Abeilles : une onzième raison d’éviter leurs piqures !

vendredi 17 février 2012 par Dr Céline Palussière565 visites

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Abeilles : une onzième raison d’éviter leurs piqures !

Abeilles : une onzième raison d’éviter leurs piqures !

vendredi 17 février 2012, par Dr Céline Palussière

Les principales protéines 8 et 9 de la gelée royale (Api m 11) sont des composés glycosylés du venin d’Apis mellifera, avec un potentiel allergénique dépassant la réactivité basée sur les carbohydrates. : Simon Blank1,*, Frank I. Bantleon1, Mareike McIntyre2, Markus Ollert2, Edzard Spillner1,*
DOI : 10.1111/j.1365-2222.2012.03966.x

dans Clinical & Experimental Allergy

 Contexte :

  • Les venins d’hyménoptères étant une des sources allergéniques responsables de la plus forte incidence d’anaphylaxie, et parfois d’issues fatales, la caractérisation détaillée de tous les allergènes est impérative, pour la conception d’un diagnostic moléculaire et l’amélioration des stratégies de prise en charge.

 Objectif :

  • Notre objectif était la caractérisation immunochimique des protéines majeures de la gelée royale (MRJP) 8 et 9, deux composants identifiés dans le venin d’abeille, et potentiellement allergisants.

 Méthodes :

  • Les deux MRJP ont été produites dans des cellules d’insecte, par recombinaison comme des protéines solubles différemment glycosylées, offrant un degré défini de réactivité croisée dépendante des résidus glucidiques (CCD).
  • La réactivité IgE spécifique d’allergène de patients allergiques au venin d’abeille était étudiée par ELISA et immunoblot.

 Résultats :

  • MRJP8 et MRJP9 ont été identifiés comme des composants du venin d’abeille par des analyses protéomiques.
  • Dans une population de 47 patients allergiques au venin d’abeille, les réactivités dépendantes des MRJP portant des CCD étaient retrouvées dans une moyenne de 56% (61%), soulignant la contribution des CCD dans la liaison aux allergènes.
  • Au-delà de la réactivité liée aux CCD, 15% des patients ont montré une réactivité IgE spécifique pour MRJP8 et 34% pour MRJP9, respectivement.
  • Ces réactivités se trouvant dans la fourchette de Api m 2 permettent de considérer les MRJP comme des allergènes mineurs mais importants.

 Conclusion et pertinence clinique :

  • Les protéines glycosylées MRJP8 et PRJP9 du venin d’abeille ont des capacités de sensibilisation IgE dépendante chez les patients allergiques au venin d’abeille au-delà de la réactivité CCD, et doivent être considérées comme des allergènes qui pourraient avoir une importance possible pour une fraction de sujets allergiques au venin d’abeille.
  • Il existe de précieux outils pour évaluer le profil de sensibilisation des patients allergiques aux venins, et pour améliorer la définition de composants allergéniques particulier dans le venin.
  • En raison de leurs propriétés allergéniques, MRJP 8 et MRJP9 sont désignées comme des isoallergènes, Api m 11.1010 et Api m 11.0201, respectivement.

Dix allergènes sont actuellement décrits dans le venin d’abeille. Cette étude met en évidence la présence d’un nouvel allergène, sous la forme de deux isoformes : MRJP 8 et 9.

Ces protéines majeures de la gelée royale (MRJP) composent 90% de la gelée royale, qui est donnée aux larves d’abeilles pendant leurs 3 premiers jours. On trouve donc ces protéines aussi dans le venin d’abeille et il apparait ici qu’elles peuvent être IgE réactives.

Les auteurs ont ainsi caractérisé ces deux glycoprotéines et ont produit leurs recombinants. L’expression dans des insectes a permis d’obtenir différents degrés de glycosylation.

Leur poids moléculaire mesuré est de 60-65 kDa pour MRJP8 et 55-60 kDa pour MRJP9. L’IUIS attribue le nom de Api m 11 à ces deux isoformes (respectivement Api m 11.0101 et Api m 11.0201).

Les sera de 47 sujets allergiques au venin d’abeille ont été étudiés. Alors que la réactivité sérique dépassait 50% pour MRJP 8 et 9, elle passait à 15% pour la protéine MRJP8 dénuée de ses résidus protéiques et 34% pour MRJP9.

L’IgE réactivité est donc essentiellement basée sur les CCD, mais elle est bel et bien possible pour la structure protéique seule.

Selon les auteurs, il est important de tenir compte de ces allergènes dans le diagnostic moléculaire d’une allergie au venin d’abeille. Il est certainement intéressant de connaitre la composition la plus détaillée du venin, d’autant que Api m 11 semble spécifique à l’abeille.

On regrettera toutefois l’absence de test in vivo, ou tout au moins de test d’activation des basophiles, afin de connaitre la réelle pertinence clinique de cet allergène. Plus que de potentiel allergisant, il faut en effet parler ici d’IgE réactivité. La relevance clinique n’est pas étudiée.

Si celle-ci était bien réelle, Api m 11 pourrait expliquer les réactions cliniques parfois sévères ayant déjà été décrites avec la gelée royale, denrée de plus en plus consommée et utilisée dans les cosmétiques et les médicaments.

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