :

  • Les agriculteurs et leurs enfants qui fréquentent les étables pendant la distribution de l’alimentation sont exposés à de fortes concentrations de pollen tout au long de l’année.
  • On peut faire l’hypothèse que l’exposition conjointe et permanente d’une part à des microbes liés au bétail et d’autre part à des pollens de Graminées peut initier une tolérance chez les enfants vivant à la ferme.

La conclusion de cette étude est une hypothèse : tenant pour acquis que la vie à la ferme est protectrice de l’allergie, les auteurs suggèrent que cette protection est liée à l’exposition perannuelle constatée, tant microbienne que pollinique.

Première remarque : l’hypothèse de départ, tenante de la théorie hygiéniste, est peut être hasardeuse : l’effet protecteur de la vie à la ferme ne paraît pas si certain que cela, les études réalisées dans ce domaine ayant des résultats hétérogènes…

  • L’accent est parfois mis sur la protection induite par la consommation de lait de vache cru
  • Ailleurs, ce sont les endotoxines, mais avec des résultats peu consistants…
  • Pour beaucoup d’études, pas de démonstration du lien de cause à effet
  • Ici, la présence d’animaux est protectrice, ailleurs pas du tout…
  • Pour une même exposition on peut avoir des effets très différents, voir opposés selon les individus ou selon la chronologie de ces expositions…

La seule conclusion indiscutable de cette étude, c’est qu’il y a, pour les habitants des fermes, et notamment des exploitations laitières, une exposition perannuelle pollinique et microbienne.

Les auteurs nous parlent d’une exposition perannuelle, mais dans de nombreuses exploitations, les vaches restent à l’étable les mois d’hiver tandis qu’elles pâturent à l’extérieur le reste de l’année, n’étant rentré à l’étable que pour la traite ; cela devrait correspondre à des expositions différentes dont il n’est pas fait mention ici…

Conclurons-nous avec Adnan Custovic (EAACI 2009) qu’en matière d’allergie la prédisposition génétique doit être prise en compte lors de l’établissement des effets environnementaux et notamment de l’exposition aux allergènes ?...

Le manque de rigueur de cette étude ne permet guère de conclure, dans quelque sens que ce soit…

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