Hypersensibilité aux PCI : tests cutanés ou pas ???

mardi 31 mars 2015 par Dr Philippe Carré609 visites

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Hypersensibilité aux PCI : tests cutanés ou pas ???

Hypersensibilité aux PCI : tests cutanés ou pas ???

mardi 31 mars 2015, par Dr Philippe Carré

Tests cutanés chez des patients ayant une réaction d’hypersensibilité aux produits de contraste iodés : méta-analyse. : Yoon SH, Lee S-Y, Kang H-R, Kim J-Y, Hahn S, Park CM, Chang Y-S, Goo JM, Cho S-H.

Skin tests in patients with hypersensitivity reaction to iodinated contrast media : a meta-analysis.

dans Allergy 2015 ; DOI : 10.1111/all.12589.

 Contexte :

  • Les patients avec une histoire antérieure de réaction d’hypersensibilité (RHS) aux produits de contraste iodés (PCI) sont à haut risque de développer une RHS aux PCI
  • Beaucoup d’études ont essayé d’évaluer le potentiel diagnostique des tests cutanés dans la population, mais n’ont pas réussi à établir une conclusion commune
  • Les auteurs ont étudié le rôle des tests cutanés chez des patients ayant eu une RHS aux PCI en terme de taux positif, taux de réactivité croisée, et la tolérance des PCI avec des tests cutanés négatifs selon le type de RHS.

 Méthodes :

  • Les auteurs ont effectué des recherches dans la littérature à partir des données MEDLINE et EMBASE, en incluant les études où les tests cutanés étaient réalisés chez des patients ayant eu une RHS aux PCI, avec des données exploitables
  • Les résultats ont été poolés en utilisant un modèle d’effet du hasard.

 Résultats :

  • Vingt et une études ont été inclues
  • Les taux positifs poolés par patient des tests cutanés étaient de 17% (IC à 95%, 10-26%) chez les patients avec une RHS immédiate, et jusqu’à 52% (IC à 95%, 31-72%) quand on s’intéresse uniquement aux RHS immédiates sévères
  • Parmi les patients avec une RHS non immédiate, le taux de positivité était de 26% (IC à 95%, 15-41%)
  • Le taux de réactivité croisée poolée par patient était plus élevé dans les RHS non immédiates (68% ; IC à 95%, 48-83%) que dans les RHS immédiates (39% ; IC à 95%, 29-50%)
  • Les taux de réactivité croisée médians par test entre paires de PCI étaient de 7% (IQR, 6-9%) dans les RHS immédiates et de 38% (IQR, 22-51%) dans les RHS non immédiates
  • Les taux de récidive poolés par patient des RHS à des PCI pour lesquels les tests cutanés négatifs étaient de 7% (IC à 95%, 4-14%) pour les RHS immédiates et de 35% (IC à 95%, 19-55%) dans les RHS non immédiates.

 Conclusion :

  • Les tests cutanés peuvent être utiles pour le diagnostic et la prise en charge des patients avec une RHS aux PCI, en particulier chez les patients avec une RHS sévère immédiate.

Les RHS aux PCI sont considérées habituellement comme non allergiques, mais il y a des preuves croissantes que des réactions IgE médiées peuvent être partiellement impliquées dans les RHS immédiates (délai maximal d’une heure) et les RHS non immédiates (délai supérieur à une heure) à médiation cellulaire. Par contre, le rôle des tests cutanés allergologiques n’a pas été établi, et son utilisation en routine chez ces patients est toujours matière à débat.

Cette méta-analyse s’est donc intéressée au rôle des tests cutanés comme outil diagnostique pour rechercher l’agent responsable dans les RHS aux PCI, à partir de 21 études de la littérature.

Globalement, la positivité des tests cutanés a une valeur limitée aussi bien dans les RHS immédiates que non immédiates ; mais chez les patients avec une RHS immédiate sévère de type anaphylactique, les tests peuvent être utiles avec un taux poolé de tests positifs de 52%.

Il apparaît que les tests par IDR étaient majoritairement préférables aux prick-tests (PT), ces derniers étant rarement positifs en dehors de quelques cas de RHS non immédiates ; les tests étaient en très grande majorité bien tolérés, et les faux positifs rares ; l’analyse en sous-groupes montrait que deux facteurs affectaient le taux de positivité des tests : l’utilisation du PCI incriminé, et l’intervalle rapproché entre la RHS et la réalisation des tests.

Les taux de réactivité croisée des PCI étaient plus élevés dans les RHS non immédiates, ce qui pourrait être lié à une stimulation non spécifique ou une interaction pharmacologique avec les récepteurs immuns des PCI. Compte-tenu des bons résultats de la recherche d’alternatives par des PCI donnant des tests cutanés négatifs, en utilisant au moins quatre PCI, cette technique apparaît un outil utile pour détecter une réactivité croisée et trouver une alternative ultérieure.

Même si l’utilisation d’un PCI n’ayant pas de réactivité croisée par test cutané ne peut prévenir complètement la récidive d’une RHS, les tests peuvent donner aux praticiens une chance d’éviter des RHS sévères, même dans les cas de tests faussement négatifs, avec une efficacité en tout cas supérieure à une prémédication seule.

Les auteurs concluent que cette méta-analyse suggère que les tests cutanés aux PCI peuvent être un outil diagnostique utile pour apporter la preuve de la responsabilité d’un PCI, et aider à déterminer un PCI alternatif sans réactivité croisée chez les patients avec une RHS immédiate sévère aux PCI. Ceci est assez proche et en accord avec les recommandations européennes classiques sur l’intérêt des tests cutanés dans ce type d’HS très particulier compte-tenu de l’apport des examens avec des PCI en pratique clinique diagnostique. Tout en sachant que la responsabilité de l’utilisation d’un PCI en cas d’HS antérieure doit être discutée et décidée au cas par cas avec le patient, en tenant compte des autres moyens diagnostiques à disposition.

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