Les enfants allergiques ont du nez pour certains virus.

lundi 22 novembre 2010 par Dr Philippe Carré401 visites

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Les enfants allergiques ont du nez pour certains virus.

Les enfants allergiques ont du nez pour certains virus.

lundi 22 novembre 2010, par Dr Philippe Carré

La sensibilisation allergique est associée chez les enfants aux sifflements induits par les rhinovirus, mais pas par les autres virus. : Jartti, T., Kuusipalo, H., Vuorinen, T., Söderlund-Venermo, M., Allander, T., Waris, M., Hartiala, J. and Ruuskanen, O. (2010),

Allergic sensitization is associated with rhinovirus-, but not other virus-, induced wheezing in children.

dans Pediatric Allergy and Immunology, 21 : 1008–1014. doi : 10.1111/j.1399-3038.2010.01059.x

 Contexte :

  • Les données sur le lien entre atopie et sifflements d’origine virale sont limitées.

 But de l’étude :

  • Evaluer l’association entre la sensibilisation IgE dépendante et les infections virales chez les enfants siffleurs.

 Méthodes :

  • Il s’agit d’une étude observationnelle chez des enfants siffleurs hospitalisés (n=247 ; âge médian 1.6 ; écart a 4è quartile 1.1-2.9)
  • 18 infections virales respiratoires ont été étudiées en utilisant toutes les méthodes disponibles
  • Ont été corrélés avec l’étiologie virale spécifique :
    • la sensibilisation spécifique à IgE pour les allergènes alimentaires et les aéroallergènes communs
    • et d’autres variables reliées à l’atopie, incluant les IgE totales, les éosinophiles sanguins et nasaux, le NO exhalé, l’eczéma atopique ou non, l’allergie et l’asthme parentaux, le nombre d’épisodes de sifflements, l’index prédictif positif d’asthme ou l’asthme, et l’utilisation de corticoïdes inhalés.

 Résultats :

  • L’atopie était étroitement associée avec l’infection isolée à rhinovirus (n=58), mais pas avec les infections isolées à VRS, à entérovirus, à bocavirus humain, à un autre virus, à une infection virale mixte ou à l’absence de virus
  • Le nombre de sensibilisations était particulièrement associé avec l’infection isolée à rhinovirus (odds ratio 4.59 ; IC à 95% : 1.78-11.8, ajusté sur l’âge et le sexe), suivi par la sensibilisation aux aéroallergènes (OR 4.18 ; IC 2-8.72), le taux des IgE totales (OR 2.06 ; IC 1.32-3.21), la sensibilisation aux allergènes alimentaires (2.02 ;IC 1.08-3.78), et le compte des éosinophiles nasaux (OR 1.52 ; IC 1.08-2.13).

 Conclusion :

  • En fonction de ces résultats, la sensibilisation allergique est reliée positivement aux sifflements associés aux infections à rhinovirus – mais pas aux autres virus-, et requiert l’attention dans les études, afin de tester les sifflements associés aux rhinovirus en tant que partie prenante dans les indices de risque d’asthme.

Les sifflements aigus chez l’enfant sont presque exclusivement associés aux infections respiratoires virales, et les rhinovirus sont reconnus comme un facteur de risque d’asthme chez les enfants siffleurs.

Par ailleurs, l’atopie est un facteur de risque important d’asthme infantile.

Ces données ont amené les auteurs à étudier le lien entre la sensibilisation allergique et d’autres facteurs d’atopie, et les infections respiratoires virales chez des enfants hospitalisés pour sifflements.

Cette étude observationnelle chez 247 enfants siffleurs hospitalisés, d’âge médian 1.6 an, a permis de détecter 18 infections virales respiratoires. Ont été étudiés :

  • l’étiologie virale spécifique (par méthodes conventionnelles et PCR virale)
  • la sensibilisation à IgE pour les allergènes alimentaires et respiratoires
  • des critères d’atopie : IgE totales, éosinophiles sanguins et nasaux, NO exhalé, l’eczéma, allergie et l’asthme parentaux, épisodes de sifflements, existence d’un asthme
  • l’utilisation de corticoïdes inhalés.

Les résultats montrent que :

  • l’atopie était associée avec l’infection isolée à rhinovirus, mais pas avec les infections isolées à VRS ou un autre virus, qu’elles soient isolées ou mixtes
  • le nombre de sensibilisations était associé surtout à l’infection isolée à rhinovirus, suivie par la sensibilisation aux aéroallergènes, le taux des IgE totales, la sensibilisation alimentaire et le compte des éosinophiles nasaux.

Un biais pourrait venir du fait que le diagnostic viral reposait essentiellement sur la PCR, et que la grande sensibilité de ce test pourrait détecter une infection aigue, mais aussi des traces résiduelles d’une infection ancienne ; mais la présence du rhinovirus était corrélée à la sévérité de l’infection.

Plusieurs mécanismes peuvent expliquer le lien entre atopie et infection à rhinovirus :

  • l’inflammation atopique peut augmenter l’expression du récepteur majeur du rhinovirus
  • la polarisation TH2 en rapport avec l’atopie pourrait contrecarrer la réponse immune TH1 et diminuer la synthèse d’interféron gamma, augmentant ainsi la susceptibilité aux rhinovirus
  • les sifflements associés aux infections à rhinovirus augmentent avec l’âge, comme l’atopie.

Si la sensibilisation allergique est corrélée aux sifflements associés aux infections à rhinovirus, celles-ci pourraient être un facteur de risque d’asthme, dont il faudrait tenir compte dans les études épidémiologiques et cliniques.

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