La marche de l’atopie est longue.

vendredi 8 juillet 2011 par Dr Alain Thillay801 visites

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La marche de l’atopie est longue.

La marche de l’atopie est longue.

vendredi 8 juillet 2011, par Dr Alain Thillay

Eczéma infantile et rhinite prédisent l’atopie mais pas l’asthme non atopique de l’adulte : étude prospective de cohorte sur plus de quatre décades. : Pamela E. Martin, Melanie C. Matheson, Lyle Gurrin, John A. Burgess, Nicholas Osborne, Adrian J. Lowe, Stephen Morrison, Désirée Mészáros, Graham G. Giles, Michael J. Abramson, E. Haydn Walters, Katrina J. Allen, Shyamali C. Dharmage

dans The Journal of Allergy and Clinical Immunology - June 2011 (Vol. 127, Issue 6, Pages 1473-1479.e1, DOI : 10.1016/j.jaci.2011.02.041)

 Contexte :

  • Les preuves, pour déterminer si la marche de l’atopie observée dans l’enfance (par exemple, la progression de l’eczéma à la rhinite allergique et à l’asthme) s’étend à l’âge adulte, sont rares, et, de plus, il n’en existe aucune pour montrer que cette progression conduise à un phénotype particulier d’asthme.

 Objectif :

  • Nous avons cherché à évaluer si l’eczéma infantile et la rhinite sont des facteurs de risque de phénotypes spécifiques de l’asthme de l’adulte.

 Méthodes :

  • Les participants de l’étude longitudinale sur la santé de Tasmanie recrutés en 1968 (tranche d’âge, de 6 à 7 ans) ont été suivis à l’âge de 44 ans.
  • Le risque d’asthme atopique ou non atopique actif à l’âge moyen caractérisé par la sensibilisation aux aéroallergènes dans un contexte d’eczéma infantile, de rhinite, ou des deux, a été calculé en utilisant la régression logistique multinomiale.

 Résultats :

  • Aucune association n’a été trouvée entre l’eczéma infantile ou la rhinite et l’asthme de l’adulte non atopique.
  • En revanche, la combinaison de l’eczéma infantile et de la rhinite prédit à la fois l’asthme atopique d’apparition récente à l’âge moyen (OR ajusté multinomiale ou ORam, 6,3, IC 95%, 1,7 à 23,2) et la persistance de l’asthme infantile à l’asthme atopique de l’adulte (ORam, 11,7, IC 95%, de 3,6-37,9).
  • Les participants ayant eu que de l’eczéma infantile avaient un risque accru de survenue d’asthme atopique (ORam, 4,1, IC 95%, 1,9-8,8), tandis que la rhinite seule prédisait la persistance de l’asthme infantile à l’asthme atopique (ORam, 2,7, IC 95%, 1,3-5,6).
  • De tous les cas d’asthme, 29,7% d’asthme atopique persistant et 18,1% des nouveaux cas d’asthme atopique pouvaient être attribués au fait d’avoir eu de l’eczéma infantile et de la rhinite.

 Conclusion :

  • Eczéma infantile et rhinite sont fortement associés à l’incidence et à la persistance de l’asthme atopique de l’adulte.

Si la marche de l’atopie paraît bien être l’apanage de l’enfance qu’en est-il de ses conséquences et du phénotype de l’asthme, à l’âge adulte ?

C’est le débat qu’ouvre cette intéressante étude australienne qui ne fait pas qu’enfoncer des portes ouvertes comme le laisserait croire son titre.

Les auteurs ont eu recours à une étude longitudinale sur la santé pratiquée en Tasmanie, île d’Océanie et état australien, sur une durée de quarante ans, les enfants étant recrutés entre 6 et 7 ans et revus jusqu’à 44 ans.

Le risque d’asthme allergique ou non était évalué chez les sujets ayant eu eczéma atopique et/ou rhinite ; le caractère allergique étant évalué par la recherche d’une IgE réactivité aux aéroallergènes.

Les résultats paraissent clairs.

Pas de lien entre asthme non atopique à l’âge adulte et eczéma infantile ou rhinite.

Par contre, l’association eczéma infantile et rhinite est en relation avec l’asthme allergique aussi bien persistant (29,7% de tous les cas d’asthme) depuis l’enfance que d’apparition plus récente par rapport à l’âge de 44 ans (18,1%).

Ainsi, à 44 ans, près de 50% des asthmes sont d’origine allergique.

Autres remarques intéressantes, à considérer uniquement l’eczéma atopique, il y a association à un risque plus important de voir survenir plus tardivement un asthme allergique alors qu’à considérer la rhinite seule le lien est avec un risque accru d’asthme allergique persistant.

Cela suggère fortement, donnée que l’on retrouve ailleurs, que la rhinite allergique fait le lit de l’asthme allergique dans une sorte de continuum.

Ces constations ne font que confirmer ce que tous les allergologues vivent au jour le jour, toutefois, cette étude ne fait que confirmer que la marche de l’atopie se poursuit chez l’adulte.

Le critère d’âge n’est pas un argument pour se contenter de traiter symptomatiquement un patient de 44 ans victime d’un asthme de novo.

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