Lettre ouverte aux fabricants d’hydrolysats de protéines du lait de vache : des améliorations sont encore possibles !

samedi 6 septembre 2003 par Dr Dominique Marchand13432 visites

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Lettre ouverte aux fabricants d’hydrolysats de protéines du lait de vache : des améliorations sont encore possibles !

Lettre ouverte aux fabricants d’hydrolysats de protéines du lait de vache : des améliorations sont encore possibles !

samedi 6 septembre 2003, par Dr Dominique Marchand

SI la sûreté des hydrolysats de protéines prescrits dans l’allergie au lait de vache n’est plus à démontrer, leur valeur nutritionnelle est-elle équivalente tant sur le plan quantitatif que qualitatif ? Cette étude comparant divers modes d’alimentation (maternel, lait artificiel non hydrolysé ou à base d’hydrolysat) va nous répondre

Evaluation nutritionnelle (acides aminés plasmatiques, hématologie, oligoéléments) des laits à base d’hydrolysat de protéines chez les enfants sains nés à terme : Hernell O, Lonnerdal B. Department of Clinical Sciences, Pediatrics, Umea University, Umea, Sweden dans Am J Clin Nutr. 2003 Aug ;78(2):296-301.

 Contexte : les laits à base d’hydrolysats de protéines sont destinés aux enfants allergiques. La plupart des études sur les hydrolysats sont centrées sur leur action sur l’allergie sans se préoccuper de leur capacité à assurer un statut nutritionnel normal.

 Objectifs : comparer les aminoacidogrammes, l’urée plasmatique et le statut en oligoéléments entre les enfants nourris au sein, avec un hydrolysat et un lait classique.

 Type d’étude :
* entre 6 semaines et 6 mois, les enfants furent nourris au lait maternel ou avec des formules classiques (FC), un des 2 laits à base d’hydrolysat de caséine disponibles( HC-1 ou HC-2) ou un hydrolysat de lactosérum (HL).
* Les mesures anthropométriques furent notées mensuellement, des échantillons sériques prélevés à 6 semaines et 6 mois.
* Les acides aminés sanguins, l’urée sanguine, les index hématologiques, le zinc plasmatique, le cuivre plasmatique ont été analysés.

 Les résultats :
* il n’y avait pas de différence significative en hémoglobine, pour le taux du récepteur plasmatique de la transferrine, les taux de cuivre ou zinc plasmatique.
* Les taux de ferritine plasmatique étaient significativement plus bas chez les enfants nourris avec un hydrolysat de caséine que dans les autres groupes.
* Les enfants nourris avec l’hydrolysat de caséine HC-2 possédaient de façon significative des taux plus élevés d’urée sanguine par rapport aux autres groupes.
* Les taux de thréonine, valine, phénylalanine, méthionine, et tryptophane plasmatiques étaient significativement plus élevés dans les groupes nourris avec un hydrolysat par rapport au groupe nourri au sein.
* Les taux de tyrosine étaient significativement plus bas chez les enfants nourris avec un hydrolysat de caséine par rapport au groupe nourri au sein, tandis que les taux d’arginine étaient significativement plus élevés dans le groupe hydrolysat de lactosérum par rapport à l’ensemble des autres groupes.
* Les taux plasmatiques en proline étaient plus bas tandis que les taux de thréonine et tryptophane plus élevés dans le groupe nourri avec un hydrolysat de lactosérum HL par rapport aux groupes hydrolysats de caséine HC.

 Conclusions :
* le statut martial (stock de fer) des enfants nourris avec un hydrolysat de caséine était plus bas que dans les autres groupes.
* Les quantités d’acides aminés fournies par les hydrolysats apparaissent excessives comparées aux formules classiques, ce qui se reflète dans le taux d’urée sanguine (formule HC-2) et les valeurs élevées en concentration en aminoacides plasmatiques.
* Une teneur réduite et plus équilibrée en aminoacides contenue dans les hydrolysats pourrait être bénéfique.


