1er congrès Francophone pédiatrique de pneumologie et d’allergologie - 4 et 5 Nov 05

mercredi 23 novembre 2005 par Dr Emmanuelle Rondeleux7661 visites

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1er congrès Francophone pédiatrique de pneumologie et d’allergologie - 4 et 5 Nov 05

1er congrès Francophone pédiatrique de pneumologie et d’allergologie - 4 et 5 Nov 05

mercredi 23 novembre 2005, par Dr Emmanuelle Rondeleux

Ce premier Congrès Francophone Pédiatrique de
Pneumologie et d’Allergologie s’est avéré fort riche. Les conférences
plénières ont été reprises dans la Revue Française d’Allergologie et
d’Immunologie Clinique et je ne vous ferais pas l’affront de les
plagier. Les sessions de l’ASPPIR seront présentes sur le site de
l’ASPPIR. Vous trouverez donc dans vos pages internet préférées les
compte-rendus des ateliers SP2A et Anaforcal. Aujourd’hui un excellent atelier sur l’allergie médicamenteuse,

Allergies médicamenteuses

Claude Ponvert

Le sujet étant vaste nous avons abordé les 2 classes thérapeutiques qui posent le plus souvent des problèmes : les anti-infectieux et les AINS. Le Pr. Ponvert nous a fait une revue assez exhaustive de la littérature et nous a fait partager son expérience. Le compte-rendu est long et assez complet.

Dans les études épidémiologiques, 7 à 12% des enfants prenant des antibiotiques rapportent des réactions présumées à ces antibiotiques.

Ce sont les bétalactamines qui sont le plus souvent impliquées.

 Il s’agit le plus souvent d’éruptions maculo-papuleuses plus ou moins bien étiquetées dans 70 % des cas.
 On retrouve également des urticaires avec ou sans angio-œdème dans 28 % des cas et des réactions diverses dans 2 %.
 Les réactions anaphylactiques graves restent exceptionnelles.
 Les pseudos maladies sériques représentent 0,02 à 0,2% et ne sont donc pas si exceptionnelles que ça. Elles se manifestent par une urticaire avec angio-œdème, arthralgies et fièvre modérée au 5ème - 7ème jours de la prise de l’antibiotique, le plus souvent une céphalosporine de 1ère génération. Elle dure 5 à 10 jours et régresse spontanément sans séquelles.

Concernant les allergies aux bétalactamines, on retrouve 7 études de 80 à 325 enfants avec au minimum un test cutané à lecture immédiate, parfois une lecture retardée ou semi-retardée.
 13 à 14 % des enfants présentent une authentique allergie (de 1,5 à 45,5 % selon les études ce qui démontre l’important biais de recrutement).
 Plus la réaction est grave et immédiate, plus on a de réaction allergique.

Pour les autres anti-infectieux, dans l’étude de Paupe sur 23 enfants reportant une réaction allergique, aucun n’avait un test de provocation positif. Dans son étude Munoz-Martin retrouvait 5 % d’allergie dont 18,7 % avec des sulfamides.

 Les tests cutanés sont positifs dans 25% des cas lors d’une réaction immédiate, 14 % en cas de réaction accélérée (< 48 heures) et 7,4 % quand elle est retardée.
 Les tests cutanés sont plus souvent positifs quand la réaction est grave.

  • Ils sont positifs dans 43 % quand il s’agit d’une réaction anaphylactique,
  • 10 % dans une urticaire avec ou sans angio-œdème et
  • 7 % pour les autres.
     Concernant les autres antibiotiques, les tests cutanés sont peu sensibles. En moyenne 4 % de tests à lecture immédiate sont positifs et 0,8 % à lecture retardée.

Le diagnostic étiologique dépend avant tout de l’examen clinique (lorsqu’il est possible au moment de la réaction) et de l’anamnèse.
 On va rechercher

  • la nature et la chronologie des symptômes par rapport au début du traitement et surtout de la dernière prise,
  • les traitements antérieurs bien tolérés par tout antibiotique de la même famille qui ont sensibilisé l’enfant (tenir compte des prises d’antibiotiques par la mère pendant la grossesse ou l’allaitement),
  • les traitements ultérieurs bien ou mal tolérés par des antibiotiques de la même famille. - On note également les antécédents personnels et familiaux divers.

