La pêche n’est pas incompatible avec le « bouleau » !!

mercredi 2 juillet 2003 par Dr Stéphane Guez2884 visites

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La pêche n’est pas incompatible avec le « bouleau » !!

La pêche n’est pas incompatible avec le « bouleau » !!

mercredi 2 juillet 2003, par Dr Stéphane Guez

L’allergie croisée est un domaine en pleine révolution en allergologie. On comprend de mieux en mieux des sensibilisations associées qui s’expliquent par des sensibilisations à des allergènes communs. Comment peut-on expliquer l’allergie croisée entre le bouleau et la pêche ?

Profiline de la pêche : clonage, expression hétérologue et réactivité croisée avec Bet v 2. : R. Rodríguez-Perez1, M. Fernández-Rivas1, E. González-Mancebo1, R. Sánchez-Monge2, A. Díaz-Perales2, G. Salcedo2 1Unidad de Alergia, Fundación Hospital Alcorcon, Madrid, Spain ; 2Unidad de Bioquímica, Departamento de Biotecnología, E.T.S. Ingenieros Agrónomos, Madrid, Spain
dans Allergy 58 (7), 635-640

La pêche est parmi l’aliment principal entraînant des réactions allergiques dans une population adulte méditerranéenne. Seul un seul allergène de la pêche, nommé Pru p 3 a été caractérisé. Cependant un rôle potentiel des profilines a aussi été suggéré dans l’allergie pollinique associée à l’allergie à la pêche.

 Méthode :
* Des clones complémentaires d’ADN de deux isoformes différentes de profilines de pêche ont été obtenus par polymérisation par une transcriptase reverse en utilisant des chaînes d’amorçage non dégénérées.
* L’expression des profilines recombinante de pêche a été réalisé avec Escherichia Coli, et confirmée par des anticorps poly clonaux de lapin dirigés contre la profiline de pollen de tournesol.
* 29 sera de patients ayant une allergie prouvée à la pêche par un test de provocation en double aveugle contre placebo et, soit avec (n=15) soit sans (n=14) des IgE spécifiques à Bet v 2, ont été testés à l’aide de techniques d’immuno-détection pour étudier la réactivité des profilines de pêche recombinante.

 Résultats :
* Le cADN de chaque profiline de pêche incorpore une zone de lecture ouverte codant pour une protéine de 131 AA.
* Les isoformes de la profiline de pêche, Pru p 4.01 et Pru 4.02 ont une séquence d’homologie d’AA de 80%, et sont très similaires (70% d’identité) aux profilines allergéniques d’autres plantes alimentaires ou de pollens.
* Le Pru p 4.01 recombinant est exprimé dans l’Escherichia Coli comme une protéine non fusion, exprimant la taille moléculaire escomptée et réagissant avec les anticorps anti-profilines.
* rPru 4.01 a été reconnu par tous les sérums (15 sur 15) ayant une IgE spécifique Bet v 2, alors qu’aucun sérum (0 sur 14) sans IgE aux allergènes de la pêche n’a réagit avec Pru p 4.01.

 Conclusions : La profiline de pêche Pru p 4.01 est très proche des autres profilines de plantes alimentaires et de pollens. Une corrélation complète entre la réactivité à Pru p 4 et rBet v 2 a été trouvée dans le sérum des patients allergiques à la pêche.


Dans ce travail, les auteurs démontrent qu’à coté de l’allergène majeur Pru p 3, il existe des allergènes de la famille des profilines, en particulier le Pru 4.01 qui ont une très forte homologie de séquence avec les autres profilines connues, et explique une réactivité croisée entre Bet v 1 et allergie à la pêche.

Ce travail est très intéressant car il permet de comprendre ces phénomènes d’allergie croisée, ce qui d’ailleurs va amener à reconsidérer fortement la prise en charge des maladies allergiques dans les années à venir.

En effet, de nombreux patients ne sont pas vraiment allergiques à de nombreux aliments mais plutôt à un allergène présent dans de nombreux aliments. Un peu comme par exemple si au lieu de considérer qu’un enfant est allergique à l’arachide on disait qu’il est allergique aux gâteaux, aux friandises, aux gâteaux apéritifs etc.

Sur le plan diagnostic et thérapeutique il sera possible d’établir un diagnostic à l’aide seulement de quelques allergènes judicieusement choisis.

D’autre part la désensibilisation sera beaucoup plus ciblée et certainement alors beaucoup plus efficace.

Il faut donc continuer à développer ces voies de recherche. Peut-être les techniques d’OGM permettront elles de fabriquer des produits alimentaires d’origine végétale ne possédant plus ces allergènes majeurs.

On peut rêver.

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