L’allergie croisée : en clinique c’est du pipeau pour les 4/5 des patients ! ! !

dimanche 6 octobre 2002 par Dr Stéphane Guez5027 visites

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L’allergie croisée : en clinique c’est du pipeau pour les 4/5 des patients ! ! !

L’allergie croisée : en clinique c’est du pipeau pour les 4/5 des patients ! ! !

dimanche 6 octobre 2002, par Dr Stéphane Guez

Tous les jours ou presque, on propose aux cliniciens de nouveaux tableaux indiquant pour chaque aliment ceux qui peuvent croiser et donc entraîner éventuellement une nouvelle réaction aux patients. Faut-il interdire tous les aliments qui peuvent croiser au risque de rendre la vie insupportable aux allergiques ?

Réaction à des aliments pouvant potentiellement croiser chez des patients allergiques aux fruits :implication dans la prescription du régime d’éviction. : Crespo JF, Rodriguez J, James JM, Daroca P, Reano M, Vives R.Servicio de Alergia, Hospital Universitario Doce de Octubre, Madrid, Spain ; The Colorado Allergy and Asthma Centers, Fort Collins, CO, USA. dans Allergy 2002 Oct ;57(10):946-9

La prescription thérapeutique d’une éviction alimentaire chez les patients allergiques aux fruits doit inclure des recommandations sur les aliments de la même famille ou d’autres familles qui puissent être mangées sans risques. Mais les données sur la conduite à tenir face à ces allergies aux fruits sont pauvres : aussi les restrictions peuvent varier, allant de la simple élimination du fruit en cause à l’éviction de la famille botanique complète.

 Les objectifs de ce travail ont été : d’évaluer la réactivité croisée clinique possible chez des patients allergiques aux fruits, et l’implication des résultats de cette recherche dans la prescription d’une éviction thérapeutique spécifique.

 Méthodes : 65 patients adultes ayant une allergie à un ou plusieurs fruits ont été étudiés à la recherche d’une allergie IgE à d’autres aliments qui pourraient contenir des allergènes croisés.
*1) Ceux qui avaient une allergie aux rosacées (pêche, pomme, abricot, prune et amande) ont eu des prick-tests, des dosages d’IgE spécifiques (CAP-system Pharmacia), des tests de provocation avec tout le groupe des rosacées.
*2) Pour ceux ayant une allergie à d’autres fruits (châtaigne, melon, banane, kiwi, et avocat) la réactivité clinique et immunologique a été étudié pour ces 5 aliments.
*3) Comme des patients de l’étude avaient également une allergie clinique à certains aliments de la famille des noix ou des légumes (noix, tournesol, noisette, pistache, cacahuète), la famille entière a été étudiée.

 Résultats :
*34 des patients testés (52%) ont une allergie clinique à plus d’un fruit, avec 125 réactions chez les 65 patients.
*La pêche, le melon, le kiwi la pomme, et la banane sont responsables de 72% des réactions.
*42 (65%) des patients sont sensibilisés aux pollens avec une rhinite et/ou un asthme saisonnier.
*18 (28%) sont sensibilisés au latex.
*Les 65 patients ont eu 351 tests additionnels en prick et une recherche d’allergie croisée IgE par dosage biologique. 223 (64%) de ces résultats sont positifs.
*Le test de provocation alimentaire avec les aliments croisés a permis de mettre en évidence 18 réactions chez 14 (22%) des 65 patients (7 fois avec avocat, 3 fois avec l’abricot, 1 fois avec la plume, 1 fois avec l’amande et la cacahuète, 1 fois avec banane et noisette, avocat, banane et kiwi (dans 1 cas).
*Seulement 8% (18/223) des résultats positifs en prick-tests ou des dosages d’IgE spécifiques > à 0,35 kUA/l pour des aliments pouvant croiser sont cliniquement signifiants.

 Conclusion : Une restriction alimentaire portant d’emblée sur la totalité de la famille des fruits en cause ou seulement sur les résultats des tests pratiqués aurait conduit à une éviction non nécessaire pour 205 aliments chez les 65 patients étudiés. L’absence de test de provocation réalisés en routine avec les fruits apparentés n’aurait conduit qu’à 18 réactions chez donc environ 1/5 des patients.


Ainsi, cette étude confirme l’impression clinique d’une nette surestimation des allergies alimentaires croisées.

Les tests cutanés et les dosages biologiques d’IgE spécifiques ne sont d’aucune aide et confirment donc qu’ils sont les témoins d’une sensibilisation et non d’une allergie.

La pratique des tests de provocation alimentaire semble de plus en plus une étape diagnostique indispensable pour confirmer ou non ces allergies croisées. Mais il faudrait pour cela disposer de centres pouvant réaliser rapidement ces tests de provocation pour de nombreux patients : cette étude est Espagnole, l’Allergologie y est une spécialité à part entière, cela explique sans doute qu’il existe des centres spécialisés qui puissent remplir entre autre cette mission.

En attendant il faut rester très circonspect dans l’éviction alimentaire proposée aux patients et ne, vraisemblablement, pas rechercher d’allergies croisées en l’absence d’orientation clinique. ( Ou ne les rechercher que si l’on est certain de pouvoir faire ensuite des tests de provocation per os ).

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