Diagnostic précoce de l’allergie chez l’enfant : le rôle du médecin de famille.

jeudi 12 juin 2003 par Dr Hervé Masson54843 visites

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Diagnostic précoce de l’allergie chez l’enfant : le rôle du médecin de famille.

Diagnostic précoce de l’allergie chez l’enfant : le rôle du médecin de famille.

jeudi 12 juin 2003, par Dr Hervé Masson

L’académie européenne d’allergologie (EAACI) lance une campagne d’information sur l’impérieuse nécessité de diagnostiquer le plus tôt possible l’allergie. La plaquette que nous avons traduite ici pour les médecins de famille répond parfaitement aux questions qu’ils peuvent se poser sur l’intérêt du diagnostic précoce de l’allergie. (Site de l’EAACI)


Diagnostic précoce chez l’enfant

Qu’est ce que le médecin de famille doit savoir  ?

Trop
d’enfants souffrant de maladies allergiques sont diagnostiqués trop tard

 

Est-ce que les maladies allergiques sont fréquentes chez les enfants européens ?

Les maladies allergiques sont une des causes principales de morbidité
dans les pays occidentaux et leur prévalence semblent être croissante
dans certaines régions d’Europe.

Dans la plupart des pays européens, la prévalence des symptômes
d’asthme a doublé chez les enfants du milieu des années 70 au
milieu des années 90.

Ceci porte donc la proportion d’enfants atteints entre 5 et 20 % de la population
en fonction du groupe d’âge. Les enfants et les adolescents sont les plus
touchés.

Les maladies allergiques sont donc la pathologie infantile la plus fréquente
dans les pays de l’union européenne à ce jour. Dans certains pays,
un enfant sur quatre est touché. Toutefois, la prévalence de l’allergie
varie beaucoup selon les pays européens.

Dans les 10 à 20 ans à venir, les maladies allergiques vont s’étendre
à toute l’Europe ce qui va conduire à de nouveaux besoins en terme
de santé publique dans les pays de la communauté européenne.

Comment démarre une maladie allergique et qu’en est-il de "la marche de l’allergie" ?

Chez le nourrisson, les atteintes principales pouvant signer une allergie sont
la dermatite atopique, les symptômes gastro-intestinaux et les sifflements
respiratoires récidivants. Plus tard dans l’enfance, on pourra retrouver
de l’asthme, de la rhinite et de la conjonctivite allergique. Les allergies
alimentaires, principalement avec le lait de vache et l’œuf, surviennent
habituellement dans les premières années de la vie. L’allergie
aux aéro-allergènes apparaît souvent plus tard.

La présence d’IgE spécifiques (contre l’œuf ou le lait)
chez le nourrisson présage d’une sensibilisation aux aéro-allergènes
avant l’âge de 7 à 10 ans. Cependant, un taux bas d’IgE spécifique
aux différents allergènes - alimentaires comme aéro-allergènes
- est un phénomène normal, surtout chez le nourrisson et peut
ne pas avoir de signification clinique. L’eczéma apparaissant tôt
dans la vie semble aussi être un indicateur prédictif d’apparition
d’asthme plus tard dans l’enfance.

Les premiers symptômes de la maladie allergique peuvent être assez
modérés, par exemple un eczéma et/ou une bronchite avec
des sifflements. Certains enfants, surtout ceux sans antécédents
familiaux, ne sont pas dépistés alors. Pourtant, beaucoup d’enfants
qui ont eu de l’eczéma ou des sifflements respiratoires récidivants
dans la prime enfance sont susceptibles d’être atteints d’un eczéma
persistant, d’asthme ou de rhume des foins plus tard dans l’enfance. Le mécanisme
selon lequel certains symptômes allergiques, ou la présence de
tests positifs, prédisent d’autres pathologies allergiques ultérieures
est appelé "la marche de l’allergie".

Quels sont les chances pour que la maladie reste modérée ou que l’enfant la voit disparaître en grandissant ?

Les maladies allergiques peuvent devenir chroniques, créant à
la fois un handicap physique et social. Beaucoup des enfants souffrant d’allergie
sont dépistés tardivement du fait de retards inhérents
à leurs parents ou leurs médecins. Comme un diagnostic correct
est le préalable indispensable à la compréhension de la
maladie et qu’un traitement adapté , initié précocement,
peut avoir de l’influence sur la sévérité de la pathologie,
il est impératif d’utiliser les outils de diagnostic les plus performants.
Dans ce contexte, les tests allergologiques sont la pierre angulaire de la "batterie
diagnostique".

