Une désensibilisation pour traiter la dermatite atopique ?

mardi 5 avril 2011 par Dr Céline Palussière2230 visites

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Une désensibilisation pour traiter la dermatite atopique ?

Une désensibilisation pour traiter la dermatite atopique ?

mardi 5 avril 2011, par Dr Céline Palussière

Immunothérapie sous-cutanée par extrait de pollen polymérisé et dépigmenté : une nouvelle approche thérapeutique pour les patients atteints de dermatite atopique. : Natalija Novaka, Diamant Thacib, Matthias Hoffmannc, Regina Fölster-Holstd, Thilo Biedermanne, Bernhard Homeyf, Knut Schaekelg, Josef A. Stefanh, Thomas Werfeli, Thomas Biebera, Angelika Sagerj, Torsten Zuberbierk

dans Int Arch Allergy Immunol 2011 ;155:252-256 (DOI : 10.1159/000320058)

 Contexte :

  • Le pollen de bouleau est un important allergène extérieur capable d’aggraver les symptômes de dermatite atopique (DA).
  • L’immunothérapie spécifique (ITS), un procédé établi pour le traitement des allergies respiratoires, pourrait aussi représenter, chez ces patients, une option thérapeutique intéressante de traitement curatif des symptômes cutanés causés par ces allergènes.
  • Des études de désensibilisation aux acariens domestiques ont déjà montré des effets bénéfiques chez les patients atteints de DA, alors que la sécurité et l’efficacité de l’ITS avec des extraits de pollen de bouleau chez les patients atteints de DA n’a pas encore été étudiée.

 Objectifs :

  • Le but de cette étude était d’évaluer pour la première fois la sécurité et l’efficacité de l’ITS avec un extrait de pollen de bouleau dépigmenté et polymérisé, chez des sujets atteints de DA.

 Méthodes :

  • Cinquante-cinq patients adultes avec une DA modérée à sévère et une sensibilisation cliniquement relevante au pollen de bouleau ont reçu une ITS pendant 12 semaines.
  • L’ITS était était menée pendant la saison de pollinisation du bouleau.
  • L’évaluation de la sécurité, la valeur totale du SCORAD et l’index de Qualité de Vie Dermatologique (DLQI) étaient analysés.

 Résultats :

  • La médiane du SCORAD total était réduite de 34% (p<0,001) en cours de traitement et l’index DLQI amélioré de 49% (p<0,001) en dépit d’une exposition forte simultanée aux pollens de bouleau.
  • Huit patients (14,5%) ont présenté des réactions systémiques et 19 patients (34,5%) ont présenté des réactions locales, d’intensité légère dans la plupart des cas.
  • Aucun patient n’a interrompu l’étude prématurément en raison de réactions médicamenteuse adverse.
  • Le traitement co-saisonnier était bien toléré.

 Conclusion :

  • L’ITS avec un extrait de pollen de bouleau dépigmenté et polymérisé apporte une amélioration significative des valeurs du SCORAD et du DLQI pour les patients souffrant d’une DA modérée à sévère sensibilisés au pollen de bouleau.

Les indications actuelles de l’immunothérapie spécifique se limitent actuellement aux formes respiratoires de l’allergie : la rhinite et l’asthme. Les progrès en ce domaine, et notamment la transformation des allergènes, pourraient permettre d’en élargir les applications, notamment pour les manifestations cutanées de l’allergie.

Les auteurs allemands de cette étude ont ainsi utilisé un extrait allergénique de bouleau dépigmenté et polymérisé, afin d’en limiter les effets secondaires lors de leur administration par voie sous-cutanée.

Ils ont mené un protocole relativement différent de celui habituellement proposé dans les allergies respiratoires : une administration pendant 12 semaines seulement, au cours de la saison pollinique du bouleau.

Les patients, atteints de DA et sensibilisés au bouleau, ont vu leur SCORAD diminuer et leur score d’évaluation de la qualité de vie augmenter au cours de ce traitement, sans effet secondaire grave.

Il n’est pas fait mention dans cette étude de la rémanence des résultats, ni de la suite envisagée au traitement : une immunothérapie SC à chaque saison pollinique ? Les indications se limiteraient alors certainement aux DA particulièrement sévères... On est donc encore bien dans le domaine de la recherche... mais les choses avancent !

Cette étude offre une preuve que toutes les manifestations d’ordre allergique sont liées, et qu’il est artificiel de vouloir séparer le respiratoire du cutané.

Quoi qu’il en soit, ces travaux permettent d’élargir le champ d’utilisation de cet outil thérapeutique passionnant qu’est l’immunothérapie. Le proposer aux sujets souffrant de dermatite atopique, c’est leur offrir de nouvelles perspectives de traitement, qui reste malheureusement le plus souvent confiné actuellement à une approche symptomatique.

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