Dermatite atopique (DA)
Philippe Eigenmann, Genève, Suisse
Introduction
– tout provient de la sécheresse cutanée
– la dermatite atopique est un cercle vicieux entre lésions, infections, sécheresse cutanée.
Le plus souvent DA commence dans l’enfance. Son aspect clinique classique :
– érythème
– œdème
– vésicules
Bases moléculaires dans la pathogénie de la DA
– La phase aigue retrouve plus de cellules polarisées Th2 cellules et souvent des IgE, alors qu’à la phase chronique il existe plus de cellules Th1 et à ce stade on ne retrouve plus d’IgE chez adulte comme chez l’enfant.
Les granules de Filaggrin disparaissent de la peau
– la barrière ne fonctionne plus correctement et explique le passage d’antigènes
– la fonction Fillagrin est diminuée déjà dans l’asthme et encore plus dans asthme et DA
DA et allergie alimentaire
– Sampson :
- On retrouve un prick test positif à un aliment dans 82 % des cas,
- 56 % des DA sévères avaient un test de provocation orale en double aveugle contre placebo positif
- les allergènes en cause : l’œuf, l’arachide, le lait, le soja, le blé, le poisson, le poulet, le porc, le bœuf…
– Prévalence
- Étude par Atherton : La DA est améliorée après régime d’éviction chez 14 des 20 enfants inclus
- Burks : prévalence de l’allergie alimentaire chez les enfants souffrant de DA 33 %
- Guillet : la prévalence de l’allergie alimentaire augmente avec la sévérité de la DA (jusqu’à 60 % dans les DA sévères)
– Mais problèmes dans ces études : le régime d’éviction n’était pas contrôlé, les challenges alimentaires n’étaient pas contrôlés, l’histoire naturelle de la dermatite atopique peut fausser le résultat et les patients étaient sélectionnés dans une population biaisée car consultant chez un allergologue.
– Étude dans une clinique de dermatologie, donc sans biais de recrutement :
- quelques patients n’ont pas eu de challenge car les IgE étaient très élevées
- la prévalence retrouvée était de 37 %
- L’arachide était l’allergène le plus fréquent, suivi par l’œuf, le lait et le blé, mais ceci dans population nord américaine.
– La même étude a été réalisée en Suisse
- La prévalence était de 27 %
- Elle a retrouvé des résultats comparables avec dans l’ordre : Œuf , Lait, arachide et poisson.
– 1/3 des enfants avec une DA modérée à sévère ont une allergie alimentaire symptomatique
– La recherche d’une allergie alimentaire n’est justifiée que chez les patients ayant une DA modérée à sévère
Bases cellulaires de la pathogénie du lien entre DA et allergie alimentaire
– Il existe des preuves du lien entre DA et allergie alimentaire
- Tests cutanés alimentaires et IgE spécifiques
- Rashs maculo-papuleux après un challenge alimentaire positif
- Le taux d’histamine plasmatique augmente après une épreuve de provocation orale en double aveugle contre placebo
- Il existe des cellules T spécifiques d’antigènes alimentaires dans la peau lésée
- On peut déclencher une dégranulation des mastocytes en les mettant en contact avec un antigène alimentaire
– Récepteurs cellulaires des cellules T de la peau sont augmentés lors du contact avec l’antigène alimentaire.
- Donc on ne voit qu’il n’existe pas uniquement un mécanisme à IgE mais aussi une stimulation des cellules T.
Il existe probablement un mélange de plusieurs types de réactions.
En conclusion :
– la dermatite atopique est une maladie de la peau sèche avec barrière altérée
– l’allergie alimentaire est associée à la DA dans 1/3 des cas
– les cellules T sont des éléments clés dans la pathogénie de l’allergie alimentaire dans la DA.
Philippe Eigenmann a fait ici une démonstration claire du rôle de l’allergie alimentaire chez un tiers des enfants souffrant de dermatite atopique modérée à sévère.