Pourquoi est-il nécessaire de réaliser des tests cutanés ?

Tous les enfants ayant des symptômes d’allergie n’ont pas besoin de tests
mais ils sont nécessaires quand les symptômes faisant craindre
l’allergie persistent. Comme nous le savons, les allergènes de l’environnement
ne peuvent pas tous être complètement évités, particulièrement
ceux émis par les plantes (les pollens). Cependant, si un enfant
est allergique à un allergène d’une espèce particulière,
la diminution de l’exposition améliorera sa santé.

Pourquoi les enfants avec des symptômes évoquant l’allergie doivent-ils être testés ?
  • Pour identifier précocement ceux qui sont à risque de
    développer plus tard une maladie allergique.
  • Pour un traitement spécifique de l’allergie :
    • Mesures d’éviction spécifiques d’allergènes,
    • Traitement médicamenteux adapté,
    • Vaccination allergènique spécifique
  • La deuxième raison de tester l’enfant est d’obtenir un instantané
    de son état atopique. Cela fournit une information qui sera communiquée
    aux parents et à l’enfant.
    Cela vous aidera, ainsi que les parents, à en savoir plus sur la maladie
    et ainsi savoir quoi faire, comment traiter etc…
    Améliorer la connaissance des parents sur la maladie augmente leur responsabilisation
    et ainsi conduit à une meilleure observance. Tout ceci est important
    pour la santé et la qualité de vie présentes de l’enfant
    et de sa famille et ceci peut influer sur le reste de la vie de l’enfant.

    Qui devrait bénéficier de tests allergologiques ?

    En règle générale, tout enfant avec des symptômes
    "potentiellement allergiques" sévères, persistants ou
    répétitifs ou quiconque chez qui un traitement préventif
    permanent est nécessaire, devrait bénéficier de tests allergologiques,
    sans aucune restriction d’âge. Il faut tordre le cou à l’idée
    reçue que les nourrissons ou les jeunes enfants ne peuvent pas être
    testés. Il n’existe pas d’âge minimum. La seule limitation étant
    plutôt d’utiliser le test adapté au dépistage de ce que
    l’on cherche.

    Principales indications des tests cutanés :
    Symptômes
    Indications
    Symptômes gastro-intestinaux : vomissements, diarrhée, coliques, troubles de croissance.
    Symptômes persistants ou intermittents sans aucune autre raison, surtout lorsqu’il existe d’autres signes d’atopie.
    Dermatite atopique.
    Symptômes persistants ou liés à des contacts allergèniques, surtout lorsqu’il existe d’autres signes d’atopie.
    Urticaire/angio-œdème aigu
    Cas sévères et/ou suspects d’allergie
    Urticaire chronique
    Urticaire durant plus de 6 semaines.
    Enfants de moins de 3 à 4 ans avec des sifflements respiratoires répétés ou asthme
    Symptômes persistants et nécessitant un traitement quotidien.
    Enfants avec épisodes traînants de toux/sifflements/dyspnée particulièrement lorsqu’ils surviennent au cours des activités de jeux ou physiques ou durant la nuit, et les enfants avec une activité physique réduite ou de fréquentes pneumonies sans autre cause connue.
    Enfants de plus de 3 à 4 ans avec de l’asthme

    Ils devraient toujours bénéficier de tests allergologiques
    vis-à-vis d’allergènes adaptés.
    Une rhinite devrait toujours être recherchée.

    Rhinite
    Dans les cas résistants au traitement.
    Recherche d’un asthme concomitant.
    Conjonctivite
    Dans les cas résistants au traitement.
    Réactions aux piqûres d’insectes
    Seuls les enfants ayant présenté des réactions systémiques sévères grade III-IV devraient être testés.
    Les réactions locales ou urticariennes ne sont pas une indication des tests cutanés.
    Anaphylaxie
    Devrait toujours être explorée sous surveillance spécialisée.

    Tests allergologiques en pratique - Quels tests pourrait être adaptés en pratique générale  ?

     

    Il est possible de réaliser aussi bien des tests cutanés que
    des dosages d’IgE. Vous n’avez pas à vous préoccuper de celui
    qui est le meilleur. Il est beaucoup plus utile pour vous, médecin de
    famille, de choisir et d’utiliser correctement l’un d’entre eux. Le taux d’IgE
    spécifiques présente l’avantage qu’il est corrélé
    fortement avec la maladie allergique. L’avantage des tests cutanés est
    qu’ils sont réalisables facilement et qu’ils donnent un résultat
    immédiat au patient.

