Quand la biologie part en croisade contre les tests de réintroduction alimentaires !

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Quand la biologie part en croisade contre les tests de réintroduction alimentaires !

Quand la biologie part en croisade contre les tests de réintroduction alimentaires !

vendredi 10 avril 2015, par Dr Céline Palussière

L’allergie au blé de l’enfant évaluée par les tests de réintroduction et les IgE spécifiques pour les composants allergéniques du blé. : Nilsson N, Sjölander S, Baar A, Berthold M, Pahr S, Vrtala S, Valenta R, Morita E, Hedlin G, Borres MP, Nilsson C.

Wheat allergy in children evaluated with challenge and IgE antibodies to wheat components.

dans Pediatr Allergy Immunol 2015 : 26 : 119–125.

 Introduction :

  • La sensibilisation au blé est fréquente mais la présence d’IgE spécifiques pour le blé n’est pas prédictive des symptômes cliniques chez les enfants ayant une suspicion d’allergie au blé.

 Méthodes :

  • Soixante trois enfants ayant un diagnostic d’allergie au blé établi par un médecin, ont confirmé leur sensibilisation au blé, soit avec réalisation un test de réintroduction par voie orale au cours d’un régime d’éviction du blé, soit avec une histoire clinique convaincante d’allergie récente au blé.
  • Les anticorps IgE pour l’ω-5 gliadine, la gluténine de bas poids moléculaire (gluténine BPM), la gluténine de haut poids moléculaire (gluténine HPM) et une préparation de gliadine native contenant des α-, β-, γ-, et ω-gliadines ont été analysés.

 Résultats :

  • Vingt-six enfants ont eu un test de réintroduction positif, et six enfants ont été considérés comme réellement allergiques au blé suite à des réactions anaphylactiques récentes.
  • Les taux d’IgE pour chacun des quatre composants était significativement plus élevés dans le groupe allergique au blé comparés au groupe n’ayant pas d’allergie au blé (p<0,0001).
  • De plus la sévérité des symptômes au cours du test était corrélée avec les taux d’IgE pour les quatre composants (p<0,05).
  • Les taux d’IgE pour l’ω-5 gliadine étaient le mieux corrélés avec les résultats du test de réintroduction, et avec l’analyse complémentaire des IgE spécifiques pour les gliadines, les gluténines de BPM et HPM, tous les enfants avec test de réintroduction positifs étaient identifiés.

 Conclusion :

  • Certains enfants allergiques au blé ont guéri de leur allergie et n’ont plus besoin d’un régime d’éviction du blé.
  • Les taux d’IgE pour les composants allergéniques issus du gluten sont corrélés avec les résultats des tests de réintroduction et la sévérité de l’allergie.

Les tests cutanés ou sanguins positifs dont on ne connaît pas la pertinence clinique sont fréquents. Chez les enfants notamment, la réalisation de bilans allergologiques larges met parfois en évidence des sensibilisations dont ont ne sait pas que faire.

En ce qui concerne le blé, les manifestations clinique de l’allergie sont diverses, de la dermatite atopique au choc anaphylactique en passant par les troubles digestifs.

Cette étude évalue l’intérêt du dosage des IgE spécifiques pour les principaux composants allergéniques du blé, au niveau moléculaire.

Les protéines les plus allergisantes viennent du gluten, qui contient des gliadines et des gluténines. Il existe aussi des sensibilisations possibles aux albumines, aux globulines, aux LTP...

Les allergènes évalués dans l’étude sont issus du gluten, avec un mélange de gliadines natives, l’ω-5 gliadine et les gluténines de haut et bas poids moléculaire.

La cohorte étudiée est de faible ampleur : 63 enfants, mais la méthodologie est fiable puisque l’allergie est prouvée soit par TPO, soit suite à une histoire clinique d’anaphylaxie au blé. Parmi eux, 31 enfants n’avaient aucune réaction : ils présentaient donc une sensibilisation non symptomatique.

Chez les 32 enfants considérés comme réellement allergiques au blé, les taux d’IgE pour les composants allergéniques étaient corrélés avec les résultats des tests de provocation et avec le degré de sévérité des réactions. L’analyse combinée des quatre allergènes permettait d’identifier tous les enfants réellement allergiques.

On voit donc tout de suite l’intérêt d’une prise en charge reposant sur un dosage sanguin plutôt que sur les tests de réintroduction, qui sont toujours lourds à mettre en œuvre et non dénués de risque.

Actuellement nous disposons en pratique de ville du seul dosage de l’ω-5 gliadine (ainsi que la LTP du blé, Tri a 14, mais dont la pertinence est faible du fait des réactions croisées). Certes il s’agit du dosage le mieux corrélé aux résultats des TPO, mais c’est vraiment l’analyse combinée des 4 allergènes qui offre les meilleures performances diagnostiques. On attend donc avec impatience un élargissement des tests unitaires disponibles pour le blé. Mais ça, les labos le savent déjà : parmi les auteurs figure un chercheur de chez ThermoFisher !

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