Les preuves scientifiques sont suffisamment évidentes pour que nous incluions un bilan d’allergie alimentaire dans la prise en charge de nos enfants souffrant de cette maladie.
Analyse moléculaire des caractéristiques de l’IgE réactivité dans les plantes alimentaires en Europe
Kerstin Andersson – Phadia – Uppsala Suède
L’IgE est un marqueur sérologique de la réaction allergique.
La réaction Allergique dépend :
– au niveau des IgE :
- du répertoire d’anticorps
- de la réponse individuelle IgE qui est différente selon les individus
- des réactivités croisées
- de l’affinité des anticorps
– au niveau des allergènes :
- de la dose
- du mode d’exposition
- de l’environnement intérieur et extérieur de la sensibilisation , de la dose,
IgE n’est pas allergie mais ce que l’ont peut mesurer
Cas de la noisette :
L’orateur a présenté une étude réalisée à la fois en Suisse, Danemark et Espagne.
– Sélection minutieuse des sujets de l’étude
– Histoire d’allergie à la noisette confirmée par une épreuve de provocation alimentaire en double aveugle contre placebo (DBPCFC).
– Réalisation de tests cutanés aux pollens et extraits de noisette, prick to prick (prick dans l’aliment natif puis sur la peau) avec la noisette.
– Les allergènes disponibles en recombinants sont :
- rCor a 1.04 : qui est une PR-10
- rCor a 2 : profiline
- rCor a 8 : LTP
- rCor a 9 : 11S globuline
- rCor a 11 : 7S globuline
Ce qui est remarquable dans ce modèle d’allergie, c’est le fait que dans le nord de l’Europe, Suisse et Danemark, tous les patients qui ont décrit des réactions systémiques à l’ingestion de noisette ont une DBPCFC qui a déclenché uniquement des réactions locales, alors que les patients du sud de l’Europe, espagnols, ont le même type de réaction généralisée au cours du DBPCFC que celle qui a déclenché le bilan.
L’allergène responsable de l’allergie à la noisette, si l’on compare l’Europe du nord et du sud, n’est sûrement pas le même. Dans un cas, le nord, il semble moins susceptible de déclencher de réactions sérieuses à l’aliment que dans le sud.
Vous comprendrez l’importance de connaître l’allergène pour fixer le niveau d’éviction de la noisette.
Quand on explore l’IgE réactivité selon les pays, on constate la dichotomie entre le nord et le sud de l’Europe :
– Suisse et Danemark : prédominance de patients réactifs à Cor a 1 qui est une protéine de la famille des PR-10
– Espagne : prédominance de patients sensibilisés à Cor a 8 qui est une LTP.
L’étude du niveau des IgE :
– En Suisse, quasiment tous les patients ont un taux significatif d’IgE pour rCor a 1 (recombinant disponible de Cor a 1)
– En Espagne : seuls 2 patients avaient des IgE spécifiques réactives pour rCor a1, il existait surtout un grand nombre de patients avec IgE réactivité à rCor a 8.
Cas de la pomme
Une étude multicentrique Suisse, Danemark, Espagne a aussi été réalisée.
– Caractérisation des sujets précise,
– Histoire de l’allergie confirmée par challenge ouvert,
– Tests aux pollens et extrait de pomme, prick to prick avec la pomme fraiche
– Les IgE recombinantes disponibles sont :
- rMal d 1(PR-10), rMal d 3 et rMal d 4
La réactivité clinique montre le même profil que pour la noisette :
– Plus de réactions locales dans le nord de l’Europe que de réactions systémiques
– plus de réactions systémiques en Espagne
L’IgE réactivité montre :
– prédominance de l’IgE réactivité à rMal d 1 dans le nord de l’Europe,
– très forte prédominance de rMal d 3 en Espagne.
Cas de la carotte
– On retrouve le même processus avec une très forte prédominance des réactions locales dans le nord de l’Europe et des réactions systémiques en Espagne.
