70th American College of Allergy, Asthma and Immunology Boston, Massachusetts, U.S.A., November 3-8th 2011

jeudi 1er décembre 2011 par Dr Jean-Claude Roca6866 visites

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70th American College of Allergy, Asthma and Immunology Boston, Massachusetts, U.S.A., November 3-8th 2011

70th American College of Allergy, Asthma and Immunology Boston, Massachusetts, U.S.A., November 3-8th 2011

jeudi 1er décembre 2011, par Dr Jean-Claude Roca

La rhinite allergique

Ruiz Hernandez F.R., Huerta Lopez J.G. & Lopez Perez G.T. (Mexico, Mexique) :
Impact de la rhinite allergique sur le fonctionnement de la trompe d’Eustache.
 Les auteurs ont étudié 65 patients, âgés de 4 à 7 ans, porteurs d’une rhinite allergique sévère.
 Le fonctionnement de l’oreille moyenne a été vérifié par tympanométrie.
 Un dysfonctionnement de l’oreille moyenne a été plus souvent détecté (chez 14% des patients) que l’existence d’une otite moyenne (5% des sujets).
 Il y avait, en effet, communément un dysfonctionnement de la trompe d’Eustache lié à une inflammation chronique de cette dernière avec pression négative plus importante dans l’oreille moyenne homolatérale, ventilation inadéquate et sécrétion de mucus.

Meltzer E.O. (San Diego, Californie, U.S.A.)  :Liens existant entre la rhinite allergique et l’asthme.
 L’on considère le tractus respiratoire comme un système intégré par lequel les processus inflammatoires locaux et les médiateurs chimiques systémiques induisent des réactions dans toutes les voies aériennes : muqueuse nasale, muqueuse oculaire, oreille moyenne, sinus et poumons.
 Aux États-Unis, la fréquence de la rhinite allergique va, selon les études, de 15% à plus de 40% de la population. Quant à l’asthme, il touche de 7 à 11% de la population.
 39% des enfants et 32% des adultes présentant une rhinite allergique sont porteurs d’un asthme.
 La rhinite tend à précéder l’apparition de l’asthme dans 49 à 64% des cas.

 Dans le cadre d’un suivi qui s’est étalé sur plus de 20 années, il est apparu que les patients porteurs d’une rhinite allergique avaient trois fois plus de chances que les autres de constituer un asthme.

Par ailleurs :
 dans une étude clinique, environ 40% des patients porteurs d’une rhinite allergique et non asthmatiques présentent une hyperréactivité bronchique
 tandis que, dans une autre étude clinique, l’on a pu observer, toujours chez des patients porteurs d’une rhinite allergique mais asymptomatiques au plan bronchique :

  • qu’en cas de rhinite allergique perannuelle, 72% d’entre eux présentaient une hyperréactivité bronchique
  • et qu’en cas de rhinite allergique saisonnière, 54% d’entre eux présentaient, à la saison, une hyperréactivité bronchique.

En outre, la rhinite allergique apparaît nettement comme un facteur de risque significatif de survenue d’asthme chez l’adulte.

Niveau de l’asthme en fonction du degré de sévérité de la rhinite :
 crises d’asthme au moins hebdomadaires :

  • 64% des patients sont atteints de rhinite allergique sévère ;
  • les autres patients sont atteints de rhinite allergique légère à nulle ;

 réveils nocturnes liés à l’asthme :

  • 19,6% des patients sont atteints de rhinite allergique sévère ;
  • 11,8% des patients sont atteints de rhinite allergique légère à nulle ;

 asthme modéré à sévère :

  • 60,2% des patients sont atteints de rhinite allergique sévère ;
  • les autres patients sont atteints de rhinite allergique légère à nulle ;

 asthme ayant entraîné la perte de l’emploi :

  • 24,1% des patients sont atteints de rhinite allergique sévère ;
  • 12,1% des patients sont atteints de rhinite allergique légère à nulle.

Niveau des prescriptions médicamenteuses pour l’asthme selon que le patient est uniquement asthmatique (18 172 cas étudiés) ou à la fois porteur d’un asthme et d’une rhinite (16 176 cas étudiés) :
 bêta-2-agonistes inhalés :

  • patients uniquement asthmatiques : 48% ;
  • patients asthmatiques et rhinitiques : 59% ;

 corticoïdes inhalés :

  • patients uniquement asthmatiques : 22% ;
  • patients asthmatiques et rhinitiques : 38% ;

 corticoïdes par voie orale :

  • patients uniquement asthmatiques : 7% ;
  • patients asthmatiques et rhinitiques : 10% ;

 cromoglycate et nédocromil :

  • patients uniquement asthmatiques : 14% ;
  • patients asthmatiques et rhinitiques : 19%.