Sachant que 2.5% de la population pédiatrique de moins de 2 ans présente une allergie aux protéines du lait de vache et que le choix d’un hydrolysat de caséine ou lactosérum va s’imposer, il est important de pouvoir affirmer que l’alternative proposée aura la même valeur nutritionnelle protéinique à ration égale tant sur le plan quantitatif (g de protéines ou peptides 100g de poudre ) que qualitatif (le spectre ou la balance en acides aminés essentiels car non synthétisables par l’organisme) et n’induira pas de carence en fer ou oligoéléments.

Les méthodes ici développées (sur une population d’enfants dont nous ignorons le nombre dans l’abstract) permettant d’évaluer l’état nutritionnel et réaliser une analyse statistique sont basées sur le relevé des mesures anthropométriques, des index hématologiques, les aminoacidogrammes, les dosages du cuivre et zinc plasmatiques.

En ce qui concerne les mesures anthropométriques ou auxologiques, on peut supposer que les auteurs ne se sont pas arrêtés à poids et taille d’autant que le statut nutritionnel dépend également en grande partie de l’apport lipidique apprécié par l’indice de masse corporelle (P/T2), le pli cutané tricipital.

Les enseignements de l’étude :
* 1° : si l’on considère le taux sérique de la ferritine (reflet du stock de fer) comme un index hématologique, ce dernier est significativement abaissé dans la population nourrie avec un hydrolysat de caséine, par rapport aux autres solutions (lait maternel, lait classique, hydrolysat du lactosérum) contrairement aux taux d’hémoglobine et du récepteur soluble de la transferrine. Une supplémentation martiale, facile à mettre en œuvre sauf diarrhée chronique ou mauvaise tolérance, est donc bienvenue ; l’explication à une telle situation n’est pas aisée puisque le taux de fer relevé dans des formules représentatives distribuées en France et dans les reste du monde est de 9mg/ 100g poudre pour les laits à base d’hydrolysat de caséine contre 7mg /100g l pour un hydrolysat de lactosérum.
* 2° : ll n’existe pas de différence significative pour les oligoéléments, les formules sont donc équilibrées de ce point de vue.
* 3° : le taux d’urée sanguine reflet du catabolisme protéique est trop élevé dans le groupe nourri avec un des hydrolysat de caséine (HC-2) laissant suggérer une concentration protéique globale trop élevée. Hors les concentrations entre 2 formules à base de protéines hydrolysées sont respectivement de 13.9mg / l pour le représentent du lactosérum contre 14mg / l pour le représentant de la caséine. La différence provient donc plutôt de la technique d’hydrolyse ou de la biodisponibilité plus grande des protéines issues de l’hydrolyse de la caséine.
* 4° : Les aminoacidogrammes des enfants nourris avec un hydrolysat de caséine ne sont pas conformes à l’étalon que constitue la population nourri au sein , avec des variations en plus ( thréonine, valine, phénylalanine, méthionine, tryptophane,) en moins (tyrosine). La population nourrie avec un lait à base d’hydrolysat de lactosérum présentait une augmentation des taux d’ arginine sans évoquer une situation de surcharge.
* 5° : dans la population nourrie avec un hydrolysat de lactosérum, il existait une variation significative positive pour le tryptophane, et négative pour la proline par rapport à la population nourrie avec un hydrolysat de caséine.

L’ensemble évoque la nécessité de réajustements sans chambardements faute de pouvoir mettre en évidence dans l’étude des situations extrêmes de surcharge ou carence.

Un élément rassurant pour les parents est qu’il n’a jamais pu être démontré de différence significative dans le développement psychomoteur quelque soit le type d’hydrolysat utilisé ; le principal ennemi d’un enfant intolérant aux protéines du lait de vache est la dénutrition par diarrhée chronique avec hypo protidémie liée à un retard diagnostic ou une insuffisance de la prise en charge. L ’étalon or de la nutrition est et restera toujours le lait maternel.

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