Comment prédire la survenue d’un asthme chez un rhinitique allergique ?

mercredi 7 janvier 2015 par Dr Cécilia Nocent845 visites

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Comment prédire la survenue d’un asthme chez un rhinitique allergique ?

Comment prédire la survenue d’un asthme chez un rhinitique allergique ?

mercredi 7 janvier 2015, par Dr Cécilia Nocent

Peut-on prédire la survenue d’un asthme allergique chez un patient porteur d’une rhinite allergique ? : A. Buslau, S. Voss, E. Herrmann, R. Schubert, S. Zielen and J. Schulze,

dans Clinical & Experimental Allergy, 2014 (44) 1494–1502.

 Contexte :

  • Un pourcentage élevé de patients ayant une rhinite allergique (RA) présente des signes d’hyperréactivité bronchique (HRB) et 30% approximativement vont développer un asthme plus tard dans leur vie.

 Objectif :

  • Le but de cette étude est d’identifier des facteurs prédictifs de développer un asthme allergique chez des patients ayant une RA.

 Méthodes :

  • 100 patients présentant une RA ont été sélectionnés par questionnaire postal et 20 sujets sains ont été recrutés.
  • 23 patients ayant un asthme concomitant diagnostiqué par un médecin et 4 patients ayant des tests allergiques négatifs ont été exclus des analyses.
  • Les 73 patients restants ayant une RA ont fait un test de provocation allergénique bronchique, ce qui est considéré comme l’examen de référence pour le diagnostic d’asthme allergique.
  • Les paramètres suivants ont été mesurés pour rechercher des facteurs prédictifs de réaction asthmatique précoce ou tardive : questionnaires standardisés, prick tests, IgE totales, IgE spécifiques pour les pollens de graminées, VEMS, PD20 lors du test à la métacholine, fraction exhalée de NO et taux d’éosinophiles.

 Résultats :

  • Les réactions asthmatiques précoces sont distribuées de la même façon entre les patients avec et sans signe d’asthme possible aux questionnaires (56.8% vs 48.3%).
  • les valeurs seuils suivantes montrent les meilleures sensibilité et spécificité pour un asthme précoce : IgE spécifiques pour les pollens : 18.5 kU/L (AUC 0.83), prick tests : 8.5 mm (AUC 0.76), IgE totales : 95.5 kU/L (AUC : 0.73), VEMS : 102.4% (AUC 0.69), PD20 : 1.67 mg (AUC 0.74), FENO : 18.05 ppB (AUC 0.64) et éosinophiles : 115/mm3 (AUC 0.58).

 Conclusions et pertinence clinique :

  • Il existe une réelle discordance entre les signes d’asthme rapportés et le diagnostic par test de bronchomotricité.
  • La simple mesure des IgE spécifiques pour les pollens de graminées est le meilleur test prédictif de développer un asthme allergique chez un patient présentant une RA.

La prédiction du risque de développer un asthme chez un sujet présentant une rhinite allergique est un souhait qui habite chaque médecin mais pour l’instant, rien n’est démontré alors que la relation asthme allergique – RA est majeure.

Cet article venant d’une équipe allemande et publié dans Clinical and Experimental Allergy s’intéresse à cette question.

Les auteurs ont essayé de retrouver des facteurs pronostiques dans une petite population de patients ayant une RA. Le recrutement se faisait par questionnaires envoyés par la poste. Ils ont sélectionné 100 personnes pour n’en garder que 73 et 20 sujets sains. Tous ont rempli des questionnaires validés, ont bénéficié d’EFR, de tests cutanés, de bilans sanguins, d’un test à la métacholine et d’une mesure de la fraction exhalée de NO.

Les auteurs ont ensuite recherché s’il existait des différences entre les patients présentant une HRB et les autres. Malheureusement pour eux, aucune différence n’étaient significative et seules des valeurs seuils pour les différentes mesures ont été avancées pour essayer de prédire le développement d’un asthme allergique.

En conclusion, les auteurs rapportent que seuls les taux d’IgE spécifiques pour les pollens de graminées sont prédictifs de la survenue d’un asthme allergique.

Cette étude est intéressante car elle pose une question qui nous vient souvent à l’esprit lorsque nous sommes face à des patients. Elle est également intéressante car elle ne permet pas de trouver de facteur prédictif net mais est quand même publiée ce qui n’est pas toujours le cas pour les études négatives.

La conclusion est que nous ne savons pas si un patient présentant une rhinite allergique va développer ou non un asthme allergique. Cela est vrai en dehors d’un traitement spécifique mais on peut également se demander si l’administration d’une immunothérapie spécifique modifie ce risque (à titre individuel) et si certains facteurs influence ce risque sous ITL (réponse clinique rapide ?). Notre métier est donc encore rempli de questions et donc reste toujours passionnant.

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