EAACI 2006 : Vienne 10 au 14 juin 2006 - le congrès du Dr Hervé Masson.- 1 et 2

lundi 12 juin 2006 par Dr Hervé Masson2282 visites

Accueil du site > Evènements > Comptes rendus > EAACI 2006 : Vienne 10 au 14 juin 2006 - le congrès du Dr Hervé Masson.- 1 et 2

EAACI 2006 : Vienne 10 au 14 juin 2006 - le congrès du Dr Hervé Masson.- 1 et 2

EAACI 2006 : Vienne 10 au 14 juin 2006 - le congrès du Dr Hervé Masson.- 1 et 2

lundi 12 juin 2006, par Dr Hervé Masson

Vienne sous le soleil est magnifique. Cependant, pas question de profiter de cet été au bord du Danube, nous avons foncé dans les salles obscures et climatisées. En ce premier jour de conférence, un symposium sur le consensus européen pour la rhinosinusite et la polypose nasale a retenu mon attention. Deuxième jour : Symposium sur l’Allergie alimentaire qui n’avait rien de très novateur mais a permis de rappeler quelques notions de base.Ensuite, un symposium organisé par le laboratoire UCB sur la prise en charge de l’allergie chez l’enfant avec le difficile problème de la prévention chez la femme enceinte ou l’enfant. Pour terminer, une petite sélection de posters.

Consensus européen sur la rhinosinusite et la polypose nasale

Définition et classification.

J Mullol, Espagne

La rhinosinusite chronique est une maladie fréquente :
 14% aux USA
 On note une augmentation de sa prévalence dans le monde,
 Elle est responsable d’un coût important pour la société,
 Elle a une influence négative importante sur la qualité de vie.

En Europe :
 La rhinite a une prévalence de 100 % : au moins une fois dans sa vie, un Européen souffrira de rhinite
 La rhinosinusite aigue touche 2 % de la population,
 La rhinosinusite chronique : 10 %
 La rhinite allergique : 23%

Pour la polypose nasosinusienne :
 Dans la population générale : 2-4 %
 Chez les asthmatiques : 15%
 Chez les intolérants à l’aspirine : plus de 90%

Les études sur la qualité de vie en cas de rhinosinusite chronique montrent un retentissement plus important que le diabète ou les maladies cardiovasculaires.

Le consensus européen (European position paper on rhinosinusitis and nasal polyps) a été conçu grâce à une méthodologie reposant sur la médecine basée sur les preuves ( Evidence based medecine) et vient compléter la démarche du GINA et de ARIA.

Ce consensus concerne à la fois les médecins de premier recours, les ORL et les spécialistes non ORL.

 La rhinosinusite chronique dure plus de 12 semaines

 Elle doit comprendre 2 des symptômes ci-dessous ou plus :

  • Congestion nasale
  • Odorat
  • Rhinorrhée
  • Douleur faciale spontanée ou à la pression

 Il doit exister aussi :

  • des signes endoscopiques :
    • présence de polypes
    • écoulement mucopurulent du méat moyen
    • Œdème du méat moyen
  • Ou scannographiques

Donc, on parlera de rhinosinusite chronique avec ou sans polypose nasale s’il existe au moins 2 symptômes cliniques et une modification endoscopique ou scannographique.

Recommandations couplées avec celles de l’asthme pour un traitement cohérent de l’asthme et de la rhinite.


Différences entre rhinosinusite chronique et polypes

C Bachert

La comparaison des cellules de l’inflammation et des marqueurs protéiques dans les tissus de sujets contrôle, souffrant de rhinosinusite chronique, de polypose nasale et de polypose dans la cadre d’une mucoviscidose montre :
 La sévérité clinique de la rhinosinusite est plus importante en présence d’une polypose nasale
 par contre, on retrouve plus de maux de tête et de jetage postérieur dans les rhinosinusites chroniques.

Au niveau des médiateurs inflammatoires :
 la polypose nasale est caractérisée par un œdème important. On retrouve des neutrophiles et des éosinophiles mais l’œdème ne semble pas lié à leur présence. Il y a une prédominance d’eotaxine et d’ECP. L’orientation cellulaire est de type TH2 avec IL5 et IgE.
 la rhinosinusite chronique, plus par une particulière concentration cellulaire. Il existe une polarisation TH1 avec beaucoup d’interféron Gamma et de TGF béta.

 Conclusion :

  • Il y a sûrement plus de deux types de rhinosinusite
  • La principale différence est le climat Th1 pour la rhinosinusite chronique et Th2 pour la polypose nasosinusienne.

