Tempérament éosinophile ou neutrophile dans l’asthme : quel est le plus adapté pour la pratique clinique ?

mardi 14 octobre 2014 par Dr Philippe Carré1604 visites

Accueil du site > Maladies > Asthme > Tempérament éosinophile ou neutrophile dans l’asthme : quel est le plus (...)

Tempérament éosinophile ou neutrophile dans l’asthme : quel est le plus adapté pour  la pratique clinique ?

Tempérament éosinophile ou neutrophile dans l’asthme : quel est le plus adapté pour la pratique clinique ?

mardi 14 octobre 2014, par Dr Philippe Carré

Intérêt des paramètres du compte sanguin total dans la détection des phénotypes inflammatoires de l’asthme. : X.-Y. Zhang, J. L. Simpson, H. Powell, I. A. Yang, J. W. Upham, P. N. Reynolds, S. Hodge, A. L. James, C. Jenkins, M. J. Peters, J.-T. Lin and P. G. Gibson.

dans Clinical & Experimental Allergy, 2014 (44) 1137–1145.

 Contexte :

  • Dans l’asthme, le phénotype inflammatoire des voies aériennes influence les caractéristiques cliniques et la réponse au traitement
  • Bien que l’expectoration induite soit le test « gold standard » pour le phénotypage de l’asthme, une méthode plus accessible est nécessaire en pratique clinique.

 Objectif :

  • Evaluer si les comptes cellulaires sanguins de la lignée blanche et/ou leurs rapports dérivés peuvent prédire les comptes d’éosinophiles ou de neutrophiles dans les expectorations dans l’asthme non contrôlé.

 Méthodes :

  • Cette étude transversale a évalué 164 patients asthmatiques traités mais non contrôlés, par une analyse de l’expectoration induite et un prélèvement sanguin
  • Des courbes ROC ont été utilisées pour évaluer la relation entre les paramètres du sang et de l’expectoration induite.

 Résultats :

  • Il y avait une relation positive significative entre les paramètres sanguins éosinophiliques et le pourcentage du compte d’éosinophiles dans l’expectoration
  • Une corrélation faible mais significative a été trouvée entre le pourcentage de neutrophiles dans l’expectoration et le pourcentage de neutrophiles dans le sang (r=0.219, p=0.005)
  • L’analyse de la courbe ROC a identifié que le pourcentage du compte des éosinophiles sanguins était le meilleur élément prédictif de l’asthme éosinophilique, avec une aire sous la courbe (ASC) de 0.907 (p<0.001)
  • La valeur seuil optimale du pourcentage des éosinophiles sanguins était de 2.7%, ce qui atteignait une sensibilité de 92.2% et une spécificité de 75.8%
  • Le compte absolu des éosinophiles sanguins était aussi hautement prédictif avec une ASC de 0.898 (p<0.0001) à une valeur seuil des éosinophiles de 0.26 x 109/L
  • Le rapport sanguin éosinophiles/lymphocytes (REL) et le rapport éosinophiles/neutrophiles (REN) étaient augmentés dans l’asthme éosinophilique, et le rapport neutrophiles/lymphocytes (RNL) était augmenté dans l’asthme neutrophilique
  • L’asthme neutrophilique pouvait aussi être détecté par les pourcentages de neutrophiles sanguins et le RNL, mais avec moins de précision.

 Conclusions et relevance clinique :

  • Les comptes d’éosinophiles sanguins et les rapports dérivés (REL et REN) peuvent prédire de façon correcte l’asthme éosinophilique chez les patients avec un asthme persistant mais non contrôlé malgré le traitement
  • Les paramètres neutrophiliques sanguins ont une faible valeur prédictive de la proportion de neutrophiles dans l’expectoration
  • Les comptes sanguins peuvent être une aide utile pour le monitorage de l’asthme non contrôlé.

Les auteurs ont évalué l’hypothèse que les cellules circulantes du sang, et/ou leurs rapports, pouvaient refléter le phénotype inflammatoire des voies aériennes chez des asthmatiques mal contrôlés par le traitement, par rapport aux comptes cellulaires de l’expectoration induite qui est la méthode de référence, mais qui est une technique plus invasive et difficile à réaliser en pratique clinique.

Ils ont réalisé à cet effet une étude transversale chez 164 patients asthmatiques traités mais non contrôlés, en comparant l’analyse de l’expectoration induite et les résultats d’un prélèvement sanguin. Leurs résultats montrent que :

  • il y a une corrélation positive entre les éosinophiles du sang et de l’expectoration, alors qu’elle est très faible pour les neutrophiles
  • le meilleur élément prédictif de l’asthme éosinophilique était le compte des éosinophiles sanguins, avec une valeur seuil de 2.7%
  • les rapports sanguins REL et REN pouvaient aussi prédire l’asthme éosinophilique, alors que le rapport RNL était prédictif de l’asthme neutrophilique avec beaucoup moins de précision.

Dans l’asthme, on a besoin d’un biomarqueur simple et facilement accessible pour le monitoring du traitement ; cette étude montre que dans l’asthme de l’adulte non contrôlé, comparativement à l’expectoration induite, les comptes cellulaires éosinophiles sanguins peuvent prédire de façon correcte le phénotype asthmatique éosinophile, et avoir un rôle dans le choix du traitement de maintenance ; les neutrophiles sont eux peu prédictifs, en tout cas pas assez pour être utiles en clinique.

Cette étude montre aussi que les lymphocytes sanguins sont diminués dans l’asthme neutrophilique, avec une association négative faible aux neutrophiles de l’expectoration ; c’est un élément nouveau, qui pourrait être un marqueur de réponse de stress à l’inflammation systémique.

Rechercher

En bref

categories

  Allergenes

  Maladies

  Fonctionnel