L’allergie au travail enfin reconnue et une nouvelle maladie à connaître pour les allergologues !!

dimanche 20 avril 2003 par Dr Stéphane Guez18718 visites

Accueil du site > Sciences > Immunologie > L’allergie au travail enfin reconnue et une nouvelle maladie à connaître (...)

L’allergie au travail enfin reconnue et une nouvelle maladie à connaître pour les allergologues !!

L’allergie au travail enfin reconnue et une nouvelle maladie à connaître pour les allergologues !!

dimanche 20 avril 2003, par Dr Stéphane Guez

Le syndrome de fatigue chronique est une affection que doit connaître l’allergologue car les manifestations allergiques sont plus fréquentes chez ces patients qui ont souvent aussi une hyper réactivité bronchique. S’agit-il d’une maladie immunologique ? (Article paru dans Chest d’avril.)

Association entre hyper réactivité bronchique et anomalies de l’immunité cellulaire chez les patients ayant un syndrome de fatigue chronique. : Nijs J, De Becker P, De Meirleir K, Demanet C, Vincken W, Schuermans D, McGregor N. Department of Human Physiology, Faculty of Physical Education and Physical Therapy, Academic Hospital, Vrije Universiteit Brussel, Belgium. Jo.Nijs@vub.ac.be dans Chest 2003 Apr ;123(4):998-1007

 Objectif de l’étude : déterminer si l’hyper réactivité bronchique (HRB) chez les patients atteints du syndrome de fatigue chronique (SFC) est due à une anomalie du système immunitaire.

 Méthodologie :
* Il s’agit d’une étude comparative prospective.
* Les patients ont été recrutés parmi la consultation externe de l’université médicale de Vrije, à Bruxelles en Belgique.
* 137 patients, tous ayant un SFC, et 27 patients sains ont été inclus.
* Ces patients ont eu :
** une mesure de la fonction pulmonaire,
** un test de provocation à l’histamine,
** un immunophénotypage,
** une détermination des ribonucléases latentes.

 Résultats :
* 73 des 137 patients ont une HRB, parmi lesquels 64 ont un résultat normal de l’épreuve d’HRB.
* Il n’y a pas de différence d’age ni de sexe entre les 2 groupes (HRB+ = 73, et HRB- = 64).
* Il n’y a pas de différence dans le ratio des ribonucléases, de la capacité pulmonaire totale, ou du coefficient de Tiffeneau entre les patients ayant un SFC avec ou sans HRB.
* Dans le groupe de patients avec une HRB on trouve des différences par rapport au groupe contrôle portant sur 8 paramètres en ce qui concerne le profil de phénotypage au comptage cellulaire, et 7 différences portant sur les pourcentages de distributions des profils cellulaires.
* Le groupe de patients qui n’a pas de HRB + diffère des sujets contrôles uniquement dans le compte des cellules CD25+ et dans le % de ces cellules.
* Les auteurs observent une augmentation significative des cellules cytotoxiques T (nombre total et %) parmi les patients HRB positif par rapport aux patients HRB négatifs, ce qui est compatible avec un réduction significative des cellules T naïves.

 Conclusions :
* Ces résultats réfutent une association entre le clivage de la Rnase L de 80 kD et l’HRB.
* L’immunophénotypage de cette population confirme les premiers rapports sur l’activation immune chronique chez les patients ayant un SFC par rapport à des sujets sains.
* Les patients ayant un SFC et qui sont HRB positifs ont plus de signes d’une activation immune que ceux qui n’ont pas d’HRB.
* L’inflammation et l’activation secondaire IgE dépendante des cellules mastocytaires et des éosinophiles, comme dans l’asthme, a peu de chance d’être responsable de l’existence d’une HRB chez les patients ayant un SFC.


Dans cette étude, les auteurs démontrent que les patients ayant un SFC ont une activation du système immunologique par rapport aux sujets sains, mais qu’il n’y a pas de lien pour les patients ayant en plus une HRB avec un clivage de la Rnase, mais que par contre il y a des particularités sur le plan immunologique.

Cette étude a le mérite d’attirer l’attention sur une affection encore méconnue en France, qui est le syndrome de fatigue chronique très étudié outre atlantique.

Comme son nom l’indique, la principale manifestation clinique est une asthénie intense et empêchante qui évolue depuis au moins 6 mois, qui n’est pas corrigée par le sommeil et qui est permanente sur la journée.

Il s’y associe d’autres manifestations comme des myalgies, des arthralgies, des céphalées, des malaises à l’effort, des maux de gorge des douleurs abdominales etc..

Il n’y a pas d’étiologie bien définie mais des hypothèses : infectieuse, neurologique (dysautonomie du système végétatif, endocrinienne (anomalie de l’axe adrénergique hypothalamo-hypophysaire) et une piste immunologique.

Celle-ci est actuellement très explorée, et il a été noté par exemple un pourcentage plus élevé d’allergiques chez les patients ayant un Syndrome de fatigue chronique que dans la population générale.

Il a également été noté la présence de Rnase L produites par les cellules mononuclées de ces patients avec un ratio de la forme clivée par rapport à la non clivée qui serait un marqueur de cette affection avec une sensibilité de 91% et une spécificité de 71%.

Dans ce travail, les auteurs ont mis en évidence effectivement la plus grande fréquence des anomalies immunologiques dans cette population par rapport aux sujets sains ce qui va dans le sens d’une maladie de type immunologique.

Il a été observé également une fréquence importante de l’hyper réactivité bronchique dont la cause est vraisemblablement également immunologique mais par un mécanisme différent de l’asthme habituel.

Enfin ces auteurs n’ont pas mis en évidence de lien entre présence d’HRB ou non en fonction du ratio de Rnase L.

Il faut bien dire que l’on ne comprend toujours pas cette affection, mais par contre on l’identifie mieux ce qui est réconfortant pour les patients souvent trop vite classés dans la rubrique dépression.

Rechercher

En bref

categories

  Allergenes

  Maladies

  Fonctionnel