Stratégies thérapeutiques dans la rhinosinusite chronique et la polypose nasale

W. Fokkens, NL

Le but du traitement est l’amélioration des symptômes, une efficacité rapide et la prévention des complications

TT médicaux sont nombreux et se comptent par dizaines : antibiotiques, stéroïdes, irrigations, mucolytiques etc...

Par contre, les preuves d’efficacité sont moins nettes.
 L’étude de tous les traitements proposés en cas de rhinosinusite montre que seuls les stéroïdes locaux bénéficient de publications de grade A et pour tous les autres, le niveau de preuve est bas.

Globalement, l’orateur a donc conclu qu’en matière de traitement des rhinosinusites chroniques, seuls les corticoïdes locaux ont montré leur efficacité.

Cas des macrolides mérite d’être étudié car nombre de publications a montré leurs particularités dans le domaine ORL :
 il existe 14 molécules dans la famille
 ils sont antimicrobiens
 Anti-inflammatoires
 Immunosuppresseurs

Une étude de la Clarithromycine dans la rhinosinusite chronique a montré qu’elle était efficace et son effet est prolongé sur 12 semaines mais si on poursuit.

La Roxithromycin entraîne une réduction significative des symptômes surtout dans le groupe à taux d’IgE bas.

La comparaison entre chirurgie et érythromycine montre une réduction significative symptomatique chez les patients avec ou sans polypes, il n’existe pas de différence significative entre la chirurgie et l’érythromicine.

L’orateur a voulu évoquer les publications sur les antimycosiques aussi bien en lavages locaux qu’en voie orale :
 Amphotericin B : études récentes mais pas convaincantes et sans effet en fait sur la rhinosinusite chronique avec ou sans polypose.
 Antimycosique par voie orale : étude récente publiée : pas de différence significative avec le placebo.

Vous retrouverez le consensus sur www.rhinologyjournal.com et www.eaaci.net.


Diagnostic de l’allergie alimentaire

Bodo Niggemann, Allemagne,

Les allergènes les plus fréquents chez l’enfant sont : le lait de vache, l’œuf et le blé puis soja. L’arachide est présente surtout dans les pays anglo-saxons, noix, poisson plus rare

Certaines études évaluent la place de l’allergie alimentaire dans la dermatite atopique :
 Lorsqu’on réalise une épreuve de provocation alimentaire chez les enfants souffrant de dermatite atopique, on retrouve une sensibilisation dans 60% des cas à un aliment, 24 % 2 allergènes.

Le diagnostic de l’allergie alimentaire est de difficulté variable :
 En cas de réaction aigue, diagnostic facile
 En cas de réaction cutanée (eczéma) il est plus difficile de prouver la sensibilisation, de calculer les valeurs seuils, d’évaluer le risque d’anaphylaxie et de surveiller l’apparition de la tolérance.

Sampson a publié des points de décision pour les IgE mais, au quotidien, leur usage est difficile.

  • un point de décision est une valeur seuil d’IgE spécifique à un aliment au dessus de laquelle il n’est plus utile de faire une épreuve de réintroduction car le taux correspond à une très forte probabilité d’allergie.
  • leur usage est difficile car ces points de décision ne sont pas reproductibles tels quels dans tous les pays.
  • Ainsi, si on compare les études de Sampson avec celles de Clik-Bilgill, les seuils sont très différents.

Quelles sont les hypothèses pour expliquer les différences :
 populations étudiées
 Preuve de la réalité clinique de l’allergie différente selon les équipes,
 Critères de positivité du challenge différents
 Influence de la maladie sous jacente = urticaire ou dermatite atopique ?? il est probable que le terrain soit différent et donc la réactivité aussi
 Caractéristiques des réactions cliniques,
 Définition d’une réaction retardée = une réaction est-elle retardée après quelques heures, quelques jours ???
 Age des patients : l’allergie alimentaire est différente chez les enfants et les adultes
 Moment où le diagnostic est fait : intervient-il tôt dans l’histoire de la maladie ou après plusieurs années ?
 Durée de la maladie
 Quelle technique est employée pour doser les IgE ?

L’auteur a aussi pointé le problème posé par l’utilisation d’un taux d’IgE en valeur absolue :

  • Si vous avez 50 KU dans 1000 KU d’IgE totales ou 50 dans 100, le ratio d’IgE consacré à l’allergie à l’allergène alimentaire est très différent et sa signification aussi
  • l’auteur propose donc de réfléchir à des courbes de point de décision qui seraient basées sur le ration IgE spécifiques / IgE totales.

De la même manière pour les tests cutanés :
 les courbes de point de décision pour les tests cutanées sont exprimées en mm de papule alors qu’il serait préférable de les étalonner sur le ratio taille de la papule de l’allergène sur celle de l’histamine.
 Les points de décision sont alors plus fiables

Les Atopie patchs tests :
 Si on compare le dosage des IgE, les tests cutanés et les atopie patchs tests, on s’aperçoit que ces derniers ont une spécificité nettement meilleure mais une sensibilité beaucoup plus basse.

