Si monsieur le compte veut bien se donner la peine…

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Si monsieur le compte veut bien se donner la peine…

Si monsieur le compte veut bien se donner la peine…

jeudi 18 novembre 2010, par Dr Hervé Couteaux

Comptes polliniques et leur relation avec les facteurs météorologiques à Ankara, en Turquie, au cours de la période 2005-2008. : Kizilpinar I, Civelek E, Tuncer A, Dogan C, Karabulut E, Sahiner UM, Yavuz ST, Sackesen C.

Department of Biology, Faculty of Sciences, Hacettepe University, Ankara, Turkey,

dans Int J Biometeorol. 2010 Oct 15

 Contexte :

  • Le pollen joue un rôle important dans le développement et l’exacerbation des maladies allergiques.
  • Nous avons cherché à enquêter sur les jours où les comptes polliniques étaient les plus élevés pour les pollens les plus allergisants et à identifier les facteurs météorologiques qui affectent les comptes de pollens dans l’atmosphère d’Ankara, Turquie.

 Méthodes :

  • Les comptes de pollens dans l’air ont été effectués de 2005 à 2008 avec un piège à spores Burkard de type volumétrique sur 7 jours.
  • Les plaques de microscope ont été converties en concentrations atmosphériques et exprimée en grains de pollen/m3.
  • Les paramètres météorologiques ont été obtenus auprès du Service météorologique national.
  • Toutes les analyses statistiques ont été faites avec les chiffres obtenus sur les pollens, chaque année de Mars à Octobre.

 Résultats :

  • Les pourcentages de pollens d’arbres, de Graminées et d’herbacées ont été respectivement de 72,1% (n = 24 923), 12,8% (n = 4433) et 15,1% (n = 5219).
  • Parmi les taxons d’arbres, la famille des Pinaceae se situait de 39% à 57%.
  • Parmi les taxons d’herbacées, la famille des Chenopodiaceae/Amaranthaceae a contribué au plus fort pourcentage de pollen (25% à 43%), tandis que dans les taxons d’herbe, seule la famille des Poaceae a été détectée de 2005 à 2008.
  • Poaceae et Chenopodiaceae/Amaranthaceae, qui sont les pollens les plus allergisants, ont été trouvés en grand nombre de mai à août à Ankara.
  • Dans l’analyse de régression logistique multiple,
    la vitesse du vent (OR = 1,18, IC95% = 1,02-1,36, P = 0,023) pour les pollens d’arbres, la température moyenne journalière (OR = 1,10, IC95% = 01/04-01/17, P = 0,001) et les heures d’ensoleillement (OR = 1,15, IC95% = 01.01-01.30, P = 0,033) pour les pollens de Graminées ainsi que les heures d’ensoleillement (OR = 3,79, IC95% = 1.03-13.92, P = 0,044) pour les pollens d’herbacées ont été identifiés comme facteurs de risque importants pour des comptes polliniques élevés.

 Conclusion :

  • Le calendrier pollinique et son association avec les facteurs météorologiques dépendent principalement de la température quotidienne, des heures d’ensoleillement et de la vitesse du vent, ce qui peut aider à attirer l’attention des médecins et des patients allergiques sur les jours où les comptes de pollens sont élevés.

La température quotidienne, les heures d’ensoleillement et la vitesse du vent sont les facteurs météorologiques mis en évidence par cette étude turque dans leur influence sur la présence de comptes polliniques élevés.

Il est dans la nature de l’homme de rêver, et les allergologues ne s’en privent pas : ils rêvent entre autre d’un moyen de mesurer l’exposition pollinique…

Ils y rêvent car ils ne l’ont pas : les comptes polliniques donnent un aperçu quantitatif « a posteriori » de la présence de pollens sur certains capteurs.

En général postés sur le toit de bâtiments publics, fréquemment à plus de 40 mètres du sol, leur emplacement est choisi avec soin mais c’est un choix qui tient nécessairement compte des possibilités locales… Les capteurs sont là où l’on peut les mettre, pas toujours là où l’on voudrait.

Et quand bien même, leur faible nombre est probablement un obstacle à une bonne représentativité de l’exposition pollinique dont l’hétérogénéité n’est pas la dernière des vertus.

Enfin, les données phénologiques, dont se préoccupe à raison le RNSA mettent en évidence un certain nombre de décalages (voire de discordances ?...) entre l’observation des pollens recueillis sur les capteurs et celle des plantes en période d’anthèse.

Les acteurs du RNSA au premier rang desquels il faut citer Michel THIBAUDON font un travail remarquable dont la première utilité reste, à mon sens, d’alerter les médecins autant que les allergiques sur ces problèmes de pollinose, ce qui n’est pas rien !

Le projet européen HIALINE (Health Impact of airborn ALlergens Information Network), présenté par Jeroen BUTERS los du récent congrès de l’ISMA, à Munich, représente sans doute l’avenir.

Partant du constat que des quantités similaires de pollens pouvaient relarguer des quantités très différentes d’allergènes (Buters et al, Int Arch Allergy Immunol 2008) il est apparu plus intéressant de mesurer le contenu en allergènes plutôt qu’en grains de pollens. En effet, cette variation peut dépasser un facteur 10 !...

Le « captage » est lyophilisé, puis redissout en PBS et l’allergène analysé en ELISA. Ceci a notamment été fait pour Bet v 1, Ole e 1 et Phl p 5.

Couteuse, difficile à mettre en œuvre techniquement, la mesure des allergènes pourrait s’avérer au final plus intéressante que les simples comptes polliniques : nous n’en sommes pas encore tout à fait là !...

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