Un allergologue prudent et averti en vaut deux ! surtout en ORL.

lundi 28 avril 2014 par Dr Bertrand Lovato1627 visites

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Un allergologue prudent et averti en vaut deux ! surtout en ORL.

Un allergologue prudent et averti en vaut deux ! surtout en ORL.

lundi 28 avril 2014, par Dr Bertrand Lovato

Etude de suivi de la rhinite allergique locale, entité différente de la rhinite allergique systémique : Carmen Rondón, Paloma Campo, Maria Angeles Zambonino, Natalia Blanca-Lopez, Maria J. Torres, Lidia Melendez, Rocio Herrera, Rosa-Maria Guéant-Rodriguez, Jean-Louis Guéant, Gabriela Canto, Miguel Blanca

dans The Journal of Allergy and Clinical Immunology - April 2014 (Vol. 133, Issue 4, Pages 1026-1031, DOI : 10.1016/j.jaci.2013.10.034)

 Objectifs

  • La rhinite allergique locale est une maladie fréquente qui représente 25,7% des causes de rhinite et plus de 47% des patients antérieurement atteints de rhinite non allergique.
  • Cependant, la fréquence de la rhinite allergique « locale » première étape dans l’histoire naturelle de l’atopie est inconnue.

 Méthodes

  • Il s’agit d’une étude prospective de suivi sur 10 ans d’une cohorte initiale de 194 patients atteints de rhinite allergique locale d’apparition récente et de 130 témoins sains.
  • Un questionnaire clinique, une spirométrie, des tests cutanés et des dosages d’IgE spécifiques aux aéroallergènes ont été effectuées chaque année.
  • Des tests de provocation nasale avec Dermatophagoides pteronyssinus, Alternaria alternata, Olea europea et un mélange de pollens de graminées ont été effectués au début de l’étude et après 5 ans.

 Résultats

  • Au début de la maladie, la plupart des patients atteints de rhinite allergique « locale » avaient des symptômes persistants modérés à sévères ; la conjonctivite et l’asthme étaient les principaux facteurs de co-morbidités (51,1% et 18,8%, respectivement) et D pteronyssinus était l’aéroallergène le plus pertinent (51,1%).
  • Après 5 ans de suivi, une aggravation de la rhinite a été détectée dans 26,2%, avec une augmentation de la chronicité des symptômes et de leur gravité avec de nouvelles associations avec la conjonctivite et l’asthme.
  • L’atopie n’a été détectée par un test cutané positif et/ou la présence d’IgE spécifique sérique que chez 6,81 % des patients avec une rhinite allergique « locale » et chez 4,5 % des témoins.

 Conclusions

  • Cette étude montre un taux similaire d’atopiques chez les « rhinitiques locaux » que chez les témoins, tendant à isoler la rhinite allergique locale comme une entité bien différente de la rhinite allergique.

Cette étude soulève bien des questions !!

Les auteurs tentent d’isoler une allergie nasale localisée, avec IgE spécifiques locales et TPN positifs sans tests cutanés positifs ou IgE sériques circulantes.

Sur un plan physiopathologique, on peut se poser la question d’une synthèse d’IgE seulement par le NALT …
Cette entité correspondrait donc à des rhinites inflammatoires non allergiques au sens habituel du terme, mais où existerait de manière exclusivement locale une synthèse d’IgE spécifiques d’un aéroallergène.

La proportion d’évolution à 5 ans vers une rhinite allergique « classique » avec tests cutanés et IgE sériques positifs est identique chez ces patients que chez les témoins. Ce qui confirme donc bien le caractère non atopique initial de ces patients !

En pratique actuelle, un patient atteint de rhinite inflammatoire, avec un bilan allergologique cutané et biologique négatif, est considéré comme non allergique et confié aux ORL pour traitement symptomatique. Cette étude tente de montrer l’importance de TPN plus systématiques chez ces patients, pour dépister ceux qui auraient une hypersensibilité spécifique locale avérée.

Cependant, le bon sens clinique prévaut ! Si un patient au bilan allergique initial négatif, décrit une symptomatologie évocatrice, un nouveau bilan sera à nouveau fait au cours de l’évolution de sa maladie. Et dans une assez faible proportion de cas si l’on se réfère aux résultats de cette étude, sera positif, modifiant la classification et la prise en charge de la rhinite.

En somme, l’allergologue prudent et consciencieux se gardera bien d’affirmer la main sur le cœur que la rhinite n’est pas allergique au terme du premier bilan et n’hésitera pas à remettre son bilan en question quelques années après le début des symptômes.

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