La consommation médicamenteuse est donc sensiblement plus importante chez patients atteints à la fois d’asthme et de rhinite.

Par ailleurs, il a été constaté que la réalisation d’un test de provocation nasale allergénique induit, chez les patients porteurs d’une rhinite allergique, une réaction inflammatoire tout à la fois nasale et bronchique : majoration de la symptomatologie nasale et, notamment, de l’obstruction nasale, majoration de la symptomatologie bronchique associée, réduction des performances ventilatoires à l’exploration fonctionnelle respiratoire, augmentation du taux d’interleukine 5 dans le sang et, partant, de l’éosinophilie sanguine etc. D’autre part, les tests de provocation nasale allergénique entraînent une augmentation de l’hyperréactivité bronchique chez les patients porteurs d’une rhinite allergique mais non atteints d’asthme.

De même, l’on a remarqué que la réalisation d’un test de provocation bronchique allergénique induit, dans les 24 heures, chez les patients atteints de rhinite allergique, une réaction inflammatoire à la fois nasale et bronchique : majoration de la symptomatologie bronchique, amputation du V.E.M.S., majoration de la symptomatologie nasale associée et, notamment, de l’obstruction nasale, augmentation de l’éosinophilie sanguine etc.

En outre, la réalisation d’un test de provocation bronchique allergénique chez les patients atteints de rhinite allergique mais non asthmatiques provoque, lors du contrôle biopsique au niveau de la muqueuse nasale, une expression d’interleukine 5 et donc une augmentation de l’infiltration éosinophilique. Rappelons également qu’en absence de toute rhinite allergique, une éosinophilie nasale est communément observée chez l’asthmatique.

Jaiswal A.K. & Arora V.K. (Ghaziabad, Inde) :
Impact de la rhinite allergique sur l’asthme bronchique : l’expérience indienne.

Il s’agit d’une étude portant sur 124 patients répartis en deux groupes :
 le groupe 1 est constitué de patients atteints d’asthme (56 patients, soit 45,2%) ;
 le groupe 2 est constitué de patients atteints de rhinite allergique et d’asthme (68 patients, soit 54,8%).

Le profil des sujets est le suivant :
 patients atteints d’asthme intermittent : 92% d’entre eux présentent une rhinite allergique associée ;
 patients atteints d’asthme léger persistant : 90% d’entre eux présentent une rhinite allergique associée ;
 patients atteints d’asthme modéré persistant : 89% d’entre eux présentent une rhinite allergique associée ;
 patients atteints d’asthme sévère persistant : 76% d’entre eux présentent une rhinite allergique associée.

Le printemps et l’automne sont les saisons où l’on constate le plus de pics d’aggravation des rhinites allergiques et des asthmes.

Dans le groupe 2 (patients atteints de rhinite allergique et d’asthme) :
 46 patients (67,6%) ont d’abord présenté une rhinite allergique avant d’avoir de l’asthme
 et 22 patients (32,4%) ont vu rhinite allergique et asthme apparaître de façon concomitante.

Nsouli T.M., Nsouli S.T. & coll. (Washington D.C., U.S.A.)  :
Impact de la rhinite allergique sur la fatigue.

Les patients souffrant de rhinite allergique se plaignent souvent de fatigue et d’humeur maussade (cf. les travaux de P.S. Marshall & coll. en 2002). Toutefois, l’hypothèse selon laquelle les réactions allergiques entraînent des modifications biochimiques au niveau du système nerveux central pouvant provoquer de la fatigue est encore discutée et beaucoup de médecins n’y croient pas.

Les travaux de Marshall :
 cette étude a évalué l’impact de la rhinite allergique périodique sur le niveau de fatigue et l’humeur du patient.
 Pendant la saison pollinique de l’ambroisie, les individus allergiques à ce pollen ont signalé de plus hauts niveaux de fatigue générale et de fatigue mentale. Ils éprouvaient des sentiments de tristesse et moins de plaisir.
 Or, les recherches effectuées en matière de psycho-neuro-immunologie et de génétique suggèrent que les réactions allergiques pourraient engendrer des modifications biochimiques susceptibles d’affecter directement le système nerveux central.

Impact physique, mental et fonctionnel de la rhinite allergique sur la qualité de vie :
 la rhinite allergique peut avoir un impact négatif sur l’attention, le temps de réaction, les fonctions cognitives, l’énergie du patient, son sommeil et sa productivité au travail.

L’étude clinique réalisée :
 les auteurs ont analysé 98 patients atteints de rhinite allergique perannuelle et évalué leur niveau de fatigue en fonction d’une échelle multidimensionnelle évaluant la fatigue.
 80 de ces individus signalaient de plus haut degrés de fatigue générale et mentale que les individus témoins avec un score global de 7/10 contre 1,5/10 pour le groupe témoin de sujets sains.
 Au terme de 8 semaines d’un traitement à base d’antihistaminiques non sédatifs, de corticoïdes nasaux et d’un contrôle environnemental, les patients atteints de rhinite allergique perannuelle signalaient une amélioration de 72% de leur état de fatigue, parallèlement à la réduction de leur symptomatologie nasale.