– Là encore, lorsque l’on teste la population du nord et du sud de l’Europe avec les recombinants dont on dispose (rDau c 1.3 et rDau c 1.02 et rDau c 4), on constate que les patients du nord sont plus souvent sensibilisés aux PR-10 et ceux du sud à rDau c 4, la LTP de la carotte.
Est-ce que les IgE pourraient être des marqueurs des symptômes ?
– En Europe du nord ou centrale :
- prédominance de la réactivité aux PR-10
- faible prévalence des réactions systémiques
– En Europe du sud :
- réactivité prédominante aux LTP
- forte prévalence des réactions systémiques
– Mais il n’existe pas de relation entre les profils IgE et les symptômes observés au niveau individuel
– Est-ce que finalement, la géographie serait plus importante que la réactivité IgE ?
- agents sensibilisants différents ?
- différents modes de sensibilisation ?
- allergènes inconnus qui pourraient provoquer des réactions systémiques dans le nord de l’Europe ?
- les réactions locales du sud correspondraient aux différences d’affinité, aux modes d’exposition ?
– Les homologues de PR-10 sont relativement spécifiques de la plante, par contre pas les profilines et les LTP.
Voici une excellente communication pour percevoir l’intérêt de l’allergologie moléculaire.
Cliniquement, la différence clinique entre les populations du nord et du sud de l’Europe était connue.
La description moléculaire faite ici de ce problème est très intéressante, même si pour l’instant elle ne permet pas la compréhension du phénomène.
Il est évident qu’en raisonnant au niveau des molécules, la compréhension totale sera plus facile.
Allergènes de Parietaria
Paolo Colombo – Palerme - Italie
La pariétaire est retrouvée, comme on le sait, autour du bassin méditerranéen mais aussi USA, en Australie,
On retrouve les protéines suivantes :
– Parj 1.01 et 1.02
– Profiline
– Calcium binding protein : CBP (protéine se liant au calcium)
– Par j 1 et 2 sont les allergènes majeurs de la pariétaire.
– Quand on utilise Par j 2 on distingue deux populations d’allergiques car Par j1 et 2 ont peu de réactivité croisée
– Les protéines de liaison au calcium (CBP) ont une forte réactivité croisée avec les autres CBP des autres plantes, les profilines aussi.
– Par j 1 et 2 sont des LTP. Les LTP sont des protéines de la famille des PR-14.
L’orateur a présenté une étude sur la fabrication d’un extrait pour une immunothérapie spécifique avec les allergènes recombinants.
Conclusions :
– Les patients allergiques à Parietera produisent des IgE principalement dirigées vers Par j 1 et Par j 2.
– Dans la population étudiée, l’immunothérapie avec le pollen de Parietera pourrait être indiquée si les patients sont sensibilisés à Par j 1 et/ou Par j 2
– L’utilisation de polypeptide hybrides développés à partir des allergènes de Parietera présente peu d’avantages :
- activité anaphylactique réduite
- plus de production d’anticorps chez la souris et déclenche une prolifération cellulaire T plus importante chez l’homme
- production d’anticorps protecteurs contre les allergènes les plus pertinents du pollen.
Approche moléculaire de l’allergie au venin d’abeille
Markus Ollert – Munich – Allemagne
L’allergie au venin est connue pour les hyménoptères :
– Apidae (Apis, Bombus)
– Vespidae (Vespa, Vespula, Dolichovespula, Poliste)
– Myrmicidae (Solenopsis, Pogonomyrmex)
Les signes cliniques sont connus et peuvent aller jusqu’au décès.
