Avoir des IgE ou pas protège-t-il de l’allergie (ou de l’hypersensibilité ) alimentaire ?

mardi 9 février 2016 par Dr Philippe Carré1379 visites

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Avoir des IgE ou pas protège-t-il de l’allergie (ou de l’hypersensibilité ) alimentaire ?

Avoir des IgE ou pas protège-t-il de l’allergie (ou de l’hypersensibilité ) alimentaire ?

mardi 9 février 2016, par Dr Philippe Carré

Incidence et facteurs de risque de l’hypersensibilité alimentaire chez les enfants au Royaume Uni : résultats d’une étude de cohorte de naissance. : Kate E. C. GrimshawEmail authorView ORCID ID profile, Trevor Bryant, Erin M. Oliver, Jane Martin, Joe Maskell, Terri Kemp, E. N. Clare Mills, Keith D. Foote, Barrie M. Margetts, Kirsten Beyer and Graham Roberts

dans Clinical and Translational Allergy20166:1
DOI : 10.1186/s13601-016-0089-8

 Contexte :

  • La prévalence de l’hypersensibilité alimentaire (HA) au Royaume Uni est toujours grandement ouverte à discussion
  • De plus, sa physiopathologie n’est pas claire non plus ; bien qu’on sache qu’il existe plusieurs phénotypes
  • Déterminer sa prévalence et identifier les facteurs associés à son développement aideront à mesurer son importance clinique à l’échelon national et facilitera le débat sur les stratégies de prévention appropriées.

 Méthodes :

  • Une étude de population basée sur une cohorte de naissance a été conduite dans le Hampshire au Royaume Uni, dans le cadre de l’étude de cohorte de naissance EuroPrevall
  • 1140 enfants ont été recrutés, dont 823 ont été suivis jusqu’à l’âge de 2 ans
  • Les enfants avec une suspicion de réaction alimentaire ont été évalués par une mesure des IgE spécifiques et des prick-tests cutanés (PTC)
  • Le diagnostic d’HA était confirmé par un test de provocation alimentaire positif contrôlé, contre placebo et en double aveugle (TPACDA), où les symptômes survenant jusqu’à 48h après la fin du test étaient considérés comme indicateurs d’une HA
  • Les facteurs associés à l’HA et ses deux phénotypes de maladie médiée ou non médiée par les IgE étaient modélisés dans une analyse de régression logistique multivariée.

 Résultats :

  • L’incidence cumulative de l’HA à l’âge de 2 ans était de 5%
  • L’incidence cumulative pour les allergènes individuels était de 2.7% pour l’oeuf de poule (1.6-3.8), 2.4% pour le lait de vache (1.4-3.5), 0.7% pour l’arachide (0.1-1.3), 0.4% pour le soja (0.0-0.8), 0.2% pour la farine (0.0-0.5) et 0.1% pour le poisson (0.0-0.32)
  • L’incidence cumulative de l’HA médiée par les IgE était de 2.6%, dont 2.1% ayant une réaction à l’oeuf
  • Pour l’HA non médiée par les IgE, l’incidence cumulative était de 2.4% (1.7% au lait de vache)
  • Les symptômes prédictifs de toute HA étaient les sifflements, l’atopie maternelle, un âge gestationnel plus élevé, l’âge de la première introduction d’un aliment solide, et le score moyen du régime alimentaire équilibré
  • Les éléments prédictifs d’une allergie IgE médiée étaient l’eczéma, la rhinite et le score alimentaire moyen, alors que dans l’allergie alimentaire non IgE médiée les éléments prédictifs étaient la présence d’un chien à la maison, la consommation maternelle de probiotiques pendant l’allaitement et l’âge de la première introduction alimentaire solide.

 Conclusions :

  • Un peu moins de la moitié des enfants ayant une HA confirmée n’avaient pas d’IgE détectées
  • Dans une analyse exploratoire, les facteurs de risque de ce phénotype d’HA étaient différents du phénotype d’allergie alimentaire IgE médiée, excepté pour un régime équilibré de l’enfant qui était associé à un moindre risque pour les deux phénotypes.

Dans cette étude anglaise de cohorte de naissance de 1140 enfants, les auteurs ont trouvé que l’incidence cumulative des tests de provocation alimentaires (TPA) positifs confirmait l’existence d’une hypersensibilité alimentaire (HA) chez 5% des enfants à l’âge de 2 ans (2.6% de réactions médiées par les IgE, et 2.4% de réactions non IgE).

Cette incidence est un plus élevée que dans d’autres études, ce qui est dû probablement à des différences méthodologiques amenant, dans ces études, à sous-diagnostiquer les réactions non médiées par les IgE.

La positivité du TPA était liée, dans l’ordre décroissant, à l’œuf, le lait, l’arachide, le soja, la farine et le poisson.

L’intérêt de cette étude est aussi d’avoir évalué :

  • les symptômes prédictifs pour les deux phénotypes d’HA : sifflements, atopie maternelle, gestation, âge d’introduction des aliments solides et type de régime alimentaire
  • les éléments prédictifs d’une allergie alimentaire IgE médiée (l’eczéma, rhinite et score alimentaire moyen), et d’une allergie alimentaire non IgE médiée (présence d’un chien à la maison, consommation maternelle de probiotiques pendant l’allaitement et âge de la première introduction alimentaire solide).

Un régime alimentaire équilibré était identifié comme étant protecteur contre le développement d’une allergie alimentaire, probablement par l’effet immuno-modulateur des nutriments (vitamine C, bétacarotène, folates, oligo-saccharides) compris dans les fruits et les légumes de ce régime, ainsi que par la préparation à domicile des aliments (qui peuvent avoir une charge microbienne plus élevée que les préparations commerciales, et offrir ainsi une protection contre l’allergie selon « l’hypothèse hygiéniste »).

Cette étude suggère donc que différents facteurs peuvent affecter le développement des réactions alimentaires IgE et non IgE dépendantes chez les nourrissons et les jeunes enfants ; cette analyse exploratoire doit être confirmée dans d’autres cohortes, notamment par l’analyse des résultats des autres centres inclus dans l’étude EuroPrevall.

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