Conclusion :
 ce travail confirme le lien existant entre une rhinite allergique perannuelle et un état certain de fatigue.

Valdés Burnes D.A., González Díaz S.N. & coll. (Monterrey, Mexique) :
Sensibilisation à Ficus benjamina chez l’adulte rhinitique.

L’on trouve dans la ville de Monterrey, au Mexique, un nombre absolument considérable de Ficus benjamina.

 177 patients (115 femmes et 62 hommes) atteints de rhinite allergique, d’un âge moyen de 38 ans, ont été inclus dans une étude clinique.
 135 d’entre eux (76%) indiquaient être en contact avec des Ficus benjamina soit à leur domicile, soit dans leur voisinage immédiat.
 12 patients seulement présentaient des tests cutanés positifs à Ficus benjamina (et 9 d’entre eux, soit 76,9%, présentaient des tests cutanés positifs à plus d’un des pneumallergènes testés) mais pas moins de 26 patients présentaient néanmoins cliniquement des problèmes lorsqu’ils se trouvaient à proximité d’un Ficus benjamina.

L’allergie à Ficus benjamina s’avère ainsi fréquente. Une étude européenne a d’ailleurs précédemment rapporté les mêmes chiffres.

L’allergie alimentaire

L’allergie à la viande de bœuf

Canady A., Le M. & Gierer S. (Kansas City, Kansas, U.S.A.) :
Urticaire et anaphylaxie retardées chez un patient allergique à la viande bœuf avec test cutané négatif.

Les réactions anaphylactiques retardées à la viande rouge ont été reliées à la galactose-alpha-1,3-galactose (alpha-gal), qui s’exprime abondamment dans les cellules et les tissus des mammifères non-primates. Dans ce cas, chez l’homme, le gène qui code la production de cet enzyme, n’est pas fonctionnel.

Les auteurs ont identifié 3 patients qui rapportaient des histoires semblables d’urticaire, d’angio-œdème ou d’anaphylaxie retardé(e) après consommation de viande de bœuf, d’agneau ou de porc. Or, les prick-tests cutanés à la viande de bœuf (la réalisation de tels prick-tests est interdite en France : NDR) étaient négatifs dans les trois cas.

Le premier patient présentait des IgE spécifiques de la viande de bœuf élevées (17,8 UI/ml) et des IgE spécifiques de l’alpha-gal à 78,5 UI/ml.

Le deuxième patient présentait des IgE spécifiques de la viande de bœuf négatives (< 0,35 UI/ml) et des IgE spécifiques de l’alpha-gal à 1,08 UI/ml.

Le troisième patient présentait des IgE spécifiques de la viande de bœuf équivoques (0,34 UI/ml) mais les IgE spécifiques de l’alpha-gal se situaient à 0,66 UI/ml.

À noter qu’aux U.S.A., la majorité des patients présentant une histoire documentée d’anaphylaxie à la viande rouge demeure dans une région à forte exposition aux tiques. Or, bien que le mécanisme de ce phénomène ne soit parfaitement pas compris à l’heure actuelle, il apparaît que des études antérieures ont enregistré une réduction des taux d’IgE spécifiques de l’alpha-gal lorsque l’exposition aux tiques était faible ou absente. D’autre part, ni les prick-tests cutanés, ni les dosages d’IgE spécifiques ne permettent de nettement identifier chez ces patients une allergie à la viande rouge. Mais, par contre, ultérieurement, chez ce type d’individus, les dosages d’IgE spécifiques de l’alpha-gal peuvent permettre d’identifier une allergie à la viande rouge.

Enfin, quoi qu’il en soit, le seul traitement de ces malades se limite à l’éviction de tous les produits contenant de la viande de bœuf, d’agneau et de porc.

L’allergie au lait de vache

Pineda Bahena L.G., Del Rio Navarro B.E. & Avila Castañon L. (Mexico, Mexique)  :
Désensibilisation orale au lait chez un patient porteur d’un syndrome de Down et d’une allergie au lait de vache (à propos d’un cas).

Est ici rapporté le cas d’un enfant de 2 ans, porteur d’un syndrome de Down (trisomie 21 : NDR) et ayant une histoire d’allergie aux protéines de lait de vache (urticaire, vomissements, diarrhée) diagnostiquée à l’âge de 3 mois, avec des prick-tests cutanés aux protéines de lait de vache (α-lactalbumine et β-lactoglobuline) donnant une papule de 8 mm de diamètre.

