Les sucres font une nouvelle fois parler d’eux.

mercredi 18 avril 2012 par Dr Céline Palussière813 visites

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Les sucres font une nouvelle fois parler d’eux.

Les sucres font une nouvelle fois parler d’eux.

mercredi 18 avril 2012, par Dr Céline Palussière

Le profil de glycosylation des allergènes communs : la reconnaissance et la capture de Der p 1 par les cellules épithéliales et dendritiques dépendent des carbohydrates. : Al-Ghouleh A, Johal R, Sharquie IK, Emara M, Harrington H, Shakib F, Ghaemmaghami AM.
Source

School of Molecular Medical Sciences, Division of Immunology, University of Nottingham, Queen’s Medical Centre, Nottingham, United Kingdom.

dans PLoS One. 2012 ;7(3):e33929. Epub 2012 Mar 30

 Contexte :

  • Les allergènes sont des initiateurs de réponse immunitaire innée et adaptative.
  • Ils sont reconnus sur leur site d’entrée par les cellules épithéliales et dendritiques (CD), qui toutes deux activent les circuits inflammatoires innés, qui peuvent collectivement induire des réponses immunes Th2.

 Méthodes et Résultats :

  • Dans le but d’avoir une meilleure compréhension du rôle des carbohydrates dans la reconnaissance et la capture des allergènes par le système immunitaire inné, nous avons défini le profil commun de glycosylation d’allergènes majeurs.
  • Ceci a été réalisé en utilisant des lectines marquées, et a montré que les allergènes tels que Der p 1 (Dermatophagoides pteronyssinus groupe 1), Fel d 1 (Felis domesticus), Ara h 1 ( Arachis hypogaea), Der p 2 (Dermatophagoides pteronyssinus groupe 2), Bla g 2 (Blatella germanica) et Can f 1 ( Canis familiaris) sont glycosylés, et que la plupart des sucres dominant sur ces allergènes sont 1-2, 1-3 et 1-6 mannose.
  • Ces observations sont concordantes avec les récentes études impliquant le récepteur du mannose (RM) dans la reconnaissance de l’allergène et la capture par les CD, et suggérant un lien majeur entre la glycosylation et la reconnaissance des allergènes.
  • Nous avons ensuite examiné la sécrétion de cytokine TSLP (lymphopoïetine stromale thymique) par l’épithélium pulmonaire lors du contact avec l’allergène naturel Der p 1.
  • La TSLP est supposée diriger la maturation des CD en rapport avec les réactions d’hypersensibilité allergique.
  • Nos données ont montré une augmentation de la sécrétion de TSLP par l’épithélium pulmonaire lors de la stimulation avec la forme naturelle de Der p 1, de façon dépendante des hydrates de carbone.
  • La préparation déglycosylée de Der p 1 montrait une captation diminuée par les CD, comparée aux homologues naturels et recombinant hyperglycosylé, ce dernier étant capté plus rapidement que les autres préparations.

 Conclusions :
 * Au total, nos données indiquent que les résidus glucidiques sur les allergènes jouent un rôle primordial dans leur reconnaissance par les cellules de l’immunité innée, les impliquant dans l’activation en aval des cellules délétères Th2 et la production d’IgE.


De nombreuses études ont évalué le rôle des résidus glucidiques dans la réaction allergique, et en ce qui concerne les pneumallergènes, ont prouvé leur absence d’IgE réactivité.

Les carbohydrates pourraient toutefois avoir un rôle majeur dans la réaction allergique, comme tend à le montrer cette étude originale, portant sur les premières étapes des réactions immunitaires.

Les auteurs ont ainsi mis en évidence les sucres présents sur des allergènes respiratoires fréquents (Der p 1, Der p 2, Fel d 1, Bla g 2, Can f 1) ainsi qu’un allergène alimentaire, Ara h 2. Tous ces allergènes ont possèdent des résidus glucidiques communs, des mannoses situés en position 1-2, 1-3 ou 1-6.

Les cellules dendritiques possédant des récepteurs du mannose, ce sucre apparaît comme un élément favorisant la reconnaissance et la capture des allergènes.

Les cellules dendritiques sont impliquées dans les réactions immunes de type inné, mais aussi dans les réactions spécifiques, après une maturation nécessitant notamment la présence de cytokine TSLP (lymphopoïetine stromale thymique).

La sécrétion de cette cytokine au sein de l’épithélium pulmonaire a été comparée après stimulation par Der p 1 produit sous forme recombinante, et donc dénué de carbohydrate, et après stimulation par l’allergène naturel glycosylé, ainsi que sous une préparation hyperglycosylée.

Les auteurs montrent que plus l’allergène est riche en sucre, plus la sécrétion en cytokine est importante, mettant ainsi en évidence un rôle majeur des CCD dans la reconnaissance, mais aussi dans la maturation des cellules immunitaires.

Décidément, on n’a pas fini de parler des sucres. Certains d’entre eux, les alpha-galactoses, ont récemment été impliqués dans des réactions allergiques aux viandes. Ils seraient alors capables d’induire la production d’IgE spécifiques, et donc des réactions cliniques.

Le rôle des résidus glucidiques, et notamment du mannose, au sein des pneumallergènes serait un rôle d’adjuvant à la capture et la maturation des cellules immunitaires.

L’allergologie moléculaire centrée sur les allergènes protéiques n’était déjà pas si simple… mais peut-être déjà simpliste par rapport à la réalité !

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