L’association d’atopie patchs tests et du dosage des IgE ou aux tests cutanés est la meilleure méthode pour diminuer la valeur du point de décision ;

L’auteur a présenté une épreuve de réintroduction en double aveugle contre placebo sur 6 jours :
 2 jours placebo, 2 jours lait puis 2 jours œuf
 Permet de faire le diagnostic dans eczéma surtout,
 indication pour ce challenge contraignant :

  • Réaction anaphylactique dans le passé
  • Lorsque la réaction clinique réaction ne peut pas être prévue, dans le cas d’un aliment jamais consommé
  • En cas de dermatite atopique sévère
  • En cas de symptômes subjectifs

Voici une bonne mise au point des connaissances actuelles dans le domaine du diagnostic en matière d’allergie alimentaire.

Quelques confirmations et quelques pistes nouvelles.


Le défi de la prévention de l’allergie chez l’enfant

J. O. Warner, UK

L’allergie ne peut être guérie et la prévention est donc importante.

Si l’on s’attache à prévenir son apparition : Prévention primaire

Pour comprendre comment inhiber la sensibilisation dès la grossesse, il faut connaître certains points :
 Le fœtus est exposé aux allergènes,
 Il avale des allergènes,
 les cellules dendritiques maternelles migrent vers le liquide amniotique,
 il existe aussi une facilitation de la présentation des allergènes aux cellules T.

La littérature portant sur l’intérêt du régime durant la grossesse montre quelques pistes :
 Étude sur la consommation de poisson : plus la maman mange de poisson, moins il y a de sensibilisation chez l’enfant
 3 études sur l’huile de poisson ont montré quelques effets...

 Étude de la consommation d’œuf de la mère durant la grossesse :

  • on mesurait le taux d’IgE au cordon à la naissance et le dosage d’IgG à l’ovalbumine
  • pour des consommations très faibles ou très fortes, il existait moins de sensibilisation chez le fœtus que lorsque la consommation de la mère était moyenne,

 Éviction des acariens dans l’environnement de la mère durant la grossesse :

  • les études ne montrent pas de différence chez enfant,
  • 2 études évoquent même qu’une exposition importante protégerait de l’allergie avec un résultat de sensibilisation en courbe de Gauss qui montre que la sensibilisation est minimum à la fois lorsque l’exposition est très faible ou très forte, une faible dose n’entraînerait pas de sensibilisation, une très forte dose, une tolérance.

 Effet de l’immunothérapie spécifique chez la femme enceinte : une étude montre que la désensibilisation au pollen de riz diminue la sensibilisation de l’enfant.

La solution serait elle de faire vivre la mère dans un environnement très riche en allergènes ???

En conclusion, la meilleure prévention primaire de l’allergie consisterait à :
 Choisir sa mère
 Nutrition équilibrée
 Pas d’éviction allergénique ou forte dose ??
 Pas de tabac, d’antibiotiques de paracétamol et de césarienne

Prévention secondaire :

 Il n’y a plus de doute maintenant que l’allaitement exclusif durant au moins 4 mois réduit le risque d’asthme et d’eczéma surtout chez les enfants à risque.
 Les préparations d’hydrolisats extensifs de lait semblent aussi efficaces.

Par contre,
 une étude montre que le lait entier à l’âge de 2 ans protégerait de l’asthme à 3 ans,
 Et une étude montre que margarine augmenterait l’eczéma et les allergies respiratoires à 2 ans

L’hypothèse hygiéniste

 Les probiotiques permettraient moins d’eczéma à 2 ans mais n’ont pas d’effet sur le terrain allergique,
 L’immunothérapie a montré une haute efficacité sur le développement de l’asthme

L’orateur a fini par rappeler les résultats de l’étude ETAC qui montre qu’un traitement par cétirizine, administré tôt dans la vie, diminue le risque d’apparition d’un asthme chez l’enfant.

Son corollaire, l’étude EPAAC ne porte que sur des enfants sensibilisés aux acariens et aux pollens.


Absence d’effets secondaires après vaccination par triple vaccin chez les enfants allergiques à l’œuf

Mendez Alcalde, Espagne

 Une discussion existe au sujet de la triple vaccination rougeole, oreillons, rubéole chez les patients allergiques à l’œuf qui reste pourtant inscrite au calendrier vaccinal de nombreux pays.
 La possibilité de trouver de faibles quantités de protéines d’œuf dans ce type de vaccin n’a pas été démontrée.