Les tests cutanés doivent être fait s’ils sont réalisables (problème de la galénique) et fiables.
 Pour les réactions d’hypersensibilité immédiate, on fera des prick-tests puis des intradermo-réactions à lecture immédiate.
 Pour les réactions non immédiates des intradermoréactions et des patchs à lecture semi-retardée, retardée et hyper retardée.

Les tests in vitro n’ont aucun intérêt.

On pourra aller jusqu’au test de provocation orale si les tests cutanés sont négatifs.

Pour les bêtalactamines :
 si le test cutané à la molécule impliquée est positif, il faut réaliser des tests cutanés pour les autres bêtalactamines. S’ils sont positifs, il s’agit d’une hypersensibilité à toutes les bêtalactamines.
 En pratique, on réalise

  • un témoin positif,
  • un négatif,
  • des prick-tests à 250 UI/ml puis 2 500 UI/ml ( ≤ 25 000 UI/ml),
  • puis des IDR à 250 puis 2500 UI/ml ( ≤ 25 000 UI/ml) pour la benzylpénicilline.

Pour les autres bêtalactamines, on réalise

  • des prick-tests à 0,25 puis 2,5 mg/ml (< 20-25 mg/ml)
  • puis des IDR à 0,25 puis 2,5 mg/ml.

Le Claforan et le Tienam donnent des faux positifs à partir de plus de 2 mg/ml.

Les prick-tests ont une sensibilité inférieure ou égale à 30 %.

Quand on associe pricks et intradermo-réactions, on arrive à 70 à 90 %.

Quand on a une histoire clinique d’allergie aux bêtalactamines, si les tests cutanés sont positifs soit 7-35 % des cas, on a un risque d’allergie lors d’un nouveau traitement supérieur à 60 %.

Quand les tests cutanés sont négatifs soit 65 à 93 %, on a un risque d’allergie de 1 à 7,5 % et uniquement des réactions modérées sont décrites.

Cas clinique 1 :

Céline M. est non atopique.

Les bêtalactamines étaient antérieurement bien tolérées.

À 9 ans 1/2, elle présente une urticaire, un jour après la prise d’une pénicilline G. A 10 ans 1/2, elle a une urticaire aiguë associée à un angio-œdème immédiatement après la prise d’Oroken.

À 10 ans 7 mois, elle présente une urticaire aigue, un angio-œdème et un œdème laryngé immédiatement après la prise de Bristopen.

Depuis, elle n’a plus été traitée par des bêtalactamines.

Quel diagnostic est le plus probable et pourquoi ?

Une hypersensibilité à toutes les bêtalactamines car elle a présenté des réactions aux pénicillines et aux C3G, par la nature et l’aggravation des réactions (urticaire aigue puis urticaire et angio-œdème, puis anaphylaxie grave), par la chronologie des réactions (accélérées puis immédiates).

Quel bilan réalisez-vous ?

On réalise des tests cutanés aux bêtalactamines de classes diverses, des examens biologiques (RAST, tests d’activation cellulaires) éventuellement mais ils n’apportent rien de plus pour le Dr Ponvert.

Dans ce cas, les tests cutanés avec lecture à 20 minutes sont positifs pour le PPL, la pénicilline G, le Bristopen, l’Amoxicilline, la Céfazoline et le Claforan, négatifs pour l’Azactam (qui n’a pas de façon habituelle d’allergie croisée avec les autres bêtalactamines).

Les RAST sont négatifs pour les pénicillines G et V, l’ampicilline et l’amoxycilline.

Le diagnostic est dont bien une allergie à toutes les classes de bêtalactamines (sauf les monobactames) avec une concordance clinique.

Il n’est pas utile de faire un test de provocation orale.

Cet exemple montre la bonne valeur des tests cutanés à lecture immédiate dans les hypersensibilités immédiates aux bêtalactamines et le taux élevé de réactivité croisée entre les bêtalactamines de même classe et de classes différentes.

On retrouve des réactions croisées dans 27 % en cas d’anaphylaxie et 34 % en cas de réaction immédiate.

Il montre la faible valeur des tests in vitro dans l’hypersensibilité immédiate aux bêtalactamines mêmes avec les meilleurs qui sont les Cap Pharmacia (sensibilité de 10 à 50 % avec des faux positifs dans 10 à 16% des cas). On n’obtient pas mieux avec les autres tests biologiques.

Cas clinique 2 :

Lorenada 12 ans 1/2 est atopique.

Elle a reçu plusieurs traitements antérieurs avec des bêtalactamines bien tolérés.

