Faut-il parasiter les asthmatiques et les atopiques pour qu’ils aillent mieux ?

vendredi 23 octobre 2009 par Dr Philippe Carré723 visites

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Faut-il parasiter les asthmatiques et les atopiques pour qu’ils aillent mieux ?

Faut-il parasiter les asthmatiques et les atopiques pour qu’ils aillent mieux ?

vendredi 23 octobre 2009, par Dr Philippe Carré

Les études épidémiologiques suggèrent que l’infection à ankylostome pourrait protéger contre l’asthme. Mais il faut s’assurer, avant de tester cette hypothèse, que l’infection n’entraîne pas d’augmentation de l’HRB ni de recrudescence des symptômes chez des patients allergiques, ce qui était le but de cette étude.

Tolérance de l’infection à ankylostome chez des sujets ayant une hyperréactivité bronchique mesurable : étude de faisabilité randomisée contre placebo. : J. Feary * , A. Venn * , A. Brown † , D. Hooi † , F. H. Falcone † , K. Mortimer ‡ , D. I. Pritchard † and J. Britton *

* Division of Epidemiology and Public Health, University of Nottingham, † School of Pharmacy, University of Nottingham and ‡ Division of Respiratory Medicine, University of Nottingham, UK

dans Clinical & Experimental Allergy
Volume 39 Issue 7, Pages 1060 - 1068

 Contexte :

  • Les études épidémiologiques suggèrent que l’infection à ankylostome protège contre l’asthme
  • Cependant, pour des raisons éthiques et de sécurité, avant de tester cette hypothèse dans un essai clinique sur l’asthme, il est nécessaire de savoir si l’infection expérimentale à ankylostome pourrait exacerber l’hyperréactivité bronchique (HRB) pendant la migration larvaire pulmonaire.

 Objectif :

  • Déterminer si la migration larvaire à ankylostome dans les poumons augmente l’HRB chez des sujets allergiques ayant une HRB sans symptôme d’asthme, et étudier la tolérance globale de l’infection et son effet sur les symptômes allergiques.

 Méthodes :

  • 30 sujets ayant une rhinoconjonctivite allergique (RCA) et une HRB mesurable à l’adénosine monophosphate (AMP) mais sans asthme clinique, ont été randomisés en double-aveugle pour recevoir par voie sous-cutanée ou bien 10 larves d’ankylostome ou bien un placebo d’histamine, et ils ont été suivis pendant 12 semaines
  • Le critère principal était la chute maximale, à partir de l’état basal, de la dose provoquée d’AMP inhalée pour réduire de 10% (PD10AMP) le VEMS mesuré à n’importe quel moment sur les 4 semaines après l’infection active ou le placebo
  • Les critères secondaires incluaient la variation de DEP pendant les 4 semaines après l’infection, la sévérité des symptômes de RCA et les scores journaliers des effets secondaires sur la période d’étude de 12 semaines, et les changements dans les réponses des tests cutanés allergiques entre l’état basal et la 12° semaine.

 Résultats :

  • La moyenne maximale de changement de la PD10AMP à partir de la valeur de base était légèrement plus grande, mais de façon non significative, dans le groupe ankylostome que dans le groupe placebo (doses de doublement -1.67 et -1.16 ; différence moyenne -0.51, IC 85% : -1.80 à 0.78, p=0.)
  • Les scores de symptômes des effets secondaires potentiels étaient rapportés de façon commune dans le groupe ankylostome, mais l’infection était généralement bien tolérée
  • Il n’y avait pas de différence significative dans les variations du DEP, les symptômes de rhinoconjonctivite ou la réponse aux tests cutanés entre les groupes.

 Conclusion :

  • L’infection à ankylostome n’entraînait pas d’exacerbation cliniquement significative de la réactivité des voies aériennes, et était bien tolérée
  • Des essais cliniques appropriés sont maintenant indiqués pour déterminer l’efficacité clinique de l’infection à ankylostome dans la rhinoconjonctivite allergique et dans l’asthme.

Chez 30 sujets ayant une RCA et une HRB, les auteurs ont injecté en sous-cutané des larves d’ankylostome ou un placebo d’histamine, en double-aveugle.

Au bout de 12 semaines, ils ont étudié la dose d’AMP inhalée permettant de diminuer de 10% le VEMS (PD10AMP), ainsi que les variations du DEP, les scores de symptômes et d’effets secondaires, et les variations des tests cutanés entre le début et la fin de l’étude.

La PD10AMP n’était pas significativement plus grande dans le groupe infecté que dans le groupe placebo, l’infection était bien tolérée, et il n’y avait pas de différence significative entre les 2 groupes dans les variations du DEP, ni dans les scores de RCA ou les résultats des tests cutanés.

Les auteurs concluent que l’infection expérimentale à ankylostome, chez des patients atopiques ayant une HRB, ne modifie pas la réactivité des voies aériennes ni les symptômes d’allergie, et qu’elle est bien tolérée.

Ces arguments suffisent pour eux à envisager la possibilité de débuter des essais cliniques afin de déterminer si l’infection à ankylostome pourrait avoir une efficacité clinique dans la prévention de l’asthme et des manifestations cliniques d’atopie, comme des études épidémiologiques ont pu le faire penser.

Même s’il apparaît que les patients vivant en zone parasitée et exposés à une infection à ankylostome ont une prévalence moins grande d’asthme et d’atopie, il paraît difficile de penser que des applications cliniques chez des sujets non parasités puissent avoir une pertinence particulière en terme de prévention d’asthme et d’atopie, sans que se posent des problèmes éthiques quant à la manipulation de tels agents infectieux chez l’homme non exposé de façon endémique. Même si le concept reste intéressant.

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