C’est pas si « simplex » de travailler avec Anisakis !

mercredi 7 juin 2006 par Dr Alain Thillay6700 visites

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C’est pas si « simplex » de travailler avec Anisakis !

C’est pas si « simplex » de travailler avec Anisakis !

mercredi 7 juin 2006, par Dr Alain Thillay

La mode du poisson cru nous a fait connaître l’allergie à Anisakis simplex, nématode parasite des poissons de mer, qui peut infester accidentellement l’intestin de l’homme. Cette étude sud-africaine a pour objectif d’évaluer la prévalence de cette allergie chez des travailleurs d’unités de transformation du poisson et de mettre en évidence le type de réaction en s’aidant d’un habile modèle murin.

L’exposition au parasite du poisson Anisakis simplex est responsable d’hyperréactivité bronchique et de dermatite allergiques. : Natalie Nieuwenhuizen, BSc(Med)Honsa∗, Andreas L. Lopata, PhDa∗, Mohamed F. Jeebhay, MD, PhDb, De’Broski R. Herbert, PhDa, Thomas G. Robins, MDc, Frank Brombacher, PhDaCorresponding Author Informationemail address

a From the Division of Immunology, Institute of Infectious Diseases and Molecular Medicine, Faculty of Health Sciences, National Health Laboratory Service
b Occupational and Environmental Health Research Unit, School of Public Health and Family Medicine, University of Cape Town
c Department of Environmental Health Sciences, University of Michigan

dans JACI Volume 117, Issue 5, Pages 1098-1105

 Introduction :

  • Plusieurs cas ont été rapportés, qui montrent que les réactions allergiques et anaphylactiques au parasite du poisson Anisakis simplex sont impliquées dans la vie de tous les jours et dans le contexte professionnel.
  • D’autres recherches sont nécessaires pour préciser la prévalence et les mécanismes de la maladie.

 Objectif :

  • Déterminer la prévalence de la sensibilisation à Anisakis simplex et des symptômes en relation chez des ouvriers de deux usines de préparation de poissons, en ayant recours à des souris génétiquement déficientes pour déterminer les mécanismes de l’allergie à Anisakis.

 Méthodes :
-*Une version modifiée de l’Enquête de Santé respiratoire de la Communauté Européenne a été employée pour interroger 578 ouvriers de deux usines sud-africaines de préparation de poisson.

  • La sensibilisation à Anisakis, aux fruits de mer, et aux aéroallergènes communs a été déterminée par prick-tests cutanés.
  • La fonction respiratoire a été mesurée par spirométrie et test de provocation à la méthacholine.
  • Le taux de l’acide eicosapentaénoïque sérique a été utilisé comme index de consommation de fruits de mer.
  • Les souris alpha-déficientes en récepteur IL-4 et des souris « sauvages » non déficientes génétiquement ont été testées oralement avec un extrait d’Anisakis.
  • Les réactions allergiques, la pathologie pulmonaire, les anticorps, les cytokines, les protéases des mastocytes et l’histamine ont été évalués.

 Résultats :

  • La prévalence de la sensibilisation à Anisakis simplex était plus élevée que la prévalence de la sensibilisation au poisson (8% contre 6%).
  • La réactivité IgE spécifiques à Anisakis était associée à l’hyperréactivité bronchique et à la dermatite, et, significativement augmentée avec la consommation de poisson.
  • Chez la souris, les larves contagieuses d’Anisakis (L3) ont induit une réponse remarquable de type TH2.
  • Les réactions allergiques alimentaires induites par test de provocation orale à l’aide d’un extrait d’Anisakis étaient absentes chez les souris dépourvues de récepteur à l’IL-4.

 Conclusion :

  • La sensibilisation à Anisakis simplex chez les ouvriers d’usine de préparation de poisson est associée aux symptômes allergiques et corrélée à des niveaux élevés de consommation de poisson.
  • Les protéines d’Anisakis induisent des réactions allergiques chez les souris sensibilisées par des mécanismes médiés par l’IL-4 et l’IL-13.

 Implications cliniques :

  • L’allergie à Anisakis simplex devrait être prise en compte chez les ouvriers travaillant dans des unités de préparation de poisson et souffrant de symptômes allergiques.

Anisakis simplex est un nématode dont les larves peuvent être hébergées par de nombreux poissons de mer comme le maquereau, le merlan, le saumon, le hareng, le thon etc. mais aussi les crustacés et les céphalopodes.

L’homme est un hôte accidentel en cas d’ingestion de poisson cru ou insuffisamment cuit, d’où l’intérêt de pratiquer une cuisson de 10 minutes à 65 °C ou de manger le poisson après l’avoir congelé à -20 °C pendant un minimum de 24 heures.

Ainsi, certains individus peuvent produire des IgE anti-Anisakis et, lors d’une nouvelle consommation, ils souffriront de réactions allergiques. Dans ces cas, il faudra faire le distinguo entre allergie à Anisakis simplex et allergie au poisson lui-même.

Le but de cette étude sud-africaine était d’évaluer la prévalence de l’allergie à Anisakis chez des ouvriers travaillant dans des unités de transformation de poissons de mer, et, à l’aide d’un modèle murin déficient en récepteur à l’IL-4, de mettre en évidence le mécanisme physiopathologique de la réaction.

D’après cette étude, sur l’échantillon de 578 ouvriers de transformation du poisson, 8% sont sensibilisés à Anisakis et 6% au poisson. De plus, la réactivité IgE dépendante à Anisakis est associée à l’hyperréactivité bronchique et à la dermatite.
Le modèle murin démontre de façon saisissante une réponse TH2.

Il restera à déterminer le mode de sensibilisation de ces individus qui, toute la journée, préparent du poisson. Mangent-ils plus souvent du poisson frais ? Ou bien sont-ils sensibilisés par voie respiratoire (aérosol de protéines de poisson et d’Anisakis) ou par voie percutanée (contact direct).

Comme le soulignent les auteurs, il faut penser à l’éventualité de cette pathologie professionnelle.

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