Elle présente à 8 ans 7 mois un rash maculo-papuleux retardé lors d’un traitement par Céfaperos et à 12 ans 3 mois un angio-œdème généralisé immédiat sans signes de gravité lors de la prise de Clamoxyl.

Quel diagnostic évoquez vous ?

Une hypersensibilité immédiate à l’Amoxycilline et éventuellement aux autres bêtalactamines.

Les RAST faits en ville sont négatifs.

On réalise des tests cutanés avec lecture à 20 minutes, 6-8 heures et 72 heures aux Clamoxyl, Céfazoline et Claforan qui sont tous négatifs.

Que faire et pourquoi ?

Il faut faire un test de provocation orale (TPO) à l’Amoxycilline car c’est un antibiotique utile. On sait que les tests cutanés peuvent être faussement négatifs. Il faut faire le diagnostique différentiel.

Le TPO fait en hôpital de jour au Clamoxyl provoque une urticaire avec angio-oedème immédiat.

Que faire et pourquoi ?

Il faut faire des TPO aux bêtalactamines de même classe et de classes différentes.

Les TPO à l’Oracilline, au Céfaperos et au Zinnat sont négatifs.

Il s’agit donc d’une sensibilisation immédiate aux aminopénicillines qui sont contre-indiquées de façon absolue. Mais, il n’y a pas de sensibilisation aux autres bêtalactamines, elles ne sont pas contre-indiquées.

Les TPO sont réalisés à quelques jours d’intervalle en débutant à 1/500 à 1/1 000 de la dose quotidienne en cas de réaction sévère, 1/100 à 1/50 en cas de réaction modérée.

En cas d’antécédent de réaction immédiate, on les réalise sur une journée en hôpital de jour avec 5 à 7 prises jusqu’à la dose quotidienne

En cas de réaction accélérée de moins de 48 heures, on fait le test sur 2 jours avec le premier jour 5 à 7 prises et le lendemain 1/2 prise journalière deux fois (matin et midi).

En cas de réaction retardée, le test se fera sur 5 à 7 jours avec hospitalisation le premier jour uniquement.

Ce cas clinique montre que les tests cutanés peuvent être faussement négatifs chez 5 à 15 % des patients présentant une hypersensibilité retardée aux bêtalactamines.

Cet exemple montre la faible fréquence de réactivité croisée entre les bêtalactamines en cas d’hypersensibilité peu ou modérément sévère aux bêtalactamines et le faible risque de récidive de réaction maculo-papuleuse aux bêtalactamines chez l’enfant.

Chez l’enfant beaucoup d’auteurs ne font pas d’exploration dans ce cas.

Attention par contre aux adultes qui présentent un risque plus important de toxidermie médicamenteuse, d’autant plus s’il s’y associe un prurit (le rash maculo-papuleux ne gratte pas ou peu).

Dans les réactions non immédiates, les réactions croisées sont moins fréquentes, mais peuvent exister.

Les tests cutanés (intra dermo-réaction et patch-tests) sont positifs dans 5 à 65 % des cas, 5 à 92 % quand on les associe.

Les tests cutanés à lecture immédiate ne sont pas standardisés d’où un risque de faux positifs à cause d’une trop forte concentration. Ils sont variables en fonction du type des symptômes et des mécanismes immunologiques.

Les tests cutanés à lecture retardée utilisés varient énormément d’une équipe à l’autre : Pénicilline G concentrée jusqu’à 25 000 UI/ml pour Ponvert, 50 000 pour Barbaud, 10 000 pour Romano, 1 à 25 mg/ml pour les autres bêtalactamines (2,5 à 25 mg/ml pour Ponvert).

Les Patch-tests ont également des concentrations différentes (250 000 UI/ml pour la pénicilline G et 250 mg/ml pour les autres dans l’équipe du Pr. Ponvert), le solvant peut également varier (solution saline pour Ponvert). Dans l’étude de Romano, sur 5 patients ayant des tests cutanés à lecture retardée, seuls 40 % (2 patients) avaient un test de provocation positif.

