Rhinite allergique, attention de ne pas avoir l’air conditionné !

jeudi 23 novembre 2006 par Dr Alain Thillay12738 visites

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Rhinite allergique, attention de ne pas avoir l’air conditionné !

Rhinite allergique, attention de ne pas avoir l’air conditionné !

jeudi 23 novembre 2006, par Dr Alain Thillay

Les sujets atteints de rhinite allergique sont très sensibles aux changements brutaux de la température ambiante. Si certes, ce phénomène est bien connu et admis par la communauté allergologique, son mécanisme physiopathologique reste encore très discuté. Les auteurs brésiliens de ce travail tentent de préciser les mécanismes mis en œuvre.

Rôle de la rhinite allergique dans la réponse nasale lors des modifications brutales de température. : Gustavo Silveira Graudenz, MD, PhDad, Richardt G. Landgraf, BSc, PhDc, Sonia Jancar, BSc, PhDc, Arlindo Tribess, PhDb, Simone G. Fonseca, PhDad, Kellen Cristhina Faé, PhDad, Jorge Kalil, MD, PhDad

a From the Division of Immunology and Clinical Allergy, Internal Medicine Department
b Mechanical Engineering Department, Polytechnical Institute, State University of São Paulo
c Department of Immunology, Institute of Biomedical Science, University of São Paulo
d Institute for Immunology Investigation, Millennium Institute

dans JACI Volume 118, Issue 5, Pages 1126-1132 (November 2006)

 Contexte :

  • La rhinite induite par l’air conditionné chez les sujets allergiques est un lieu commun épidémiologique, mais sa physiopathologie reste controversée.

 Objectif :

  • Le but de cette étude était de décrire et de comparer les effets du changement de température expérimental de la climatisation sur la muqueuse nasale de sujets atteints de rhinite allergique persistante comparée à un groupe de contrôle.

 Méthodes :

  • Une étude par test de provocation cas/contrôles a été réalisée dans un laboratoire de confort thermique avec deux chambres expérimentales de provocation réglées à une différence de 12°C de température.
  • Un groupe de 32 patients présentant une rhinite allergique persistante et un groupe de 16 sujets témoins ont été exposés pendant 30 minutes, 3 fois alternativement dans chaque chambre.
  • Les scores symptomatiques nasaux ont été enregistrés et des échantillons nasaux ont été collectés avant, juste après, 24 heures et 48 heures après le test de provocation.

 Résultats :

  • Le groupe rhinite a montré une augmentation des scores symptomatiques, de la perte épithéliale, du pourcentage d’éosinophiles, de l’ensemble des cellules inflammatoires, de la leucotriène C4, de la protéine cationique éosinophilique, de l’albumine et des niveaux de tryptase comparés aux cas de contrôle.
  • Il y avait également une augmentation significative du score symptomatique, des cellules totales récupérées, du pourcentage d’éosinophiles, de la perte épithéliale, de l’albumine, de la myéloperoxidase, et de l’ICAM 1 dans les deux groupes comparativement aux niveaux basaux.

 Conclusion :

  • Les modifications brutales de température entraînent une réponse nasale inflammatoire plus prononcée dans le groupe rhinite avec le recrutement et l’activation des éosinophiles.

 Implications cliniques :

  • La rhinite allergique persistante est un facteur de risque de développer des modifications de la rhinite du fait de variations brutales de température même en l’absence d’exposition allergénique.

Cette étude brésilienne, fruit de plusieurs équipes de l’Université de Sao Paulo, lève le voile sur un grand classique que nous, Allergologues de terrain, connaissons bien. Il s’agit de l’effet des modifications brutales de la température sur la rhinite allergique. D’ailleurs, le même phénomène s’observe aussi dans le cas des rhinites non allergiques.

Il est intéressant de noter que le delta de température a aussi une action, certes moindre, sur les cas de contrôle sensés ne pas souffrir de rhinite allergique persistante.

Chez les rhinitiques allergiques persistants et les non rhinitiques, les modifications brutales de température activent l’inflammation, comme en témoigne l’augmentation des indicateurs inflammatoires. Dans les deux groupes, l’éosinophile est impliqué et encore plus chez les rhinitiques allergiques.

Ainsi, la réactivation nasale des patients atteints de rhinite allergique persistante passe par un phénomène inflammatoire bien connu, celui donnant un rôle clé à l’éosinophile. C’est ce qu’il fallait démontrer.

Sachant ainsi que l’éosinophile joue un rôle important aussi bien dans l’inflammation spécifique de la réaction allergique que dans le déclenchement par les différences de températures, il faut donc d’autant plus prendre en compte le facteur allergique de ces patients afin de leur prescrire le traitement le plus adéquat possible et minimiser son activation.

Il restera la question de l’air conditionné. Faut-il le déconseiller à nos allergiques ? Il faut simplement ne pas climatiser à 18°C son bureau ou son habitat alors qu’il fait 40°C à l’extérieur ! Il vaut mieux climatiser en douceur.

Pour ce qui concerne la climatisation des automobiles, il ne faut pas oublier les bienfaits de celle-ci pour les allergiques aux pollens. Là aussi, c’est une question de mesure dans le choix de la température de l’habitacle.

Vos commentaires

  • Le 2 août 2016 à 22:10, par Joseph En réponse à : Rhinite allergique, attention de ne pas avoir l’air conditionné !

    Bonjour,
    Je développe une réinitialiser allergique et je souffre énormément en présence de la climatisation. Ma question est la suivante : mis à part les corticoïdes et antiasthmatiques en comprimés, y a-t-il des pommades, des lotions qui permettent de protéger les tissus nasaux contre les agressions de la climatisation ?, et merci.

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