Faut-il exterminer les chats ? La parole est à l’accusation…

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Faut-il exterminer les chats ? La parole est à l’accusation…

Faut-il exterminer les chats ? La parole est à l’accusation…

jeudi 19 janvier 2012, par Dr Stéphane Guez

Les facteurs de risque de développement d’une sensibilisation aux chats chez les adultes : étude de cohorte internationale. : Mario Olivieri, Jan-Paul Zock, Simone Accordini, Joachim Heinrich, Deborah Jarvis, Nino Künzli, Josep M. Antó, Dan Norbäck, Cecilie Svanes, Giuseppe Verlato, Indoor Working Group of the European Community Respiratory Health Survey II

dans The Journal of Allergy and Clinical Immunology - 12 December 2011 (10.1016/j.jaci.2011.10.044)

 Introduction :

  • L’exposition au chat durant l’enfance a été démontrée comme un facteur de risque de développer une sensibilisation au chat, alors que le risque de cette exposition au chat à l‘âge adulte n’a pas été étudié.

 Objectif de l’étude :

  • Il a été d’évaluer le développement d’une sensibilisation au chat chez des adultes, en fonction de la nouvelle présence ou non d’un chat dans l’environnement.

 Matériel et Méthodes :

  • Un total de 6292 patients de l’ECRHS I (European Community Respiratory Health Survey I) âgés de 20 à 44 ans,
    • provenant de 28 centres européens
    • qui n’étaient pas initialement sensibilisés au chat,
  • ont été réévalués 9 ans après dans l’étude ECRHS II.
  • La présence d’un chat avant et actuellement, le taux d’IgE totales et spécifiques ont été évalués dans ces 2 études.
  • Une sensibilisation au chat a été définie par un taux d’IgE spécifiques égal ou supérieur à 0.35 kU/L.

 Résultats :

  • Un total de 4468 patients n’avaient pas de chat dans l’étude ECRHS I ou II, 473 avaient un chat seulement dans l’étude I, 652 ont acquis un chat durant le suivi et 700 avaient un chat lors des 2 évaluations I et II.
  • 231 patients (3.7%) se sont sensibilisés au chat.
  • Dans un modèle de régression logistique de Poisson à 2 variables, l’acquisition d’un chat durant le suivi est significativement associé au développement d’une sensibilisation (risque relatif de 1.85, IC95% : 1.23 – 2.78) par rapport aux patients qui sont restés sans chat durant le suivi.
  • Une sensibilisation préexistante à d’autres allergènes, des antécédents d’asthme, une rhinite allergique et un eczéma, ainsi qu’un taux d’IgE totales élevé sont également des facteurs de risque significatif de développement d’une sensibilisation au chat,
    • alors que le fait d’avoir eu un chat dans l’enfance est un facteur protecteur significatif.

 Conclusion :

  • Ces données indiquent que le fait de posséder un chat à l’âge adulte double presque le risque de développer une sensibilisation au chat.
  • Ainsi, une éviction du chat doit être envisagée chez l’adulte surtout chez ceux qui sont sensibilisés à d’autres allergènes ou qui ont des antécédents allergiques.

Dans une étude de cohorte avec recueil de données à 8 ans d’intervalle, les auteurs démontrent un risque de sensibilisation au chat de 3.7% dans une population adulte qui n’avaient pas de chat initialement.

Ce risque, double par rapport aux patients sans chat, est augmenté chez les patients atopiques.

Il s’agit donc d’un travail épidémiologique dont les résultats doivent être interprétés avec prudence.

En effet, comme c’est souvent le cas, il y a lors de la discussion et la conclusion, une confusion brutale entre sensibilisation et allergie. Cela conduit à proposer des mesures thérapeutiques, ou donner des conseils dont la pertinence n’est pas prouvée.

Le choix du dosage d’IgEs pour parler de sensibilisation peut également être discuté.

Les résultats de ce travail n’apporteront donc rien aux allergologues si ce n’est une donnée qui n’est pas reprise dans la conclusion : la présence d’un chat à domicile dans l’enfance ne donne pas plus de sensibilisation à l’âge adulte, et même au contraire semble protéger d’une sensibilisation au chat.

Cela rejoint les résultats d’autres travaux qui semblent aller vers une nouvelle conception du développement des maladies allergiques : celles-ci ne sont pas induites par une plus grande exposition aux allergènes mais plutôt à une insuffisance de contact allergénique induisant une rupture de tolérance.

Vos commentaires

  • Le 29 juillet 2015 à 10:17, par john En réponse à : Faut-il exterminer les chats ? La parole est à l’accusation…

    Bonjour, évidemment les études médicales sont toujours délicates à généraliser.

    Mais je me posais la question : si on a un chat, et que l’on se sensibilise au chat, pourquoi dites vous que ce n’est pas un risque d’y devenir allergique ?

  • Le 29 juillet 2015 à 10:55, par Philippe Auriol En réponse à : Faut-il exterminer les chats ? La parole est à l’accusation…

    Bonjour,

    la sensibilisation c’est l’apparition d’anticorps (IgE) contre des allergènes. On les dose dans le sang ou on les visualise sur des tests cutanés immédiats.

    De nombreux propriétaires de chat sont positifs au test cutané au chat, de manière plus ou moins forte, mais la plupart d’entre eux ne deviendront pas pour autant allergiques.

    Du coup, on peut légitimement penser que c’est peut-être même un passage obligé vers la mise en place d’une tolérance ? Je n’en suis pas certain mais c’est une question que je me pose.

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