Un test de provocation oral au lait de vache frais a été effectué, en double aveugle, avec administration, de 30 minutes en 30 minutes, des doses suivantes :
 0,1 ml,
 0,3 ml,
 1,3 ml,
 10 ml,
 30 ml,
 100 ml.

Ce test de provocation s’est avéré positif (diarrhée notamment).

Un protocole d’induction de tolérance orale (désensibilisation orale) a été établi sur la base d’une augmentation horaire des doses de lait de vache durant les trois premiers jours puis d’une administration des doses de lait de vache toutes les 8 heures durant les deux derniers jours.

Le protocole d’induction n’a présenté aucune difficulté avec, à son issue, la possibilité pour le patient de consommer du lait sans problème.

L’allergie au poivre rose

Kim J.Y. (Great Neck, New-York, U.S.A.) & Minikes N.I. (Closter, New-Jersey, U.S.A.) :
À propos d’un cas rare d’allergie alimentaire au poivre rose.

Les auteurs rapportent le cas d’une femme âgée de 26 ans qui a présenté une réaction anaphylactique après avoir ingéré du poivre rose.

En fait, le poivre rose n’est pas un vrai poivre car il s’agit de baies séchées et grillées issues du Schinus terebinthifolius (une plante de la famille des Anacardiacées originaire d’Amérique du Sud, donnant des baies rouges ressemblant un peu, une fois séchées et torréfiées, à des grains de poivre de couleur rose). On parle aussi de poivre brésilien ou de baie de Noël.

En outre, il est intéressant de noter que la famille des Anacardiacées inclut des plantes du genre Anacardium (la noix de cajou) et Pistacia (pistache). Aucun des allergènes du Schinus terebinthifolius n’a été caractérisé à ce jour mais il existe une réactivité croisée potentielle au sein de la famille des Anacardiacées.

Depuis l’âge de 18 ans, cette malade était connue pour être porteuse d’une allergie aux fruits à coques (éruption urticarienne, vomissements et spasme laryngé après avoir consommé des noix de cajou). Plus récemment, elle avait présenté pas moins de trois épisodes anaphylactiques analogues, nécessitant de recourir à de l’adrénaline injectable et à son hospitalisation en soins intensifs, après avoir consommé au restaurant, sans le savoir, des fruits à coques masqués dans les aliments (cuisine indienne).

Par la suite, une symptomatologie identique est survenue chez elle alors qu’elle prenait un repas préparé à la maison et ne contenant pas de fruits à coques (traitement : adrénaline intramusculaire, corticothérapie et antihistaminique oraux). Ce n’est que plus tard que l’on a appris à ce propos qu’un poivre, mélangé à du poivre rose, avait été utilisé comme assaisonnement. Le même repas consommé sans l’assaisonnement au poivre rose n’a posé strictement aucun problème à cette patiente dont les IgE spécifiques de la noix de cajou se situaient à 2,52 kUA/l et les IgE spécifiques de la pistache à 2,85 kUA/l.

En conclusion, il apparaît indispensable d’attirer l’attention des patients présentant une allergie aux fruits à coques sur une possible allergie croisée avec le poivre rose aujourd’hui dans le commerce (« Peppercorn medley Grinder », par exemple, aux États-Unis).

L’allergie médicamenteuse

Prasac C. (Rochester, Minnesota)  :
À propos d’un cas rare d’hypersensibilité à un corticoïde.

Les réactions allergiques sévères de type anaphylactique aux corticoïdes sont rares. Elles relèvent vraisemblablement d’un processus d’hypersensibilité de type I et peuvent s’avérer mortelles si l’on n’en est pas informé…

Le cas rapporté :

Il s’agit d’un patient âgé de 45 ans, non fumeur, possédant une longue histoire d’allergie environnementale, d’asthme, d’obésité, de diabète de type II, d’hypertension artérielle et d’hyperlipémie.

Cet homme est hospitalisé en raison d’une exacerbation sévère de son asthme alors que ce dernier répondait bien, jusque-là, à l’albutérol et à la prednisone orale. Un traitement bronchodilatateur est alors instauré qui l’améliore. Parallèlement, on lui administre de la méthylprednisolone par voie intraveineuse. En quelques minutes, le malade se met en polypnée et en hypoxie. Il devient pâle, en sueurs, présente du wheezing et peine énormément pour respirer et c’est en vain qu’une nouvelle dose d’albutérol lui est administrée. Les gaz du sang artériel témoignent d’une défaillance respiratoire avec hypercapnie. Le sujet est transféré en service de soins intensifs et placé sous ventilation assistée. La perfusion de méthylprednisolone lui est retirée. L’extubation devient ensuite possible dans les 24 heures.

Les tests cutanés ultérieurement effectués ont révélé une hypersensibilité à la méthylprednisolone tandis que la bêtaméthasone, l’hydrocortisone et la prednisone s’avéraient négatives.

