Un train peut en cacher un autre...

vendredi 14 février 2003 par Dr Philippe Carré2026 visites

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Un train peut en cacher un autre...

Un train peut en cacher un autre...

vendredi 14 février 2003, par Dr Philippe Carré

La rhinite allergique est associée de façon fréquente à une maladie asthmatique, qui peut rester silencieuse si les symptômes nasaux prédominent et masquent les manifestations asthmatiques quand celles-ci restent légères et infra-cliniques. Existe-t-il un test fiable qui permette une distinction de ces patients ?

Analyse discriminante dans la rhinite allergique et l’asthme : la pente dose/réponse à la métacholine permet une distinction correcte entre l’asthme léger et la rhinite. : Alvarez-Puebla MJ, Garcia-Figueroa BE, Tabar-Purroy AI, Olaguibel-Rivera JM. Department of Allergy, Hospital Virgen del Camino, Pamplona, Spain. jmolaguibel@telefonica.net dans Respir Med 2003 Jan ;97(1):30-6

 Contexte. L’asthme et la rhinite coexistent souvent chez les patients allergiques, mais les symptômes nasaux peuvent prédominer et conduire à un sous-diagnostic et un sous-traitement de l’asthme. Une analyse discriminante permet une bonne distinction entre les groupes en utilisant une ou un ensemble de variables.

 But de l’étude. Identifier le test de laboratoire (exposition allergénique, IgE totales et spécifiques, fonction pulmonaire, éosinophilie sanguine, réponse bronchique et sensibilité à la métacholine (M) et à un allergène) ou une combinaison de tests qui permette la meilleure distinction entre l’asthme léger et la rhinite.

 Méthode.
* Une analyse croisée a été effectuée chez 86 patients avec une rhinite allergique à Dermatophagoides pteronyssinus (DP), qui ont été séparés sur des critères cliniques entre rhinite avec asthme léger (n=62) ou rhinite pure (n=24).
* Les symptômes bronchiques avaient été évalués au cours d’une période de pré-inclusion de 2 ans.
* Les patients ont eu des tests cutanés et un test de provocation à la M et à l’allergène.
* L’exposition à DP a été quantifiée dans des échantillons de poussière.
* Les courbes dose/réponse à la M (jusqu’à une baisse de 40% du VEMS ou une inhalation de la dose maximale : 200 mg/ml) ont été réalisées.
* Les auteurs ont développé des modèles multiples d’analyse discriminante de façon à évaluer la capacité des différentes variables à différencier les groupes.

 Résultats.
* Les asthmatiques avaient des taux d’IgE totales et spécifiques plus élevées et une plus grande sensibilité et réponse à la métacholine et à l’allergène.
* Le modèle prenant en compte ces variables a été celui qui classifiait correctement le plus de patients (79.2 %).
* La puissance discriminative du modèle qui incluait seulement les valeurs de la pente dose/réponse à la M était la même (78.8 %).
* La réponse bronchique à la M était quantitativement différente chez les rhinitiques avec asthme léger comparés à ceux avec rhinite pure, suggérant un potentiel intrinsèque bronchique différent.

 Conclusion.
* L’utilisation de courbes dose/réponse complètes à la M permet une bonne distinction entre asthme léger et rhinite pure, et pourrait être utile dans le diagnostic de l’asthme léger.
* Savoir si la détection précoce et le traitement de ces patients prévient le développement de l’asthme symptomatique nécessite des travaux complémentaires.


Comment diagnostiquer un asthme infra-clinique chez un patient consultant pour des symptômes de rhinite allergique ?

Parmi les tests complémentaires à disposition, la pente de la courbe dose/réponse à la métacholine apparaît dans cette étude comme le critère le plus déterminant, ce qui n’est pas étonnant puisque l’hyperréactivité bronchique est la caractéristique de l’immense majorité sinon tous les asthmatiques.

Le problème non résolu d’après les auteurs est de savoir si cette recherche a un intérêt, dans la mesure où les conséquences pratiques en sont incertaines : prendre en charge ces patients peut-il permettre de prévenir le développement ultérieur de leur maladie bronchique ?

La réponse est probablement oui, car des études antérieures (entre autres réalisées par l’équipe de Bousquet, mais aussi dans le cadre d’une étude multicentrique européenne) ont montré que la prise en charge précoce par immunothérapie d’enfants au stade de rhinite modifiait l’histoire naturelle de la maladie allergique et diminuait la fréquence d’apparition de la maladie asthmatique à l’adolescence.

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