Retarder l’introduction de certains aliments pour réduire le risque d’eczéma et de sifflements : mythe ou réalité ?

jeudi 17 novembre 2011 par Dr Cécilia Nocent527 visites

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Retarder l’introduction de certains aliments pour réduire le risque d’eczéma et de sifflements : mythe ou réalité ?

Retarder l’introduction de certains aliments pour réduire le risque d’eczéma et de sifflements : mythe ou réalité ?

jeudi 17 novembre 2011, par Dr Cécilia Nocent

Introduction des aliments allergéniques et apparition de sifflements et d’eczéma dans l’enfance. : Ilse I. M. Tromp, MSc ; Jessica C. Kiefte-de Jong, RD, MSc ; Ankie Lebon, PhD ; Carry M. Renders, PhD ; Vincent W. V. Jaddoe, MD, PhD ; Albert Hofman, MD, PhD ; Johan C. de Jongste, MD, PhD ; Henriëtte A. Moll, MD, PhD

dans Arch Pediatr Adolesc Med. 2011 ;165(10):933-938. doi:10.1001/archpediatrics.2011.93

 Objectifs :

  • Examiner si le moment de l’introduction d’aliments allergéniques comme le lait de vache, les œufs de poule, la cacahuète, les fruits à coque, le soja, et le gluten est associé à l’eczéma et aux sifflements chez des enfants de 4 ans ou moins.

 Méthode :

  • Il s’agit d’une étude prospective de cohorte suivant une population de la vie foetale à l’âge adulte jeune.

  Cadre :

  • Rotterdam (Pays bas), d’avril 2002 à Janvier 2006.

  Participants :

  • Un total de 6905 enfants d’âge préscolaire participent à l’étude Génération R.

  Expositions principales :

  • Le moment de l’introduction du lait de vache, des œufs de poule, des cacahuètes, des fruits à coque, du soja et du gluten est recueilli par des questionnaires à l’âge de 6 et 12 mois.

 Principaux résultats mesurés :

  • Les informations concernant l’apparition d’un eczéma et de sifflements sont obtenues grâce aux questions issues du questionnaire de l’ « Étude internationale sur l’asthme et les allergies dans l’enfance » et grâce aux diagnostics d’eczéma portés par un médecin et rapportés par les parents.

  Résultats :

  • Sur les 6905 enfants, les sifflements sont rapportés chez 31% des enfants de 2 ans et chez 14% des enfants de 3 et 4 ans. L’eczéma est rapporté chez 38%, 20% et 18% des enfants de 2, 3, et 4 ans respectivement.
  • L’introduction du lait de vache, d’œufs de poule, de cacahuètes, de fruits à coque, de soja et de gluten avant l’âge de 6 mois n’est pas associée significativement à l’existence d’un asthme ou de sifflements à ces 3 âges après ajustement sur les facteurs confondants (p>0.10 pour toutes les comparaisons). Les résultats ne sont pas modifiés après stratification sur l’histoire d’allergie au lait de vache de l’enfant et sur l’histoire parentale d’atopie.

 Conclusions :

  • cette étude ne confirme pas les recommandations de décaler l’introduction des aliments allergéniques après 6 mois pour prévenir l’eczéma et les sifflements.

Cette étude est très intéressante. Son but est de tester la robustesse d’une recommandations : retarder l’introduction d’aliments allergéniques comme le lait de vache, les œufs de poule, les cacahuètes, les fruits à coque, le soja ou le gluten pour limiter le risque de développer un eczéma ou des sifflements chez les enfants.

Il s’agit d’une étude prospective de grande ampleur (comme toutes les études épidémiologiques). Cette étude est réalisée à Rotterdam pendant presque 4 ans. Elle concerne tous les enfants nés pendant cette période. Les parents remplissent des questionnaires concernant l’âge d’introduction des différents aliments étudiés et des questionnaires concernant l’apparition des symptômes étudiés (eczéma et sifflements).

Les pourcentages de sifflements et d’eczéma retrouvés à l’âge de 2, 3 et 4 ans sont conformes aux données déjà connues.

Il est intéressant de constater que dans cette étude, l’âge d’introduction des aliments allergéniques n’est pas lié à une augmentation du risque de développer un eczéma ou des sifflements à 2, 3, 4 ans.

Je n’ai malheureusement pas pu lire l’étude entière mais il serait intéressant de voir s’il y a une différence entre les enfants ayant reçu un allaitement maternel (même de courte durée) et ceux n’ayant reçu qu’un allaitement artificiel avant l’introduction d’autres aliments.

En conclusion, à la lumière de cette étude, il ne semble pas nécessaire de recommander de décaler systématiquement l’introduction des aliments allergéniques chez les enfants aux antécédents familiaux d’atopie. Par contre la prudence peut rester de mise en attendant les résultats à plus long terme de cette étude.

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