Conclusion :

les réactions d’hypersensibilité aux corticoïdes sont très rares mais potentiellement mortelles.

Les tests allergologiques cutanés

Oppenheimer J. (Newark, New-Jersey)  :
Testing allergologique cutané : comment optimiser les outils de l’allergologue ?

Les variables du testing allergologique cutané

I) Les variables incontrôlables :

a) la chronobiologie :

1) les variations circadiennes :
Vichyanond & Nelson ont effectués des prick-tests cutanés chez 20 adultes et 20 enfants allergiques au pollen d’ambroisie avec 5 dilutions de ce pollen et le témoin histamine, à 8 heures du matin et à 16 heures. Les réactions moyennes obtenues le matin se sont avérées significativement plus importantes que celles de l’après-midi.

2) Les variations saisonnières :
Oppenheimer et Nelson ont effectué des prick-tests cutanés chez 30 patients rhinitiques pendant la saison pollinique de l’ambroisie avec du pollen d’ambroisie, un pollen d’arbre et un allergène perannuel. Ces prick-tests furent réalisés en février, en début juillet, en fin août puis en octobre. Les réactions maximales aux allergènes et à l’histamine survinrent en février et en octobre.

b) Le cycle menstruel :

Kalogeromitros et collaborateurs ont testé (histamine, morphine et allergènes) 15 femmes allergiques atteintes de rhinite allergique saisonnière et/ou d’asthme ainsi que 15 femmes non allergiques à titre de témoins. Les prick-tests cutanés furent effectués en période menstruelle (jours 1 à 4), au milieu du cycle (jours 12 à 16) et lors de la phase progestéronique tardive (jours 24 à 28). Un pic indiscutable de réactivité cutanée s’observait en milieu de cycle (jours 12 à 16).

c) L’âge :

 les réactions les plus fortes aux tests cutanés surviennent chez les adultes jeunes puis les réactions déclinent rapidement avec l’âge, au-delà de 50 ans ;
 par ailleurs, la réaction au témoin histamine est plus faible chez les patients âgés de 9 à 19 ans que dans les autres groupes d’âges (alors que les taux d’IgE sont, à l’inverse, significativement - p<0,01 - plus élevés chez les jeunes de 9 à 19 ans).

d) La réactivité selon l’endroit du corps où sont effectués les tests cutanés :

1) comparaison des réactions aux prick-tests cutanés selon la zone du dos où ils sont effectués (travail effectué par Nelson & collaborateurs) :

Zones du dos Test histamine (diamètre moyen de la papule) Tests allergéniques (diamètre moyen de la papule)
Haut (50 patients testés) 7,24 mm 7,82 mm
Partie moyenne (50 patients testés) 8,18 mm 10,41 mm
Bas (50 patients testés) 8,94 mm 11,11 mm

2) Comparaison des réactions aux prick-tests cutanés effectués dans le dos et sur l’avant- bras (travail effectué par Nelson & collaborateurs) :

Réactions Avant-bras (diamètre de la réaction) Avant-bras (diamètre de la réaction) p
Papule à l’histamine (50 patients testés) 4,08 mm 3,99 mm NS
Érythème à l’histamine (50 patients testés) 21,67 mm 23,52 mm 0,003
Papule à l’allergène (50 patients testés) 8,53 mm 11,61 mm 0,001
Érythème à l’allergène (50 patients testés) 31,81 mm 36,78 mm 0,001

II) Les variables contrôlables :

a) Les médicaments :
certains médicaments diminuent sensiblement la réactivité des tests cutanés.

À retenir :

1) les antihistaminiques de type H1 et les antidépresseurs :
ils exercent leur effet suppresseur durant 3 à 7 jours le plus souvent mais parfois pendant bien plus longtemps, tel le déméthylastémizole qui tend à négativer les tests cutanés durant 1 à 3 mois (6 à 8 semaines communément : NDR).

2) Les antihistaminiques de type H2 :
ils n’exercent qu’un effet minime sinon pas d’effet du tout sur la réactivité des tests cutanés.

3) Les bronchodilatateurs :
ils n’ont aucun impact sur la réactivité des tests cutanés.

4) Les corticoïdes oraux en cure brève (1 semaine ou moins : NDR) et à faible dose n’ont aucun impact sur la réactivité des tests cutanés. Par contre, il semble ne pas en aller de même pour les corticoïdes administrés à fortes doses par voie générale et pour les corticoïdes à longue durée d’action.

