Aspirine pour les intolérants à l‘aspirine : pourquoi pas staphylocoque chez les immunodéprimés ?

mercredi 27 mars 2013 par Dr Stéphane Guez1263 visites

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Aspirine pour les intolérants à l‘aspirine : pourquoi pas staphylocoque chez les immunodéprimés ?

Aspirine pour les intolérants à l‘aspirine : pourquoi pas staphylocoque chez les immunodéprimés ?

mercredi 27 mars 2013, par Dr Stéphane Guez

Désensibilisation avec de petites doses d’aspirine chez des patients ayant une pathologie respiratoire exacerbée par l’aspirine. : Fruth K, Pogorzelski B, Schmidtmann I, Springer J, Fennan N, Fraessdorf N, Boessert A, Schaefer D, Gosepath J, Mann WJ.

Low-dose aspirin desensitization in individuals with aspirin-exacerbated respiratory disease.

dans Allergy 2013 ; DOI : 10.1111/all.12131.

 Introduction :

  • La polypose nasale survient souvent dans un tableau d’affection respiratoire exacerbée par l’aspirine (AERD).
  • Une déviation du métabolisme de l’acide arachidonique est souvent invoquée dans la physiopathologie de l’AERD, et la désensibilisation à l’aspirine est la seule option thérapeutique jusqu’à présent.
  • La dose de maintenance au long cours lors de la désensibilisation à l’aspirine pour :
    • d’une part prévenir la récidive de la polypose nasale
    • et d’autre part pour ne pas avoir d’effets indésirables liés à l’aspirine,
  • est encore débattue.

 Objectif de l’étude :

  • Il a été d’étudier l’efficacité et la sécurité d’un protocole, proposant une faible dose d’entretien d’aspirine lors d’un protocole de désensibilisation.

 Matériel et Méthode :

  • Après une chirurgie sinusienne, 70 patients avec AERD ont été randomisés dans une étude prospective en double aveugle contre placebo pour tester un protocole de désensibilisation à l’aspirine ayant une dose d’entretien quotidienne de 100 mg.
  • L’objectif principal a été l’étude de la rechute de la polypose après 36 mois de traitement.
  • L’état sinusien à l’endoscopie, la qualité de vie et les scores symptomatiques des patients ainsi que les effets indésirables liés à la prise d’aspirine ont été pris en compte.

 Résultats :

  • En raison d’un fort taux d’abandon, seulement 31 patients ont été évalués.
  • Après 36 mois, la rechute de la polypose nasale est moins fréquente (p = 0.0785) et le score de polypose plus bas (p = 0.0702) dans le groupe traité.
  • La qualité de vie est améliorée (p = 0 .0324), les symptômes cliniques sont significativement réduits (p = 0.0083), et aucun effet indésirable sévère lié à l’aspirine n’a été observé.

 ((Conclusion :

  • La désensibilisation à l’aspirine avec une dose d’entretien de 100 mg a un impact positif sur la réduction de la rechute de la polypose nasale et semble un traitement sûr et intéressant pour améliorer les manifestations cliniques et la qualité de vie des patients atteints de AERD.

Dans ce travail, les auteurs ont étudié l’impact clinique sur la polypose nasale associée à une intolérance à l’aspirine, d’une désensibilisation avec de faibles doses d’aspirine. Il y a une réduction de la récidive des polypes, une diminution des symptômes et une meilleure qualité de vie.

Cette étude pose plusieurs problèmes qui conduisent à remettre en question l’optimisme des auteurs sur l’amélioration apportée à leurs patients.

Tout d’abord, il est difficile de comprendre sur le plan physiopathologique l’intérêt de la désensibilisation à l’aspirine : si le mécanisme de l’inflammation est secondaire à une anomalie du métabolisme de l’acide arachidonique on comprend mal comment l’aspirine pourrait réparer cette anomalie.

Ensuite le terme de désensibilisation est mal approprié car il s’agit plus d’une induction de tolérance avec obligation de prendre des doses quotidiennes d’aspirine. Comme il n’y a pas modification de la réponse à l’aspirine chez ces patients, cela explique les nombreux échecs des études précédentes. Les effets indésirables liés à la récidive de manifestations respiratoires sous aspirine à conduit d’ailleurs à baisser toujours plus les doses d’entretien.

Dans ce travail 2 patients sur 3 n’ont pas voulu poursuivre le protocole.

Pour ceux qui l’on suivi jusqu’au bout, le critère objectif principal qui est la rechute de la polypose n’est pas significatif sur le plan statistique. Seuls des paramètres subjectifs sont à la limite de la signification statistique.

En fait l’intérêt de ce travail est de démontrer que chez des patients intolérants à l’aspirine, un protocole d’induction de tolérance avec un traitement d’entretien par de petites doses d’aspirine est possible si ce médicament est nécessaire, par exemple à visée anti-agrégante.

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