La pollution urbaine pèse lourd chez les enfants asthmatiques.

lundi 29 avril 2013 par Dr Philippe Carré447 visites

Accueil du site > Maladies > Asthme > La pollution urbaine pèse lourd chez les enfants asthmatiques.

La pollution urbaine pèse lourd chez les enfants asthmatiques.

La pollution urbaine pèse lourd chez les enfants asthmatiques.

lundi 29 avril 2013, par Dr Philippe Carré

Le surpoids augmente la susceptibilité aux polluants intérieurs chez les enfants asthmatiques vivant en condition urbaine. : Kim D. Lu, Patrick N. Breysse, Gregory B. Diette, Jean Curtin-Brosnan, Charles Aloe, D’Ann L. Williams, Roger D. Peng, Meredith C. McCormack, Elizabeth C. Matsui

dans The Journal of Allergy and Clinical Immunology - April 2013 (Vol. 131, Issue 4, Pages 1017-1023.e3, DOI : 10.1016/j.jaci.2012.12.1570)

 Contexte :

  • Etre en surpoids et exposé aux polluants intérieurs, conditions associées à un moins bon équilibre clinique chez les patients asthmatiques, est habituel dans les populations urbaines
  • Savoir si le surpoids est un facteur de risque d’effets délétères de l’exposition aux polluants intérieurs sur l’asthme reste inconnu.

 Objectif :

  • Etudier l’effet du poids sur la relation entre l’exposition à la pollution intérieure et l’asthme chez les enfants asthmatiques vivant en milieu urbain.

 Méthodes :

  • 148 enfants, âgés de 5 à 17 ans, ayant un asthme persistant ont été suivis pendant un an
  • Les symptômes d’asthme, les recours médicaux, la fonction pulmonaire, l’inflammation pulmonaire et le niveau de polluants intérieurs ont été évalués tous les 3 mois
  • Les données de poids étaient évaluées sur le percentile de l’index de masse corporelle.

 Résultats :

  • Les participants étaient principalement des Afro-Américains (91%) et avaient une assurance publique de santé (85%)
  • 4% étaient en sous-poids théorique, 52% avaient un poids normal, 16% étaient en surpoids et 28% étaient obèses
  • Les sujets en surpoids ou obèses avaient, parmi un certain nombre de symptômes d’asthme, plus de symptômes associés à une exposition à des fines particules mesurant moins de 2.5 µm de diamètre (PM 2.5) que les sujets de poids normal
  • Les sujets en surpoids ou obèses avaient aussi plus de symptômes d’asthme associés à une exposition au dioxyde d’azote (NO2) que les sujets de poids normal, bien que ce n’était pas observé pour tous les types de symptômes d’asthme
  • Le poids n’affectait pas la relation entre l’exposition aux plus grosses particules mesurant entre 2.5 et 10 µm de diamètre et les symptômes d’asthme
  • Les relations entre l’exposition aux polluants intérieurs et les recours médicaux, la fonction ou l’inflammation pulmonaires, n’étaient pas différentes en fonction du poids.

 Conclusions :

  • Etre en surpoids ou obèse peut augmenter la susceptibilité aux particules intérieures de PM 2.5 et au NO2 chez les enfants asthmatiques vivant en zones urbaines
  • Les mesures visant à faire perdre du poids pourraient réduire les symptômes d’asthme liés aux particules de PM 2.5 et au NO2, et les mesures visant à réduire les taux de polluants intérieurs pourraient être particulièrement bénéfiques chez les enfants en surpoids.

Dans cette étude en milieu urbain concernant une population essentiellement afro-américaine, l’effet d’une exposition aux particules intérieures de PM 2.5 sur les symptômes d’asthme était plus grand chez les enfants en surpoids et obèses, par rapport aux enfants de poids normal. Les auteurs trouvaient un résultat identique chez les enfants en surpoids ou obèses exposés au NO2 intérieur.

Ces résultats suggèrent que le fait d’être en surpoids pourrait augmenter la susceptibilité aux effets pulmonaires d’une exposition intérieure aux particules de PM 2.5 et au NO2, et que la combinaison d’une prévalence élevée de surpoids et d’une exposition élevée aux polluants intérieurs chez les enfants asthmatiques vivant en milieu urbain pourrait expliquer une morbidité disproportionnée d’asthme dans cette population.

Plusieurs mécanismes pourraient expliquer cette relation :

  • le surpoids est associé à un état de stress oxydatif et d’inflammation qui pourrait réduire la capacité de ces sujets à se défendre contre les effets de l’exposition aux polluants
  • les enfants en surpoids et obèses ont une déposition pulmonaire plus importante de particules fines, notamment au niveau des voies aériennes inférieures
  • il est possible que la résistance aux corticoïdes, qui a déjà été rapportée chez les asthmatiques en surpoids ou obèses, puisse expliquer des effets respiratoires plus importants d’une exposition aux polluants intérieurs.

Il est possible par ailleurs que la déposition des plus grosses particules au niveau des voies aériennes proximales soit moins affectée par le surpoids, ce qui expliquerait que la relation entre les symptômes d’asthme et l’exposition aux particules de PM entre 2.5 et 10 µm ne soit pas modifiée dans cette étude.

On peut en déduire en corollaire que la perte de poids pourrait diminuer les réponses symptomatiques à ces polluants intérieurs, et que les enfants et adolescents en surpoids ou obèses pourraient davantage bénéficier d’une réduction des polluants intérieurs que ceux de poids normal.

Rechercher

En bref

categories

  Allergenes

  Maladies

  Fonctionnel