5) L’immunothérapie spécifique allergénique : d’aucuns ont décrit une diminution de la réactivité des tests cutanés sous immunothérapie spécifique allergénique tandis que d’autres auteurs indiquent n’avoir pas constaté le phénomène.

b) La technique employée pour réaliser les tests cutanés :

1) avantages des prick-tests cutanés :
 ils sont sûrs ;
 ils sont plus rapides à effectuer que les tests intra-dermiques ;
 ils sont moins inconfortables pour le patient ;
 ils sont techniquement moins exigeants ;
 ils permettent de tester davantage d’allergènes lors d’une même séance ;
 ils s’effectuent avec des extraits allergéniques plus stables qu’en ce qui concerne les tests intra-dermiques comme étant glycérinés à 50% ;
 les tests positifs et négatifs sont plus faciles à interpréter que les tests intra-dermiques ;
 les tests s’effectuent à plus forte concentration que les tests intra-dermiques ;
 les tests positifs se corrèlent mieux avec la clinique que les tests intra-dermiques.

2) Avantages des tests intra-dermiques :
 ils sont plus sensibles que les prick-tests cutanés ;
 ils sont mieux reproductibles que les prick-tests cutanés.

Mais, quoi qu’il en soit, les prick-tests cutanés s’avèrent suffisamment sensibles pour détecter une sensibilité asymptomatique et sont bien corrélés avec la clinique de la rhinite et de l’asthme allergiques.

c) Les rapports de proximité avec les autres réactions allergiques positives.

d) La qualité des extraits allergéniques.

e) Le matériel utilisé pour effectuer les tests cutanés (Multitest, DermaPik, DuoTip, Quintest, lancettes, aiguilles...).

f) Le personnel effectuant les tests cutanés :
les résultats obtenus pour les tests cutanés peuvent varier considérablement en fonction du personnel qui les effectue.

Gelber L.E. (Henrico, Virginie, U.S.A.)  :
Similarité de la réactivité aux tests cutanés effectués avec les allergènes poils de chien et les allergènes épithéliums de chien.

172 patients ont subi des tests cutanés (prick-tests et tests intradermiques) aux poils de chien et aux épithéliums de chien fournis par différents laboratoires avec des résultats concordants dans plus de deux-tiers des cas. La présence d’un taux élevé de Can f 1 dans les extraits de poils de chien et d’un taux élevé de Can f 3 (une albumine) dans les extraits d’épithéliums de chien indique l’importance clinique de ces deux allergènes dans le diagnostic de l’allergie au chien.

Il apparaît ainsi utile d’effectuer des prick-tests cutanés à la fois avec les poils de chien et les épithéliums de chien, 49 patients (soit plus du quart) présentant des réactions allergiques soit aux poils de chien, soit aux épithéliums de chien.

Garcia D.D., Gonzalez-Diaz S.N. & coll. (Monterrey, Mexique)  :
Réponse cutanée aux patch-tests effectués avec le Dermatophagoides farinæ et le Dermatophagoides pteronyssinus chez les patients porteurs d’une rhinite chronique.

La rhinite se caractérise, de façon chronique, entre autres symptômes, par une rhinorrhée, des éternuements, du prurit nasal, de l’obstruction nasale et un jetage postérieur.

Le prick-test est la principale méthode diagnostique utilisée dans la rhinite allergique.

Face aux patients porteurs d’une rhinopathie chronique avec tests cutanés négatifs, les auteurs ont exploré la réponse cutanée de ces malades en les testant par patch-tests au Dermatophagoides farinæ et au Dermatophagoides pteronyssinus : ils ont ainsi étudié 37 patients (22 hommes et 15 femmes), d’un âge moyen de 27,1 ans, atteints d’une rhinopathie chronique ancienne de 10,8 ans en moyenne. Les sujets ont été divisés en trois groupes :
 un groupe A dont les tests cutanés aux aéro-allergènes étaient positifs ;
 un groupe B dont les tests cutanés aux aéro-allergènes étaient négatifs
 et un groupe C constitué à partir de volontaires en bonne santé.

Résultats :

6 patients (2 dans chaque groupe, soit 33%) présentaient des patch-tests positifs aux acariens domestiques, ce qui ne s’avérait évidemment pas statistiquement significatif (p>0,05).

Conclusion des auteurs :

« Bien que les résultats ne soient pas statistiquement significatifs, il y avait des patients porteurs d’une rhinite chronique pour lesquels les patch-tests aux acariens étaient positifs. Cette sensibilisation pourrait être cliniquement significative pour ces patients » (sic).

CQFD… (NDR).

Carr W.W. (Mission Viejo, Californie, U.S.A.)  :
Le testing allergologique : choix et interprétation optimaux. Tests intra-dermiques ou pas tests intra-dermiques ? “That is the question”…

1) Prick-tests cutanés aux aéro-allergènes

A) Avantages des prick-tests cutanés aux aéro-allergènes :

 ils sont sûrs (un seul décès a été rapporté) ;
 ils sont peu douloureux, ce qui permet de tester pas mal d’allergènes lors d’une même séance de tests ;
 ils sont faciles à réaliser, même avec peu de pratique allergologique ;
 ils s’effectuent avec des extraits allergéniques plus stables que pour les tests intra-dermiques comme étant glycérinés à 50% ;
 ils sont faciles à interpréter ;
 les tests positifs sont bien corrélés avec les données cliniques.

