Faire de l’enfant asthmatique un artiste !

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Faire de l’enfant asthmatique un artiste !

Faire de l’enfant asthmatique un artiste !

vendredi 1er octobre 2010, par Dr Alain Thillay

Essai randomisé pour tester l’efficacité de l’art-thérapie chez l’enfant asthmatique. : # Anya Beebe, MA, LPC
* Pediatric Behavioral Health, National Jewish Health, Denver, Colo , Erwin W. Gelfand, MD* Allergy/Immunology, Department of Pediatrics, National Jewish Health, Denver, Colo, Bruce Bender, PhD* Pediatric Behavioral Health, National Jewish Health, Denver, Colo

dans The Journal of Allergy and Clinical Immunology
Volume 126, Issue 2 , Pages 263-266.e1, August 2010

 Contexte :

  • L’art-thérapie a été utilisée pour aider les enfants à faire face aux maladies chroniques, mais n’a pas été spécifiquement testée sur des enfants qui souffrent d’asthme.

 Objectif :

  • Tester une intervention en art-thérapie dans une étude randomisée contrôlée chez des enfants asthmatiques.

 Méthodes :

  • Vingt-deux enfants souffrant d’asthme ont été randomisés soit dans un groupe d’art-thérapie active ou dans un groupe de contrôle en liste d’attente.
  • Ceux du groupe actif ont participé à des séances de 60 minutes d’art-thérapie une fois par semaine pendant 7 semaines.
  • Les sessions comprenaient des tâches spécifiques en art-thérapie visant à encourager l’expression, la discussion et la résolution de problèmes en réponse à la charge émotionnelle de la maladie chronique.
  • Les mesures prises au départ, immédiatement après, et 6 mois après la session d’art-thérapie finale comprenaient une évaluation par une échelle de mesure de l’art-thérapie FEATS (Formal Elements Art Therapy Scale) appliquée au dessin de la personne qui prend une pomme, un questionnaire d’évaluation de la qualité de vie pédiatrique de l’asthmatique et les inventaires Beck pour les jeunes.
  • Les enfants affectés au groupe de contrôle sur liste d’attente ont pratiqué toutes les évaluations aux mêmes intervalles que les enfants bénéficiant de l’art-thérapie, mais, sans, bien sûr, avoir suivi les interventions d’art-thérapie.

 Résultats :

  • Les modifications des scores en partant de l’évaluation initiale à celle de la réalisation du programme d’art-thérapie indiquent :
    • 1) amélioration de la résolution de problèmes et des scores de dessins affectifs ;
    • 2) amélioration de l’inquiétude, de la communication et des scores de la qualité de vie, et
    • 3) amélioration de l’anxiété selon l’inventaire spécifique de Beck et des scores d’évaluation de l’estime de soi dans le groupe actif par rapport au groupe contrôle.
  • À 6 mois, le groupe actif maintient les modifications positives par rapport au groupe contrôle, comprenant :
    • 1) les scores des dessins affectifs,
    • 2) l’inquiétude et les scores de qualité de vie, et
    • 3) le score d’anxiété de Beck.
  • La fréquence des exacerbations de l’asthme avant et après l’intervalle d’étude de 6 mois ne différaient pas entre les 2 groupes.

 Conclusion :

  • Il s’agit du premier essai randomisé qui démontre que les enfants souffrant d’asthme ont un bénéfice à recevoir l’art-thérapie qui comprend la diminution de l’anxiété et une meilleure qualité de vie.

Par définition, l’art-thérapie est sensée développer le potentiel artistique dans un but thérapeutique.

L’art-thérapie envisage le patient dans sa globalité physique, psychique et sociale.

L’objectif est d’améliorer la qualité de vie par la compréhension de soi.

Les indications sont sans doute aussi larges que peut être le nombre d’écoles voir de « clochers » qui se réfèrent à l’art thérapie, atteintes psychiques, physiques, handicap moteur, atteintes cérébrales, troubles de la communication, maladies chroniques plus ou moins stigmatisantes et même les exclus sociaux.

A priori, les enfants asthmatiques y avaient encore échappé et bien c’est fini !

Si l’évaluation de l’intérêt de l’art-thérapie peut se mesurer de façon relativement objective par des échelles d’évaluation psychiatrique type Beck ou de scores de qualité de vie, on a recours aussi à l’analyse de dessin.

Il est très intéressant de faire une petit tour de « Google » pour s’apercevoir que les interprétations du dessin d’un arbre font l’objet d’appréciations surprenantes toutes aussi différentes les unes que les autres.

Il est vrai que la plupart des auteurs font référence aux données psychanalytiques de différentes écoles dont l’école freudienne, alors tout et n’importe quoi peut être écrit !

Ce travail émane d’auteurs américains d’un centre de santé pédiatrique comportementale à Denver.

Ils ont eu recours, comme écrit plus haut, à des outils d’évaluation de l’efficacité de l’art-thérapie relativement objectifs comme les inventaires de Beck et des questionnaires de qualité de vie appropriés à l’enfant asthmatique.

Pour l’analyse du dessin ils utilisent une échelle de mesure le FEATS qui semble faire autorité dans le domaine.

Au terme de 7 semaines d’art-thérapie, les enfants asthmatiques du groupe actif communiquent mieux, sont moins anxieux, sont plus aptes à résoudre des problèmes et ont de meilleurs scores au FEATS comparativement aux enfants asthmatiques du groupe de contrôle.

A priori ces résultats seraient significatifs.

Il est déjà difficile de faire la preuve de l’efficacité d’une quelconque thérapeutique avec les éléments objectifs que réclame la médecine basée sur les preuves alors qu’ici dans un domaine aussi subjectif et spéculatif que les aspects psychologiques de la personnalité d’un enfant, nous pouvons très honnêtement rester dubitatif quant aux conclusions de ce travail.

A mon sens, un asthme infantile correctement pris en charge, y compris en soignant l’aspect relationnel pour faire de l’enfant un véritable partenaire thérapeutique, n’entre pas dans le cadre d’une maladie suffisamment stigmantisante pour aller s’attaquer à l’aspect psychologique.

Je le répète, le traitement de l’asthme est une prise en charge globale du patient, compte tenu de sa génétique, de son environnement, de ses allergies, de l’immunothérapie spécifique si nécessaire et des traitements médicamenteux adaptés.

Là est l’axe central de la prise en charge de l’asthme.

Bien sûr, à l’Allergologue de détecter un véritable mal être chez un petit asthmatique inquiet de sa maladie ou plus souvent inquiet de l’inquiétude de ses parents.

Là oui, une discussion approfondie avec les parents sans oublier de donner la parole à l’enfant, il ne faut pas laisser les parents monopoliser le discours, le petit malade a sans doute des choses à dire, il faut qu’il puisse l’exprimer avec ses mots, ses phrases…

En somme, établir une relation de confiance afin d’aboutir à une relation d’aide et non pas à une relation d’assistanat ou à une relation désinvolte.

Tout cela, l’Allergologue averti sait le faire et doit le faire.
Nul besoin de « bobothérapie » !

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