Les réactions retardées de type IV peuvent être subdivisées en 4 sous groupes.
 Le type IV (a) ou tuberculinique qui aboutit à l’activation des macrophages par le biais de l’interféron gamma. Il est responsable essentiellement de rashs maculo-papuleux. Les patch-tests peuvent alors être positifs.
 Le type (b) avec recrutement des polynucléaires éosinophiles responsables de rash maculo-papuleux plus graves, de syndromes de Lyell ou de DRESS syndromes. Les tests sont alors moins souvent positifs.
 Le type IV (c) avec activation des lymphocytes T cytotoxiques responsable de toxidermies sévères. Les tests cutanés sont alors négatifs.
 Et le type IV (d) responsable de l’activation des polynucléaires neutrophiles avec cliniquement des PEAG. Dans sa forme banale, les patch-tests peuvent être positifs, dans sa forme grave (2ème contact) les tests cutanés à lecture retardée sont négatifs. Les tests in vitro sont aussi mauvais que pour l’hypersensibilité immédiate avec des faux positifs dans 20 à 25 % des cas et des vrais positifs dans seulement 35 à 53 % des cas.

Cas clinique n°3 :

Abraham 13 ans avait reçu un traitement par Amoxycilline avant 16 mois bien toléré.

À 16 mois, il présente une urticaire avec angio-œdème généralisés lors d’un traitement par Amoxycilline.

À 4 ans 1/2 il présente le même tableau 8 à 12 heures après la prise (le lendemain matin).

Depuis il ne reçoit que des C1G et des C3G qui sont bien tolérées.

Quel est votre diagnostic ?

Il s’agit d’une hypersensibilité non immédiate à l’amoxycilline et peut être aux autres pénicillines ou de réactions liées aux infections ou autre chose.

Quelles explorations réalisez-vous ?

On réalise des tests cutanés aux Pénicillines.

Les tests cutanés sont positifs à 6-8 heures et 72 heures pour l’ampicilline et l’amoxycilline et négatifs pour la pénicilline G.

Que faites-vous ?

Un test de provocation à l’oracilline (poursuivi sur 4 jours à domicile dans ce cas) qui est négatif.

Quel est votre diagnostic ?

Une hypersensibilité non immédiate sélective aux aminopénicillines qui sont donc contrindiquées sans sensibilisations aux autres pénicillines, ni aux céphalosporines.

En cas de réaction non immédiate, on a des réactions croisées entre les pénicillines dans 5 à 16 % des cas et des réactions croisées entre pénicillines et céphalosporines entre 0 à 5 % des cas.

Cas clinique 4 :

Sophie 33 mois atopique avait eu 2 traitements par Clamoxyl bien tolérés jusqu’au 15ème mois.

À 15 mois, un érythème polymorphe généralisé de chronologie retardée survient après une prise de Clamoxyl.

Les étiologies infectieuses ne sont pas recherchées.

Depuis les traitements par Céphalosporines sont bien tolérés.

Les tests cutanés à la Pénicilline G et au Clamoxyl sont négatifs avec une lecture immédiate et retardée.

Doit-on faire un test de provocation ?

On ne fait pas de test de provocation au Clamoxyl car il y a un risque de récidive grave.

Par contre, on fait un test à l’Oracilline qui est négatif.

L’étiologie est probablement d’origine infectieuse, mais il faut contrindiquer les aminopénicillines.

Il n’y a pas de sensibilisation croisée avec les céphalosporines et les bêtalactamines donc pas de contre-indication.

Cas clinique 5 :

Mathias 36 mois présente une maladie des cils.

De la naissance à 33 mois, il a reçu plusieurs traitements antibiotiques (dont des bêtalactamines), antipyrétiques et par AINS bien tolérés.

À 36 mois, il présente un syndrome de Steven-Jonhson après un traitement par Clamoxyl et Aspirine de chronologie retardée (J5).

Quel est votre bilan ?

L’enfant étant vu 3 semaines après la réaction, on fait des sérologies virales qui sont positives pour l’HSV et négatives pour les mycobactéries et cocsakies.

On réalise des tests cutanés aux bêtalactamines solubles au 3ème mois qui sont négatifs en lecture immédiate (PT et ID), semi retardée (ID) et retardée (ID et Patch).
Quelle est la conduite à tenir ?

L’étiologie infectieuse est la plus probable (90 à 95 % des cas).

L’enfant est porteur d’une maladie des cils et devra donc recevoir à nouveau des antibiotiques. On fait donc un test de provocation oral à l’Amoxycilline et à l’Aspirine sur 7 jours en milieu très contrôlé. Il n’y a aucune réaction.

Quel est votre diagnostic ?

C’est un syndrome de Stevens Johnson d’origine infectieuse.