B) Inconvénients des prick-tests cutanés aux aéro-allergènes :

 la réponse du test varie davantage avec l’opérateur effectuant les tests que pour tests intra-dermiques ;
 un risque de réaction systémique n’est, malgré tout, pas à exclure ;
 il existe un matériel divers et varié permettant la réalisation technique des prick-tests cutanés.

2) Tests intra-dermiques aux aéro-allergènes

A) Avantages des tests intra-dermiques aux aéro-allergènes :

 ils sont plus sensibles que les prick-tests cutanés (il y a moins de fausses positivités) ;
 ils sont reproductibles ;
 ils sont immédiatement interprétables.

B) Inconvénients des tests intra-dermiques aux aéro-allergènes :

 ils sont plus douloureux que les prick-tests cutanés ;
 ils présentent un risque accru de réactions systémiques ;
 leur réalisation réclame de l’opérateur davantage d’habileté que pour les prick-tests cutanés ;
 ils ne sont pas aussi bien corrélés avec les données cliniques que les prick-tests cutanés.

3) À quel âge peut-on faire des tests cutanés ?

 l’on peut tester le nourrisson dès l’âge d’un mois ;
 le nourrisson peut présenter de plus faibles réactions que le jeune enfant ;
 la prévalence de positivité des tests cutanés augmente jusqu’à la troisième décade de la vie puis diminue lentement ;
 l’on peut néanmoins présenter des tests cutanés positifs à tout âge.

4) Quand faire des tests intra-dermiques ?

Il convient de noter que :

 la valeur des tests intra-dermiques en aéro-allergologie est limitée ;
 les tests intra-dermiques offrent une plus grande sensibilité mais une spécificité moindre que les prick-tests cutanés ;
 les tests intra-dermiques constituent une technique de choix pour explorer l’allergie aux venins d’hyménoptères et aux médicaments ;
 en cas de risque de réaction systémique, l’on doit toujours commencer l’inventaire allergologique par des prick-tests cutanés.

L’immunothérapie spécifique allergénique

Gurka G. (Arlington, Massachusetts, U.S.A.)  :
Effets bénéfiques de l’immunothérapie allergénique chez les patients atteints d’immunodéficience variable commune (IDVC).

L’IDVC consiste en un déficit génétique de la fonction immunitaire qui augmente le risque infectieux :
 hypogammaglobulinémie,
 défaut dans le développement d’anticorps spécifiques,
 défaillance des lymphocytes T.

Vingt-deux patients présentant une IDVC documentée ont subi des tests cutanés pour une allergie. Sept d’entre eux se sont avérés positifs soit à des pollens communs, soit à des allergènes domestiques. Ces malades n’étant améliorés ni par les mesures d’éviction, ni par les traitements médicamenteux, des traitements d’immunothérapie spécifique allergénique sous-cutanée ont été entrepris. Tous les patients ont bien toléré leur traitement et la plupart d’entre eux ont obtenu une amélioration statistiquement significative de leur symptomatologie.

Résultats :

la répétition des tests cutanés montrait une réduction de leurs positivités ;
plusieurs patients sont parvenus à arrêter leur traitement d’immunothérapie spécifique allergénique sous-cutanée au bout d’environ 4 ans tout en continuant à demeurer asymptomatiques malgré l’arrêt des injections.

Conclusion :

les altérations des lymphocytes T et les déficits en immunoglobulines présents dans les IDVC ne sont pas un obstacle à l’obtention d’effets bénéfiques dans le cadre d’un traitement d’immunothérapie spécifique allergénique. En dépit des déficits immunitaires existant chez les patients atteints d’IDVC, l’immunothérapie spécifique allergénique est efficace et parvient à réduire le degré d’allergie.

Creticos P.S. (Baltimore, Maryland, U.S.A.), Maloney J. (Kenilworth, New-Jersey, U.S.A.) & coll. :
Efficacité et tolérance du comprimé d’immunothérapie allergénique au pollen d’ambroisie chez des adultes nord-américains polysensibilisés : résultats préliminaires.

Aux États-Unis, environ 30 millions d’adultes souffrent de rhinite allergique et approximativement 26% d’entre eux sont sensibilisés au pollen d’ambroisie.

Une étude clinique multicentrique, en double aveugle, randomisée et placebo-contrôlée, a été mise en place portant sur pas moins de 560 patients répartis en trois bras :
 188 dans un bras recevant un traitement d’immunothérapie spécifique par comprimés contenant 6 unités d’Amb a 1 ;
 186 dans un bras recevant un traitement d’immunothérapie spécifique par comprimés contenant 12 unités d’Amb a 1 ;
 186 dans le bras placebo.

