Très mauvais impact de l’œsophagite à éosinophiles !

lundi 13 octobre 2014 par Dr Alain Thillay9696 visites

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Très mauvais impact de l’œsophagite à éosinophiles !

Très mauvais impact de l’œsophagite à éosinophiles !

lundi 13 octobre 2014, par Dr Alain Thillay

Les corticostéroïdes topiques ingérés réduisent le risque d’impaction alimentaire durable dans l’œsophagite à éosinophiles. : Kuchen T, Straumann A, Safroneeva E, Romero Y, Bussmann C, Vavricka S, Netzer P, Reinhard A, Portmann S, Schoepfer AM. 

Swallowed topical corticosteroids reduce the risk for long-lasting bolus impactions in eosinophilic esophagitis.

dans Allergy 2014 ; 69 : 1248–1254.

 Contexte :

  • Les impactions alimentaires durables nécessitant le retrait endoscopique du bouchon se produisent fréquemment chez les patients atteints d’œsophagite à éosinophiles (EEo), cette manœuvre comporte un risque de lésions graves de l’œsophage.

 Objectif :

  • Nous avons évalué si un traitement avec des corticostéroïdes topiques ingérés est capable de réduire le risque de survenue de cette complication.

 Méthodes :

  • Nous avons analysé les données de l’Etude suisse de cohorte EEo.
  • Les patients atteints vus dans l’année, ayant subi l’évaluation standardisée des symptômes, et, des explorations endoscopique, histologique et biologique, ont été inclus.

 Résultats :

  • Un total de 206 patients (157 hommes) ont été étudiés.
  • La durée médiane de suivi était de 5 ans avec un total de 703 visites (moyenne 3,41 visites/patient).
    -* Pendant la période de suivi, 33 patients (16% de la cohorte) ont connu 42 impactions exigeant l’ablation endoscopique du bouchon alimentaire.
  • Nous avons évalué les facteurs suivants concernant les résultats « impaction du bouchon » par un modèle de régression logistique univariée :
    • corticothérapie topique d’ingestion (OR 0,503, 95%-CI 0,255 à 0,993, P = 0,048),
    • la présence de symptômes EEo (OR 1,150, 95%-CI 0,4668 à 2,835, P = 0,761),
    • sténose de l’œsophage (OR 2,832, 95%-CI 1,508 à 5,321, P = 0,001),
  • le pic nombre d’éosinophiles> 10 éosinophiles/ par champ de haute puissance HPF (OR 0,724, 95%-CI 0,324 à 1,621, P = 0,433),
  • éosinophilie sanguine (OR 1,532, 95%-CI 0,569 à 4,118, P = 0,398),
  • et la dilatation de l’œsophage (OR 1,852, 95%-CI 1,034 à 3,755, P = 0,017).
  • Dans le modèle multivarié, les facteurs suivants ont été associés de façon significative avec l’impaction alimentaire :
    • ingestion traitement topique de corticoïdes (OR 0,411, 95%-CI 0,203 à 0,835, P = 0,014)
    • et sténose de l’œsophage (OR 2,666, 95%-CI 1,259 à 5,645, P = 0,01).
  • L’augmentation de la fréquence de l’utilisation de stéroïdes topiques ingérés était associée à un risque plus faible d’impaction alimentaire.

 Conclusion :

  • Le traitement des EEo par des corticostéroïdes topiques ingérés réduit de manière significative le risque d’impaction alimentaire durable.

L’œsophagite à éosinophiles est une maladie qui a été décrite pour la première fois en 1977. Il s’agit d’une entité anatomo-clinique qui se définit par l’existence d’une infiltration massive et isolée de l’œsophage par des éosinophiles et de signes cliniques d’atteinte œsophagienne.

La présentation clinique est celle d’une dysphagie qui apparaît surtout lors de l’ingestion d’aliments solides avec impression de blocage, tableau pouvant faire évoquer une atteinte maligne, toutefois, ici la dysphagie a un caractère capricieux laissant des périodes symptomatiques entrecoupées par des périodes totalement asymptomatiques.

Parfois, le tableau peut se révéler d’emblée par une impaction alimentaire.

La prévalence rapportée par les quelques études épidémiologiques disponibles est variable allant de 1/70 000 à 4/1000, cette prévalence semble en augmentation en suivant la croissance de la courbe de l’allergie dans la population générale.

Cependant, bien que son lien au terrain atopique apparaît évident, il reste à préciser ; enfin, à noter une prépondérance masculine dans les études sur l’adulte.

L’EEo s’inscrit très souvent dans un contexte atopique avec rhinite, asthme, allergie alimentaire voire dermatite atopique.

Le bilan allergologique retrouve souvent des IgE-réactivités à l’encontre des aéroallergènes et/ou des trophallergènes ; des études ont pu montrer que des allergiques aux pollens voyaient leur œsophagite à éosinophiles s’aggraver en période de pollinisation et totalement régresser en hiver.

L’exploration allergologique s’impose donc tout particulièrement à la recherche d’une allergie alimentaire qui pourra donc déboucher sur une éviction salvatrice.

A mon sens, l’intérêt de l’immunothérapie allergénique en cas d’allergie à des aéroallergènes serait à évaluer, gageons que l’augmentation de la prévalence de cette pathologie va sans doute libérer des initiatives chez les chercheurs.

Le traitement s’appuie en premier lieu sur les inhibiteurs de la pompe à protons car le rôle de l’acidité gastrique s’implique aussi.

A cela s’ajoute le recours aux sprays de FLUTICASONE ou de BECLOMETASONE que le patient doit déglutir ; attention au risque de mycose œsophagienne.

Dans la présente étude, les auteurs de nationalité Suisse ont eu recours à un gel de BUDESONIDE, ils montrent clairement que ce gel autorise une réduction significative des impactions alimentaires.

En conclusion, comme beaucoup d’autres Allergologues, j’ai vu de plus en plus de patients adressés par des confrères Gastro-entérologues ou Pédiatres pour bilan étiologique d’une œsophagite à éosinophiles.

J’ai pu remarquer, tout cela reste à démontrer bien sûr, ce ne sont que des tendances constatées, une amélioration spectaculaire de l’EEo par les antihistaminiques chez les patients souffrant d’une allergie aux aéroallergènes uniquement et que lorsqu’un aliment est trouvé responsable son éviction améliore là aussi le patient.

L’œsophagite à éosinophiles devient un nouveau terrain exploratoire pour l’Allergologue.

Vos commentaires

  • Le 13 février 2016 à 04:19, par Cohen En réponse à : Très mauvais impact de l’œsophagite à éosinophiles !

    Bonjour,

    Je souhaite savoir quelle est le pourventage de mort suite a ces disphagies.
    Le trzitement corticoide est-il a vie ?
    Comment reagir pendant la crise d’ettoufement ?

    Merci

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