Bactéries et PNS = association de malfaiteurs !

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Bactéries et PNS = association de malfaiteurs !

Bactéries et PNS = association de malfaiteurs !

mardi 27 septembre 2011, par Dr Alain Thillay

Association colonisation bactérienne et modèle inflammatoire chez des patients chinois atteints de rhinosinusite chronique et de polypes nasaux. : Ba, L., Zhang, N., Meng, J., Zhang, J., Lin, P., Zhou, P., Liu, S. and Bachert, C. (2011),

The association between bacterial colonization and inflammatory pattern in Chinese chronic rhinosinusitis patients with nasal polyps.

dans Allergy, 66 : 1296–1303. doi : 10.1111/j.1398-9995.2011.02637.x

 Contexte :

  • La rhinosinusite chronique associée à la polypose nasale (RSC+PNS) peut être subdivisée selon les modèles inflammatoires de la muqueuse.
  • En Chine continentale, en dehors des polypes positifs pour l’interleukine 5 (IL-5) et de ceux positifs pour l’IL-17, un grand groupe de patients présentant des polypes négatifs pour IL-5/IL-17/interféron-gamma (IFN), (dénommés polypes cytokines clé négatives (CCN) peut être retrouvé.

 Objectif :

  • Approfondir l’étude des polypes CCN et évaluer les associations entre la colonisation bactérienne et le profil inflammatoire de la muqueuse des polyposes CCN vs les polypes nasaux positifs pour IL-5.

 Méthodes :

  • Des polypes nasaux ou des tissus, produit de turbinectomie, ont été obtenus chez 89 patients chinois atteints de RSC+PNS et 36 sujets témoins non atopiques lors de la chirurgie.
  • Les échantillons sans et après exposition à l’entérotoxine B de Staphylococcus aureus (SEB) ont été traités afin d’évaluer les cytokines pro-inflammatoires et les médiateurs par dosage immunologique.
  • Avant la chirurgie, des écouvillonnages nasaux ont été pratiqués chez chaque patient pour l’évaluation microbiologique.

 Résultats :

  • Globalement, 80% des tissus des polypes n’exprimaient pas d’IL-5, avec environ 70% (49/71) des polypes de type CCN.
  • Les polypes nasaux de type CCN ont été caractérisés par la synthèse des médiateurs favorisant l’inflammation neutrophilique (myéloperoxydase (MPO), IL-1β, IL-6 et IL-8), tandis que les polypes positifs pour l’IL-5 ont été caractérisés par la synthèse des médiateurs promouvant l’inflammation à éosinophiles (IL-5, ECP, les IgE totales et les IgE spécifiques de SE).
  • Les polypes nasaux de type CCN étaient associés à une plus grande charge bactérienne à Gram-négatif par rapport aux témoins, tandis que les polypes positifs pour l’IL-5 étaient associés à une plus grande colonisation bactérienne Gram-positif vs polypes contrôles et polypes de type CCN.

 Conclusion :

  • Nos résultats suggèrent que les bactéries colonisant les polypes nasaux de patients atteints de rhinosinusite chronique associée à la polypose nasosinusienne pourraient influencer ou être déterminées par la présence ou l’absence d’IL-5.

Voici une étude chinoise qui attirera l’attention de l’allergologue. Le sujet, bien que n’étant pas purement allergologique, puisqu’il s’agit de la caractérisation du modèle inflammatoire de la polypose nasale en fonction de la colonisation bactérienne, nous renvoie à cette intrication allergie et polypose nasosinusienne que nous rencontrons assez souvent et qui est à l’origine de nombreuses interrogations.

C’est là tout l’intérêt de ce travail qui permet de mieux connaître la polypose nasosinusienne.

Ici, il s’agit de l’association rhinosinusite chronique et PNS et des différents modèles inflammatoires des polypes en fonction du contexte infectieux.

La lecture du texte intégral de l’étude permet d’apporter quelques précisions méthodologiques.

L’évaluation de la synthèse de cytokines sous l’action de la SEB a été faite sur des échantillons frais de polypes obtenus chez neuf patients IL-5 positifs et onze patients CCN sélectionnés parmi des sujets atteints de RSC+PNS.

Les résultats confirment, en Chine continentale, parmi les patients souffrant de RSC+PNS, une grande proportion (80%), n’exprime pas l’IL-5 au niveau des tissus de leurs polypes.

Dans cette population, 70% n’expriment pas l’IL-17 ou l’interféron-gamma, ce qui correspond bien au type CCN.

Il s’agirait de la première étude qui démontre que les patients atteints de RSC+PNS, dont les polypes expriment ou pas l’IL-5, sont plus fréquemment colonisés par des bactéries que les patients qui non pas de polypose et que les différents types de colonisation seraient associés à l’absence ou à la présence d’IL-5 dans les polypes de ces patients.

Ainsi, la positivité pour IL-5 est associée à une prédominance de germes Gram-positif, ce qui n’est pas le cas pour la négativité de l’IL-5 et plus particulièrement dans le groupe CCN.

Dans un tiers des cas des polypes IL-5 positifs, la présence d’IgE spécifiques des superantigènes staphylococciques est démontrée ce qui confirme les données antérieures.

Comme nous pouvons le constater, la cohabitation des facteurs de l’inflammation et de l’environnement bactérien entretient des rapports compliqués entre ces différents acteurs.

D’autres travaux seront donc nécessaires pour préciser l’interaction entre microbiome et réponse immune muqueuse ; c’est ce que se propose de faire dans l’avenir cette brillante équipe chinoise.
Nous attendons la suite avec impatience.

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