 Les auteurs ont donc vacciné des enfants allergiques à l’œuf :

  • réaction clinique immédiate à la vaccination
  • test cutané positif à l’œuf
  • et/ou IgE spécifiques positives

 Sur les 22 patients vaccinés, aucun n’a présenté de réactions au vaccin ROR.

Les auteurs concluent que cette vaccination est sûre et non contrindiquée chez l’allergique à l’œuf.

Sensibilisation et allergie au lupin chez des enfants connus ou suspects d’allergie alimentaire en Norvège

Lindvik, Norvège

 Il y a de plus en plus d’aliments contentant du lupin dans l’alimentation
 De plus, une réactivité croisée arachide/lupin a déjà été décrite.
 Le but de l’étude était d’évaluer la prévalence de la sensibilisation au lupin en Norvège.

 35 enfants allergiques ou suspects d’allergie alimentaire ont été enrôlés,
 Ils ont bénéficié de tests cutanés, de dosage d’IgE spécifiques au lupin, à l’arachide, soja et pois.
 Les enfants qui avaient un test cutané positif ont eu une épreuve de réintroduction en ouvert avec un pancake contenant du lupin.

 15 enfants (43 %) ont un test positif au lupin et 17 ont des IgE augmentées
 10 enfants ayant un test positif ont bénéficié de l’épreuve de provocation orale et un seul a réagit par une urticaire, angio-œdème et toux.

 La prévalence de la sensibilisation au lupin dans ce groupe d’enfants était de 2.8 %
 La majorité de ces enfants étaient sensibilisés à l’arachide et beaucoup au soja et pois.

Les auteurs concluent que dans ce groupe particulier d’enfants, la sensibilisation au luipin était élevée mais l’allergie faible. L’épreuve de réintroduction est le seul moyen fiable de diagnostiquer l’allergie au lupin.

Évaluation de la sensibilité des prick tests (PT) avec des extraits commerciaux, prick avec aliments natifs et IgE spécifiques aux produits de la mer

Caiado , Portugal

 Les auteurs ont enrôlé 40 patients ayant une histoire d’allergie aux produits de la mer (anaphylaxie, urticaire, et/ou angioedème)
 Tous les patients ont eu un interrogatoire, des tests cutanés avec des produits de l’industrie pharmaceutique de deux marques différentes et des pricks aux aliments natifs pour chaque allergène

  • crevette
  • crabe
  • langouste
  • moule

 Des IgE spécifiques ont aussi été obtenues (UniCap system)

 Pour les extraits commerciaux, la sensibilité était :

  • 58 % pour la crevette
  • 68 % pour le crabe
  • 73 % pour la langouste
  • 39 % pour la moule

 Pour les IgE spécifiques, la sensibilité était moins bonne : 43, 55, 43, 23 % respectivement

 Une différence statistiquement significative a été retrouvée entre les extraits commerciaux et les extraits natifs, toujours en faveur des natifs

Les auteurs concluent que le test le plus fiable pour diagnostiquer une allergie aux fruits de mer est le test aux aliments natifs. En l’absence d’aliments frais, l’utilisation de 2 extraits commerciaux différents augmente la sensibilité.

Comparaison des allergènes les plus fréquents chez des enfants souffrant d’allergie alimentaire avec des symptômes respiratoires ou cutanés

Pourpak , Iran

 Les auteurs ont étudié sur une période de 6 ans, 175 patients avec une histoire d’allergie alimentaire parmi lesquels 98 avaient une symptomatologie plutôt respiratoire et 77 cutanée.

 Les patients inclus dans l’étude avaient tous une épreuve de réintroduction positive à un aliment .

 Parmi les patients à symptomatologie cutanée, les aliments les plus fréquents étaient :

  • lait de vache : 27%
  • blanc d’œuf : 24 %
  • jaune d’œuf : 22 %
  • tomate : 18 %
  • amande 11%
  • bœuf : 10%
  • soja : 10 %
  • noix : 7 %
  • orange 7 %

 Parmi les patients à symptomatologie respiratoire, les aliments les plus fréquents :

  • lait de vache : 27 %
  • tomate : 21 %
  • thon 13 %
  • bœuf : 13 %
  • amande 12 %
  • noix : 11%

Les auteurs concluent que, mis à part le lait de vache, qui était le plus fréquemment en cause dans les deux symptomatologies, les autres aliments sont très différents selon les symptômes qu’ils engendrent.

Cette étude n’a qu’une valeur limitée quand à la prévalence des différentes allergies dans la mesure où l’alimentation en Iran est très différente de la française.

L’intérêt est surtout de démontrer qu’il existe des allergènes qui vont donner plus facilement des symptômes respiratoires et d’autres cutanés.

Rechercher

En bref

categories

  Allergenes

  Maladies

  Fonctionnel