Le pollen de cyprès compte un petit nouvel allergène !

mercredi 7 mars 2012 par Dr Alain Thillay1467 visites

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Le pollen de cyprès compte un petit nouvel allergène !

Le pollen de cyprès compte un petit nouvel allergène !

mercredi 7 mars 2012, par Dr Alain Thillay

IgE réactivité différente au pollen de cyprès associée à un allergène basique de 14 kDa. : Shahali Y, Sutra JP, Charpin D, Mari A, Guilloux L, Sénéchal H, Poncet P.

LSABM, ESPCI ParisTech, UMR CNRS 7195, Paris, France Department of Pneumology and Allergology, Hôpital Nord, Marseille, France Center for Molecular Allergology, IDI-IRCCS, Rome, Italy Biomnis, Lyon, France INSERM, Paris, France Department of Infection and Epidemiology, Institut Pasteur, Paris, France.

dans FEBS J. 2012 Feb 17. doi : 10.1111/j.1742-4658.2012.08536.x.

 Contexte :

  • Le pollen du cyprès commun (Cupressus sempervirens) représente la première cause d’allergies respiratoires dans le bassin méditerranéen.

 Objectif :

  • Le but de cette étude était de caractériser un nouvel allergène du pollen de cyprès de 14 kDa (BP14) permettant une dissociation claire des schémas d’IgE-réactivité chez les patients allergiques.
  • La caractérisation biologique et immunochimique de BP14 incluait la détermination de son point isoélectrique, sa masse moléculaire, la cinétique d’extraction, la prévalence de la liaison aux IgE, la présence de CCD type broméline et son IgE-réactivité dans des conditions réductrices.
  • La présence de réactivités croisées homologues étroitement liées entre les différentes espèces de cyprès c’est à dire Cupressus arizonica et Cryptomeria japonica (cèdre du Japon), ainsi que dans plusieurs espèces taxonomiquement indépendantes, a été étudiée.

 Résultats :

  • Selon nos résultats, BP14 est facilement et rapidement solubilisé dans du PBS et présente plusieurs isoformes allergéniques couvrant un large éventail de Pi (6,05 à 10,5).
  • Cet allergène affiche des épitopes conformationnels thermostables et ne comprend pas de déterminants glucidiques croisants à la différence des allergènes de cyprès de haut poids moléculaire.
  • BP14 est exprimée à des niveaux plus élevés dans Cupressus sempervirens que dans Cupressus arizonica et Cryptomeria japonica.
  • Pas d’IgE-réactivité croisée retrouvée entre la protéine de 14 kDa du pollen de Cupressus sempervirens et les protéines de pollens provenant d’autres sources polliniques allergéniques non-Cupressacée tels que arbres fruitiers, fléole des prés, blé, maïs, bouleau, frêne et pin.

 Conclusions :

  • Ainsi, la réactivité des IgE à BP14 est spécifique des Cupressacées et discrimine deux groupes de patients allergiques au pollen de cyprès.
  • Il peut correspondre à un marqueur pertinent en ce qui concerne le processus de sensibilisation et/ou les symptômes observés chez certains patients allergiques au pollen de cyprès.
  • En outre, la description de BP14 devrait améliorer le diagnostic de la pollinose au cyprès.

Les Cupressacées forment une grande famille botanique et sont responsables de manifestations allergiques tout particulièrement sur le pourtour méditerranéen.

Les auteurs français de ce travail ont étudié un nouvel allergène du cyprès, le BP14 qui semble présenter des caractéristiques différentes des allergènes déjà connus. Il permettrait ainsi d’aider au diagnostic allergique moléculaire et semblerait capable de définir des populations différentes d’allergiques.

Trois groupes d’allergènes sont déjà connus.

  • Le groupe 1 appartenant aux pectate lyases, il existe une grande homologie entre ces protéines des différentes Cupressacées y compris le cèdre du Japon.
    Attention, ces protéines comportent des épitopes glucidiques croisants (CCD).
  • Le groupe 2 est moins connu, ce sont des polygalacturonases dont la réactivité croisée semble limitée aux Cupressacées.
    Ils sont rarement retrouvés mono-IgE-réactifs, le plus souvent ils accompagnent la réactivité aux molécules du groupe 1.
  • Le groupe 3 est représenté par les thaumatine-like que l’on peut trouver dans certains végétaux comme la cerise, le poivron et la pomme.
    Toutefois, l’homologie n’est pas suffisamment importante entre les thaumatine-like des pollens de Cupressacées et de ces aliments végétaux ce qui limite le risque de réactivité croisée.
    A l’inverse, l’identité est grande pour ce qui concerne les thaumatine-like des pollens de Cupressacées.

Il a été mis en évidence d’autres allergènes constitutifs des pollens de Cupressacées comme la profiline, une protéine liant le calcium de type « 4 EF-hand », une isoflavone réductase et une chitinase de classe 4.

Ce qui paraît important dans ce travail concernant ce nouvel allergène de Cupressacées, BP14, c’est la présence d’épitopes conformationnels thermostables et l’absence d’épitope glucidique croisant.

Autre particularité intéressante cliniquement, il s’agit du fait que BP14 est exprimé de façon plus élevée au sein du pollen de Cupressus sempervirens qu’au sein du pollen de Cupressus arizonica ou celui du cèdre du Japon.

Ce constat pourrait permettre d’identifier des groupes de patients différents qui pourraient être IgE-réactifs à Cupressus sempervirens et pas à Cupressus arizonica.

Enfin ce BP14 semble vraiment spécifique des Cupressacées.

Il ne reste plus qu’à développer de grandes études sur un nombre plus large de patients allergiques aux pollens de Cupressacées afin de vérifier les différentes caractéristiques mises en évidence dans ce travail préliminaire ; un test in vitro d’IgE-réactivité type ImmunoCAP spécifique d’un rBP 14 s’impose !

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