Il s’agit du premier essai clinique d’immunothérapie spécifique sublinguale au pollen d’ambroisie à avoir été effectué avec succès et sur une grande échelle en Amérique du Nord.

Résultats de l’étude :

A) Efficacité :
 1 : le comprimé d’immunothérapie allergénique au pollen d’ambroisie s’est avéré efficace chez les patients adultes nord-américains :

  • réduction du score clinique,
  • réduction du score médicamenteux
  • et naturellement, dans ce contexte, réduction du score combiné ;
     2 : il apparaît nettement que la réponse obtenue à partir des comprimés d’immunothérapie allergénique au pollen d’ambroisie est dose-dépendante (bien meilleure efficacité du comprimé dosé à 12 unités d’Amb a 1) ;

B) Tolérance :

le comprimé d’immunothérapie allergénique au pollen d’ambroisie s’est avéré bien toléré chez les patients adultes nord-américains :
 1 : aucun effet indésirable de type anaphylactique ou choc n’a été enregistré ;
 2 : la plupart des réactions locales observées se sont révélées légères et transitoires.

Nolte H., Maloney J. (Kenilworth, New-Jersey, U.S.A.) & coll.  :
Sûreté et efficacité dose-dépendante d’un nouveau comprimé d’immunothérapie allergénique au pollen d’ambroisie chez des patients nord-américain et européens : résultats préliminaires.

L’objectif de cette étude est d’évaluer l’efficacité et la tolérance de trois dosages différents d’un comprimé d’immunothérapie allergénique au pollen d’ambroisie : 1,5 unités d’Amb a 1, 6 unités d’Amb a 1 et 12 unités d’Amb a 1 chez des sujets atteints de rhino-conjonctivite au pollen d’ambroisie avec et sans asthme associé.

Résultats :

 il s’agit de la première étude clinique menée avec succès chez l’adulte en ce qui concerne le comprimé d’immunothérapie allergénique au pollen d’ambroisie, à la fois en Amérique du Nord et en Europe dans la rhino-conjonctivite au pollen d’ambroisie ;

 c’est le comprimé d’immunothérapie allergénique au pollen d’ambroisie dosé à 12 unités d’Amb a 1 qui induit la plus forte réduction du score symptomatique, du score médicamenteux et donc du score combiné :

 le comprimé d’immunothérapie allergénique au pollen d’ambroisie est bien toléré : les effets indésirables constatés s’avèrent généralement légers à modérés et transitoires ;

 aucune réaction systémique n’a été enregistrée ;

 globalement, le profil de tolérance du comprimé à 6 unités d’Amb a 1 et à 12 unités d’Amb a 1 s’est avéré le même ;

 le comprimé d’immunothérapie allergénique au pollen d’ambroisie est une nouvelle modalité thérapeutique qui se révèle prometteuse chez l’adulte atteint d’allergie au pollen d’ambroisie.

Maloney J., Nolte H. (Kenilworth, New-Jersey, U.S.A.) & coll. :
Impact de l’exposition pollinique sur l’effet thérapeutique des comprimés d’immunothérapie au pollen d’ambroisie et au pollen de phléole des prés en ce qui concerne la rhino-conjonctivite allergique saisonnière : résultats préliminaires.

L’objectif de cette étude était d’évaluer l’impact de l’exposition pollinique sur l’efficacité des traitements d’immunothérapie allergénique aux pollens de graminées en comprimé (6 études cliniques de phases 2 et 3 portant sur le pollen de phléole des prés) et au pollen d’ambroisie en comprimé (2 études cliniques de phases 2b et 3) à travers plusieurs saisons polliniques et avec des concentrations polliniques dans l’air différentes.

Les comptages polliniques moyens ont varié de 48 à 106 grains de pollens par m3 d’air pour les pollens de graminées fourragères et de 193 à 227 grains de pollens par m3 d’air pour le pollen d’ambroisie.

Par rapport aux groupes placebo respectifs, le score global combiné (c’est-à-dire le score clinique associé au score médicamenteux) s’est trouvé réduit en moyenne de 23% (p<0,001) chez les patients traités par immunothérapie allergénique aux pollens de graminées et de 25% (p<0,001) chez les patients traités par immunothérapie allergénique au pollen d’ambroisie.

Les effets indésirables furent en majorité légers et locaux (limités à la zone d’application du comprimé). Aucun choc anaphylactique n’a été enregistré.

Conclusion :

ces résultats démontrent l’efficacité des comprimés d’immunothérapie allergénique au pollen de phléole des prés, pour les pollens de graminées, et au pollen d’ambroisie à travers de multiples essais cliniques effectués durant plusieurs saisons polliniques.

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