Les allergies infantiles sont comme chien et chat : un « pet » de travers ?

jeudi 21 mai 2015 par Dr Philippe Carré628 visites

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Les allergies infantiles sont comme chien et chat : un « pet » de travers ?

Les allergies infantiles sont comme chien et chat : un « pet » de travers ?

jeudi 21 mai 2015, par Dr Philippe Carré

Exposition au chat et au chien et allergie respective aux animaux de compagnie dans la petite enfance. : Pyrhönen K, Näyhä S, Läärä E.

Dog and cat exposure and respective pet allergy in early childhood.

dans Pediatr Allergy Immunol 2015 : 26 : 247–255.

 Contexte :

  • L’association entre une exposition au chien et au chat dans la petite enfance et l’incidence des allergies respectives reste controversée
  • Le but de cette étude était d’obtenir des données claires basées sur des études de population sur l’association entre une exposition précoce au chien ou au chat, ou les deux, et les allergies au chien et au chat.

 Méthodes :

  • L’étude de population a été identifiée à partir du registre national de population comprenant tous les enfants âgés de 1 à 4 ans (n=4779) nés entre 2001 et 2005 et vivant dans la province de Carélie du Sud, en Finlande
  • Les données d’un questionnaire transversal sur l’exposition aux animaux de compagnie dans l’enfance et les allergies aux animaux de compagnie, diagnostiquées par un médecin, ont été obtenues chez 3024 participants et fusionnées avec les données longitudinales collectées sur les IgEs et les prick tests cutanés, témoignant d’une sensibilisation allergique, chez les patients enregistrés dans cette zone.

 Résultats :

  • L’incidence relative ajustée des résultats des tests positifs (avec des intervalles de confidence de 95%) était respectivement de 2.69 (1.45-5.02) pour le chien et 5.03 (2.47-10.2) pour le chat parmi les enfants exposés à un seul animal de compagnie, par comparaison aux enfants sans exposition
  • Les odds ratio de la prévalence ajustée pour l’allergie diagnostiquée au chien et au chat étaient respectivement de 1.75 (0.77-3.79) et de 5.13 (2.30-11.4)
  • L’association entre l’exposition aux animaux de compagnie et l’incidence des tests positifs était indépendante des allergies des parents.

 Conclusions :

  • L’exposition précoce au chien et au chat à la maison est associée avec une incidence respective plus élevée d’allergie aux animaux de compagnie pendant les quatre premières années de vie
  • Des données supplémentaires à partir d’études de population avec un suivi plus long sont nécessaires pour justifier de recommandations concernant les contacts précoces avec les animaux de compagnie, en vue de prévenir les allergies aux animaux de compagnie dans la vie ultérieure.

Dans cette étude de population finlandaise évaluant des enfants âgés de 1 à 4 ans en vue de rechercher le lien entre l’exposition au chien et au chat dans leur petite enfance (n=3024) et la survenue ultérieure d’allergies à ces animaux, les résultats montrent que 47% des enfants ont été exposés ; que l’incidence des tests positifs (prick-tests cutanés et/ou IgEs) pour le chien était 2.7 fois plus élevée chez les enfants exposés, et 5 fois plus pour le chat, que les enfants non exposés ; que la prévalence de l’allergie diagnostiquée au chat était 5 fois plus élevée chez les enfants exposés uniquement au chat, et 1.75 fois plus élevée pour l’exposition isolée au chien, par rapport aux enfants non exposés. Par ailleurs, l’incidence d’un test positif aux allergènes de chien ou de chat était plus élevée et débutait plus précocement chez les enfants exposés.

Il est clair dans cette étude que l’exposition précoce au chien ou au chat est associée à un risque plus élevé à la fois de sensibilisation et de diagnostic d’allergie à ces animaux, de façon plus importante pour le chat, et ce indépendamment des allergies parentales à ces animaux.

On ne peut exclure des biais dans cette étude, les tests diagnostiques ont été réalisés dans différents centres ou laboratoires, et que souvent soit les tests cutanés soit les IgE ont été réalisés, ce qui a pu engendrer des erreurs de classification ; par ailleurs l’exposition précise (en terme de concentration) n’a pas été évaluée ; enfin la durée de suivi a été courte (4 ans).

Parmi les nombreuses études faites sur ce sujet, des résultats contradictoires ont été obtenus (lien positif entre exposition et allergie dans certaines études, lien au contraire protecteur dans d’autres, voire absence de toute corrélation) ; celle-ci est donc en faveur d’un lien positif ; de plus les auteurs évoquent la possibilité que l’exposition au chien puisse protéger contre la sensibilisation au chat, soit par concentrations compétitives des allergènes, soit par réactivités croisées, soit par des facteurs de vie particuliers associés à l’exposition de chaque animal de compagnie.

Des études de population avec un suivi beaucoup plus long sont nécessaires pour confirmer ces données et envisager des recommandations pratiques à visée préventive en pratique clinique.

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