Je vole, je pique, je gêne mais dans l’œuf et je suis très lié à un acarien : qui suis-je ?

lundi 8 mars 2004 par Dr Stéphane Guez2528 visites

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Je vole, je pique, je gêne mais dans l’œuf et je suis très lié à un acarien : qui suis-je ?

Je vole, je pique, je gêne mais dans l’œuf et je suis très lié à un acarien : qui suis-je ?

lundi 8 mars 2004, par Dr Stéphane Guez

A quoi pourrait bien être allergique un patient ayant des manifestations respiratoires lors de la manipulation d’abeilles ou de larves d’abeilles ? Après avoir, bien entendu, éliminé tous les pneumallergènes connus ? Plutôt que de donner votre langue au chat, vous la donnez à allergique.org ? Vous avez raison !!

Un nouvel allergène présent dans l’environnement professionnel des apiculteurs. : O. Rudeschko1, A. Machnik2, H. Dörfelt3, H.-H. Kaatz4, B. Schlott5, R. W. Kinne1

1Institute of Immunology ; 2Department of Pneumology ; 3Institute of Ecology ; 4Institute of Apidology, Friedrich Schiller University ; 5Institute for Molecular Biotechnology, Jena, Germany

dans Allergy 59 (3), 332-337

Les allergies aux pneumallergènes, causés par des allergènes de nombreux pollens, les acariens de la poussière de maison, les épithéliums d’animaux et les moisissures sont fortement en augmentation.

Dans 2.6% des cas, la source de l’allergène reste cependant non identifiée.

Cet article décrit un allergène encore non connu qui a entraîné une allergie respiratoire chez un patient apiculteur travaillant avec des oeufs.

 Méthode et résultats :

  • L’allergène a été caractérisé par immunoblotting, test d’inhibition de l’ELISA et immunoélectrophorèse avec le sérum du patient.
  • Il est présent à la fois chez l’abeille et dans sa larve, avec un poids moléculaire de 13 kDa et un point isoélectrique de 5.85.
  • Il est thermolabile et ne croise pas sur le plan antigénique avec les allergènes de bouleau, d’armoise, les allergènes fongiques ou le venin d’abeille.
  • La séquence d’acides aminés N terminale de l’allergène de la larve a été déterminé : QIEELKTRLHT.
  • Un allergène similaire de 13 kDa a également été trouvé dans l’acarien Varroa qui se rencontre dans cultures d’abeille.

 Conclusion :

  • Les abeilles (également au stade de larves) et les acariens Varroa contiennent une protéine de 13 kDa qui peut entraîner une réaction allergique.
  • Actuellement, il n’y a pas de preuves si le cas décrit est un phénomène unique ou s’il s’agit d’un allergène commun pouvant entraîner des manifestations allergiques chez d’autres travailleurs exposés.
  • Cependant, une allergie à l’abeille ou à l’acarien Varroa doit être envisagée, chez les apiculteurs, après élimination des autres causes d’allergies connues par voie inhalée.

Les auteurs décrivent un nouvel allergène bien caractérisé, qui est commun à l’abeille et à sa larve ainsi qu’à un acarien (Varroa). Il est encore impossible de dire s’il s’agit d’un cas rare ou d’un nouvel allergène dont il faudra tenir compte chez les apiculteurs ayant une allergie respiratoire.

Il est toujours intéressant de décrire un nouvel allergène surtout en pathologie professionnelle où la recherche d’une étiologie n’est pas toujours facile.

Les auteurs de ce travail décrivent un nouvel allergène responsable d’une allergie respiratoire, allergène qui se rencontre à la fois chez l’abeille adulte et dans sa larve, et qui semble croiser avec un acarien particulier qui ne se rencontre que dans le milieu de l’apiculture.

Les auteurs ont bien caractérisé sur le plan physicochimique cet allergène. Cependant il n’est pas disponible sur le plan commercial. Il faudrait donc adresser un sérum pour explorer un patient qui pourrait présenter une allergie respiratoire d’étiologie inconnue lors de la manipulation de ruche ou de larves d’abeilles.

L’allergie reste un domaine très vaste avec un nombre d’allergènes qui semble infini, il est donc toujours possible, en poussant les analyses, de trouver de nouveaux allergènes. Cependant, dans un souci d’efficacité et de rentabilité, seuls les allergènes responsables de manifestations chez un grand nombre de patients peuvent être pris en compte.

Lorsqu’on ne trouve pas l’allergène, il faut en conclure que l’on n’a pas les moyens de le mettre en évidence plutôt que de dire qu’il n’y a pas d’allergie.

La modestie est de mise en allergologie.

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