Cas clinique 6 :

Cyrielle L. 4 ans, atopique, a reçu plusieurs traitements bien tolérés par bêtalactamines jusqu’à 3 ans 1/2.

À 3 ans 1/2, après une prise d’Oracéfal, elle présente une pustulose exanthémique aiguë généralisée de façon accélérée.

Les tests cutanés (Prick et ID) sont négatifs en lecture immédiate et retardée pour la pénicilline G, l’Amoxycilline, la Céfazoline et la Rocéphine.

Le test de provocation orale (TPO) à l’Oracéfal n’est pas pratiqué car il y a un risque de récidive sévère.

Le TPO à l’Amoxycilline et à l’Orelox à domicile est bien toléré.

Il y a une contre-indication aux céphalosporines, mais pas de contre-indications aux autres bêtalactamines.

En pratique :

En cas d’hypersensibilité immédiate aux pénicillines : en cas d’anaphylaxie, on fait une éviction de toutes les bêtalactamines, l’exploration diagnostique est nécessaire ; en cas de réaction modérée immédiate et d’urticaire avec angio-œdème retardé, il faut faire une éviction de la classe suspectée sans contre-indication des autres classes de bêtalactamines, l’exploration diagnostique est recommandée. L’exploration diagnostique comporte des tests cutanés plus ou moins des tests de provocation orale.

Si la réaction n’évoque pas une réaction immédiate, en cas de pseudo maladie sérique, il y a une contre-indication à la bêtalactamine suspecte et aux bêtalactamines proches mais pas de contre-indication aux autres. Les tests cutanés à lecture retardée et les patch-tests donnent des arguments supplémentaires.

En cas d’érythème polymorphe et de toxidermie sévère, il faut rechercher une étiologie infectieuse (HSV, mycoplasme, coxsackie, syndrome de Lyell d’origine staphylococcique et streptococcique) mais le bilan doit être fait au moment de la réaction ou au décours. S’il est négatif ou non effectué, il y a une contre-indication à la bêtalactamine suspecte et aux bêtalactamines proches, mais il n’y a pas beaucoup de risque avec les bêtalactamines de classes différentes. Les tests cutanés à lecture retardée sont généralement négatifs.

Pour les autres réactions (rash maculopapuleux, rash non définis), chez les enfants on peut réaliser un test de provocation oral avec la bêtalactamine suspecte, chez l’adulte il faut se méfier d’une toxidermie inaugurale et l’on fera des tests cutanés à lecture retardée.

Les tests allergologiques ne doivent pas être faits trop tôt sinon ils ont une faible sensibilité. Le mieux est à partir du 3ème au 6ème mois. Il ne faut pas les faire trop longtemps après en cas de réaction immédiate car le taux de négativation par an est de 10 à 15 % pour les tests cutanés et de 50 % pour les RAST. Ils doivent être faits dans les 1 à 2 ans qui suivent. Il y a un risque de resensibilisation. 5 à 10 % des patients positivent leurs tests cutanés à lecture immédiate 2 à 4 semaines après un premier bilan (TC + TPO) négatif, mais ces tests sont négatifs 3 mois après. Des tests cutanés positifs ont été décrits chez des enfants recevant fréquemment des bêtalactamines. Dans l’étude de Ponvert, il n’y a pas plus de 1 % de récidive. Les récidives sont donc possibles mais tout à fait exceptionnelles.

Pour les autres anti-infectieux, en cas d’allergie immédiate, les tests cutanés (sauf pour la Rifamycine) et les tests in vitro n’ont aucun intérêt. Seul le TPO permet le diagnostic s’il est nécessaire. Pour les réactions non immédiates, les tests cutanés n’ont pas d’intérêt sauf pour les eczémas (patch-tests) et les photodermatoses (photopatch-tests). Les tests in vitro n’ont pas d’intérêt. Seul le TPO permet le diagnostic, s’il est nécessaire.

Cas clinique 7 :

Jonhy 2 ans a eu avant les faits un traitement par Clamoxyl bien toléré.

À 6 mois, il présente un rash maculo-papuleux retardé lors d’ un traitement par Clamoxyl, à 19 mois une urticaire aiguë avec angio-œdème aigu accéléré du visage après prise d’Alfatil, à 20 mois une urticaire aiguë avec angio-œdème accélérés après prise de Josacine, à 22 mois une urticaire aiguë avec angio-œdème après prise de Rovamycine.

Il n’a pas repris d’antibiotiques depuis.