    En pratique courante, beaucoup des enfants ayant une sensibilisation isolée,
    de faible intensité, n’ont pas de symptômes cliniques d’allergie
    ce qui diminue la pertinence des faibles taux d’IgE. Ainsi, un faible taux d’IgE
    a souvent peu de signification et la pratique des tests cutanés n’en
    dira, d’ailleurs, pas plus.

    L’exploration allergologique peut inclure les éléments suivants :
    • Histoire clinique
    • Détermination de la sensibilisation
      IgE dépendante
      • IgE spécifiques sériques
      • Tests cutanés en prick
    • Épreuves de provocation allergèniques.
      • Allergie alimentaire
      • Allergie respiratoire
    • Autres tests
    • Explorations de l’environnement.

    Que pourrais-je utiliser dans mon panel d’allergènes ?

     

    Normalement, peu d’allergènes sont nécessaires pour se faire
    une bonne idée de l’impact de l’allergie dans les symptômes de
    l’enfant. C’est, en fait, car de nombreux allergènes d’espèces
    proches sont biologiquement liés. Par exemple, si l’enfant réagit
    à la saison des pollens, il est souvent suffisant de le tester avec seulement
    une seule espèce de graminées. Quand on utilise le dosage des
    IgE, les allergènes sont disponibles soit isolés soit présents
    dans des mélanges. De même, pour les tests cutanés, l’utilisation
    d’allergènes isolés ou de mélanges sera choisie en fonction
    de l’âge et des symptômes.

    Exploration allergologique en fonction
    de l’âge et des symptômes.

    Le panel d’allergènes utilisé sera adapté en fonction
    de la symptomatologie allergique et des conditions environnementales
    intérieures et extérieures.

    Ce qu’il faut tester en fonction
    de l’âge
    .

    Maladie / Symptômes
    Moins de 3 à 4 ans
    Plus de 3 à 4 ans
    Dermatite atopique

    Aliments (pour la dermatite atopique associée à une
    allergie alimentaire)

    • Lait de vache
    • Blanc d’œuf
    • (arachide, farine de blé, noix, poisson etc…)

    Aéro-allergènes (pour évaluer le risque atopique)

    • Acariens
    • Chat, chien et autres animaux à poils.
    • Pollens.

    Aliments (en cas de dermatite atopique sévère et persistante
    pour rechercher une allergie alimentaire associée à la dermatite
    atopique)

    • Lait de vache.
    • Blanc d’œuf
    • Arachide
    • (farine de blé, noix, poisson etc..)

    Aéro-allergènes (pour une dermatite atopique associée
    à ces allergènes)

    • Acariens
    • Chat, chien et autres animaux à poils

    Aéro-allergènes (pour évaluer le risque atopique)

    • Acariens
    • Chat, chien et autres animaux à poils
    • Pollens
    Écoulement et obstruction nasale et/ou sifflements respiratoires et toux persistante

    Pour un diagnostic spécifique de l’allergène :

    • Acariens
    • Chat, chien et autres animaux à poils
    • Pollens
    • Autres


    Est-ce qu’un test, une seule fois, est suffisant ?

     

    Les tests d’allergie sont considérés comme onéreux. Cependant,
    ce n’est pas le cas si l’on considère que le fait qu’une fois la maladie
    allergique installée, elle l’est pour la vie entière de nombreux
    enfants. Pour la majorité de ceux qui sont allergiques, un test en une
    seule fois pourra être suffisant. Chez les enfants avec une allergie installée,
    certaines circonstances imposeront la répétition du bilan allergologique
    pour suivre la progression de la maladie.

    En conclusion

     

    La mise en application des recommandations sur les tests allergologiques chez
    l’enfant différeront selon les pays, en fonction des diverses organisations
    professionnelles et du niveau de formation en allergologie. En général,
    une bonne éducation à l’allergologie est assurée. De plus,
    le renforcement de la coopération entre les spécialistes hospitaliers
    ou libéraux, les médecins de famille et les paramédicaux
    est recommandée pour le bien du patient. Cela signifiera aussi que le
    bon enfant recevra le bon test au bon moment
    pour lui assurer le traitement
    reconnu de sa maladie allergique.

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