Les paramètres du diagnostic sont :
– Histoire du patient
– Tests cutanés
– Tests in vitro :
- IgE spécifiques
- Tests cellulaires
- Tryptase sérique
Un traitement efficace est disponible : l’immunothérapie
– 80 % de succès pour l’abeille
– 90 % pour la guêpe
Problèmes et questions :
– Comment expliquer les IgE spécifiques et / ou tests cutanés négatifs malgré une histoire évocatrice de réaction
– Problème des doubles positivités
– Échec des désensibilisations
– Prédiction du succès des immunothérapies
– Durée de l’immunothérapie
– Effets systémiques des immunothérapies
Allergènes connus :
– Phospholipase A 2 : Api m 1
– Hyaluronidase : Api m 2
– Acid phosphatase : Api m 3
– Melittin : Api m 4
– 100 kDa : Api m 5
– Phospholipase A 1 : Ves v 1
– Hyaluronidase : Ves v 2
– Antigène 5 : Ves v 5
La première étape a été de cloner api 3 et 5.
Environ 47 % des patients réagissent à rApi m 5 ; 38 % contre rApi m 3
L’orateur a démontré l’intérêt du diagnostic moléculaire dans l’identification du profil de sensibilisation des patients exploré par rApi m 3 :
– patient avec fort taux d’IgE rApi m 3 avant immunothérapie et disparition à l’issue du traitement
– patient avec fort taux d’IgE rApi m 3 avant immunothérapie et même taux à l’issue du traitement
– patient avec faible taux d’IgE rApi m 3 avant immunothérapie et augmentation à l’issue du traitement
L’orateur propose donc un panel d’allergènes dans le but d’un diagnostic moléculaire, par ordre décroissant d’intérêt :
– Api m 5
– Api m 3
– Api m 2
– Api m 1
– Api m 4
Pour ce qui est de l’immunothérapie, il reste des questions en suspend :
– Quelles molécules devraient être utilisées ?
– Les molécules entières ou modifiées ?
– Comment évaluer la performance des extraits fabriqués par approche moléculaire ?
– Est-ce que le coût engendré en développement est utile ?
L’orateur a parlé aussi de l’intérêt des molécules de fusion hypoallergéniques :
– Si on développe 3 molécules , cela coutera 3 fois le prix de la recherche et de la mise sur le marché
– Si on développe une molécule de fusion contenant les 3 molécules associées : 1 seul coût
– Si on développe une molécule de fusion hypoallergénique : 1 seul coût et en plus une tolérance améliorée.
Immunothérapie aux pollens de graminées
Pr. Marek Jutel – Wroclaw - Pologne
L’orateur a présenté les résultats d’une immunothérapie réalisée avec des recombinants d’allergènes de pollens de graminées.
Il existe une hétérogénéité importante de la sensibilisation aux pollens de graminées.
Les auteurs ont donc décidé d’utiliser un mélange moléculaire :
– Phl p 1 : 10 µg
– Phl p 2 : 5 µg
– Phl p 5a : 10 µg
– Phl p 5b : 10 µg
– Phl p 6 : 5 µg
Ils ont vérifié que ce mélange recouvrait plus de 80 % des profils de sensibilisation des allergiques aux pollens de graminées.
Ils ont comparé l’allergènicité et la réactivité des formes naturelles et recombinantes des allergènes.
Le choix s’est porté sur une technique perannuelle d’immunothérapie.
L’étude a donc été :
– immunothérapie avec un mélange de recombinants de Phléole
– cocktail de 5 allergènes majeurs en concentration équimolaire
– essai en double aveugle contre placebo
– de janvier 2002 à août 2003
Résultats :
– Il existait une différence significative pour le score de symptômes mais pas sur la consommation de médicaments
– différence significative sur le nombre de jours sans symptômes
– différence significative sur la qualité de vie, surtout au cours de la 2ème saison.
– les IgE spécifiques ont diminué significativement dans le groupe traité et les IgG ont augmenté
– la tolérance a été bonne
Les auteurs ont aussi présenté une étude qui utilisait, cette fois, rBet v 1 – FV :variant hypoallergènique de Bet v 1.
– les résultats semblent aussi prometteurs, surtout au cours de la deuxième année.
L’orateur se demande si l’immunothérapie avec les molécules serait vraiment rentable en terme de coût / efficacité.
Affaire à suivre ....