Les tests cutanés sont négatifs en lecture immédiate et retardée pour le Clamoxyl, la Céfazoline et le Claforan.

Le TPO au Clamoxyl à domicile sur 4 jours et à la Josacine à l’hôpital sur 48 heures sont tous 2 négatifs.

Il ne s’agit donc pas d’une allergie médicamenteuse mais de probables réactions infectieuses.

Cas clinique 8 :

Léa 13 mois a une allergie aux protéines de lait de vache sévère.

Elle est gardée par une nourrice.

À 10 mois, après la prise d’Augmentin et de son biberon, elle présente une urticaire aiguë et un angio-œdème généralisés avec signes de choc immédiats.

Depuis elle n’a pas de nouvelle prise antibiotique.

Quels sont les diagnostics possibles ?

On pense surtout à hypersensibilité immédiate grave à l’Augmentin plus moins associée à une allergie aux autres bêtalactamines ou à une allergie alimentaire (consommation de lait de vache en particulier).

Quel est votre bilan ?

Il faut réaliser un bilan d’allergie immédiate aux bêtalactamines et d’allergie alimentaire.

Les tests cutanés au Clamoxyl et au Zinnat sont négatifs.

Le test cutané est positif aux protéines du lait de vache.

Le TPO à l’Augmentin réalisé en hospitalisation de jour est négatif. Il n’y a donc pas de sensibilisation aux bêtalactamines qui ne sont pas contre-indiquées.

En reprenant l’interrogatoire, on s’aperçoit que la nourrice ce jour-là avait probablement inversé les biberons et donné un biberon de lait de vache à Léa.

Cas clinique 9 :

Olivier 3 ans, atopique a reçu 2 traitements par Clamoxyl avant les faits.

À 19 mois, il présente une éruption mal étiquetée générale retardée lors de la prise d’Oracéfal, à 20 mois une urticaire aiguë généralisée lors de la prise d’Erythrocine, à 24 mois une « érythrodermie » retardé lors de la prise de Josacine.

Depuis il a reçu un traitement par Ery et Bactrim bien tolérés.

Les tests cutanés sont négatifs pour le Clamoxyl et la Céfazoline.

Les TPO réalisés à domicile ont entraîné une urticaire accélérée avec l’Oracéfal en suspension buvable et aucune réaction avec l’Oracéfal en gélules (ouvertes et bien masquées) et la Josacine en comprimés écrasés.

En reprenant l’interrogatoire, on note la notion d’urticaires récidivantes lors de la consommation de bonbons et de certaines pâtisseries.

Le diagnostic est celui d’une intolérance aux additifs (arômes fraise-framboise).

C’est un diagnostic peu fréquent, moins de 1 % du recrutement.

Cas clinique 10 :

Mathieu 10 ans présente une dermatite atopique et un asthme allergique.

De la naissance à 9 ans 1/2, il a reçu plusieurs traitements par des bêtalactamines, des macrolides, de l’aspirine et des AINS bien tolérés.

À 9 ans 1/2, il présente une urticaire aiguë avec un œdème laryngé lors de la prise de Josacine plus ou moins associée à de l’aspirine.

Depuis il a eu des traitements par bêtalactamines et paracétamol bien tolérés.

Le bilan va comprendre un TPO à la Josacine (en hospitalisation pendant 24 heures) qui est négatif, un TPO à l’aspirine (en hospitalisation pendant 24 heures) qui va entraîner une urticaire aiguë immédiate et un TPO à l’Ibuprofène (en hospitalisation pendant 24 heures) qui est négatif.

Il s’agit donc d’une intolérance à l’aspirine avec tolérance à l’ibuprofène.

Commentaires :

L’intolérance aux AINS est un diagnostic différentiel de l’allergie aux antibiotiques (moins de 1% dans l’expérience du Pr. Ponvert). 1/3 présente une intolérance associée aux autres AINS (TPO à l’ibuprofen positif). 4 % présentent une intolérance au paracétamol. Ces intolérances associées sont corrélées à la gravité initiale.

Chez 30 enfants rapportant des réactions immédiates ou accélérées au paracétamol évocatrices, les tests de réintroduction effectués en milieu hospitalier sur 24 à 48 heures ont montré une positivité chez 10 % de ces enfants et une intolérance associée aux AINS dans 100 % des cas. Ces enfants ne peuvent recevoir alors que des opiacés légers à but antalgique.


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