La biologie moléculaire, dure pour la tête mais bien pour le nez !

mardi 25 mars 2003 par Dr Stéphane Guez2409 visites

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La biologie moléculaire, dure pour la tête mais bien pour le nez !

La biologie moléculaire, dure pour la tête mais bien pour le nez !

mardi 25 mars 2003, par Dr Stéphane Guez

La rhinite allergique pose encore de sérieux problèmes thérapeutiques, de nombreux patients n’étant pas suffisamment améliorés par les anti-histaminiques et les corticoïdes. Il faudrait bloquer la réaction allergique à son niveau le plus haut c’est-à-dire dés la production d’IL4. Cela est-il possible ?

Modulation de la réponse allergique de la muqueuse nasale par un oligodeoxynucleotide antisens de l’IL4. : Pierre-Olivier Fiset, BSca Abdelilah Soussi-Gounni, PhDa Pota Christodoulopoulos, PhDa Meri Tulic, PhDa Steven E. Sobol, MDa Saul Frenkiel, MDb François Lavigne, MDc Bouchaib Lamkhioued, PhDc Qutayba Hamid, MD, PhDa From aMeakins-Christie Laboratories, McGill University, Montreal ; bSir Mortimer B. Davis-Jewish General Hospital, Montreal ; and cNôtre-Dame Hospital, Montreal. dans JACI March 2003, part 1 • Volume 111 • Number 3

La cytokine IL4 est très impliquée dans l’inflammation de type TH2, comme par exemple la rhinite allergique.

L’IL4 peut induire la synthèse d’IgE et d’éotaxines.

Des études récentes ont montré que la stimulation de la muqueuse nasale allergique avec l’antigène du ragweed peut induire la production locale d’ARNm de l’IL4.

 Objectif : les auteurs ont cherché à savoir si un oligodeoxynucléotide modifié par phosphorothioate (PS-ODNs) et antisens d’IL4 pourrait inhiber la production d’IL4, et en aval diminuer les manifestations liées à l’IL4.

 Méthode :
* Des biopsies de muqueuses nasales ont été obtenues de patients ayant une allergie saisonnière au ragweed mais avec prélèvements hors saison.
* Elles ont été incubées avec ou sans PS-ODNs, et stimulées avec du ragweed. Un marquage fluorescent des oligonucléotides à été utilisé pour visualiser la fixation tissulaire. Par immunocytochimie, la production cellulaire d’IL4, d’IL13, d’éotaxine 1, d’IFN gamma a été mesurée, et par hybridation in-situ, la transcription d’ARN, et ARNm de l’IL4, des cellules positives ont été étudiés.

 Résultats :
* Le PS-ODNs antisens est capté par les tissus, et après une pré incubation du tissu avec le PS-ODNs antisens de l’IL4, on observe une diminution de l’ARNm de l’IL4 induite par l’allergène, et une diminution de la quantité d’immunoréactivité à l’IL4 (n=7, p<0.001).
* Le PS-ODNs a un effet inhibiteur sur la transcription d’ARN induite par l’allergène (n=7, p<0.001) et sur l’immuno-réactivité de la muqueuse à l’éotaxine 1 (n=7, p<0.05).
* En contraste le PS-ODNs augmente la quantité de réactivité à l’IFN gamma (n=7 ; p<0.05) suggérant un mécanisme non spécifique de réduction de la synthèse d’IgE et d’éotaxines.

 Conclusions : Ces résultats montrent que le PS-ODN antisens d’IL4 inhibe effectivement l’IL4, la synthèse d’IgE et d’éotaxines, principaux médiateurs de l’inflammation allergique, suggérant que le PS-ODNs pourrait être un traitement topique possible de la rhinite allergique.


Dans cette étude les auteurs ont pu in vitro, sur des biopsies de muqueuses nasales de patients ayant une rhinite allergique, bloquer l’action de l’IL4 en interférant avec la lecture de l’ARN messager de cette cytokine entraînant une diminution de la synthèse d’IgE et d’éotaxines.

Cette étude ouvre une perspective nouvelle dans la prise en charge de la rhinite allergique, avec une possibilité de traitement intervenant à un niveau génique.

Une molécule leurre antisens bloque la transmission du message du gène codant pour l’IL4, empêchant la synthèse de cette molécule.

Il s’agit d’une manière élégante d’inhiber l’action de l’IL4, avec diminution de la production d’IgE mais aussi d’éotaxines qui sont des molécules chimiotactiques très importantes pour attirer les éosinophiles. Ce traitement est donc bien anti-allergique.

Il s’agit d’une voie de recherche qui semble donc intéressante, mais qui ne devrait aboutir à une perspective de traitement chez l’homme que dans quelques années.

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