Quel est l’intérêt des taux d’IgE spécifiques ?

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Quel est l’intérêt des taux d’IgE spécifiques ?

Quel est l’intérêt des taux d’IgE spécifiques ?

mercredi 5 juin 2013, par Dr Céline Palussière

Rôle des IgE spécifiques dans la prédiction de l’évolution clinique de l’allergie à la lentille chez les enfants. : Yavuz ST, Sahiner UM, Buyuktiryaki B, Tuncer A, Yilmaz EA, Cavkaytar O, Karabulut E, Sackesen C.

Role of specific IgE in predicting the clinical course of lentil allergy in children.

dans Pediatr Allergy Immunol 2013 : 24 : 382–388.

 Contexte :

  • Les légumineuses, et en particulier les lentilles, sont fréquemment consommées dans les pays méditerranéens, moyen-orientaux et dans certains pays asiatiques.
  • L’objectif de cette étude était de documenter les éléments démographiques des enfant ayant une allergie à la lentille, et de déterminer le rôle des IgE spécifiques dans la prédiction du risque de réaction clinique et de persistance de l’allergie.

  Méthodes :

  • Trente enfants ont été recrutés.
  • Le diagnostic d’allergie à la lentille était basé sur une histoire clinique convaincante de symptômes d’anaphylaxie après ingestion de lentilles, avec des tests cutanés positifs ou des IgE spécifiques pour la lentille.
  • Afin de poser le diagnostic et le pronostic de l’allergie à la lentille, 24 enfants ont été évalués par des tests de provocation par voie orale.

  Résultats :

  • L’âge moyen de survenue des symptômes était d’1 an ½ (0,9-2,3) (écart interquartile).
  • Les symptômes les plus fréquents étaient des réactions cutanées immédiates (97%) et respiratoires (30%), alors que 8 patients (27%) ont rapporté des réactions anaphylactiques.
  • Le taux moyen d’IgE spécifiques pour la lentille lors du diagnostic était de 3kU/l (1,2-9,6).
  • Parmi les 24 TPO, 12 ont été positifs.
  • Quinze patients (50%) avaient guéri de leur allergie à la lentille à l’âge de 3,5 ans (2,5-11).
  • Les enfants qui avaient un taux d’IgE initial pour lentille < à 4,9kU/l avaient des chances significativement plus élevées de guérir de leur allergie à la lentille que les enfants qui avaient un taux initial >> à 4,9kU/l (p=0,008).

  Conclusion :

  • Nos résultats suggèrent que les taux d’IgE spécifiques pourraient être importants pour prédire la réactivité clinique et la persistance de l’allergie à la lentille.

Le diagnostic d’allergie repose avant tout sur l’interrogatoire du patient et la clinique, puis sur les tests cutanés. Les tests sanguins de dosage des IgE spécifiques viennent parfois étayer ou préciser le diagnostic. Cette étude a cherché à évaluer l’intérêt de la quantification des IgE dans l’allergie à la lentille, notamment en ce qui concerne le pronostic de l’allergie.

L’étude a été menée en Turquie, où la lentille est fréquemment consommée, et où les cas d’allergie alimentaire à la lentille sont plus fréquents qu’en Europe.

Les cas de trente enfants, sélectionnés sur la base d’une histoire clinique, de tests cutanés ou sériques positifs pour la lentille, ont été étudiés. Vingt-quatre d’entre eux ont passé un TPO.
On ne dispose pas d’éléments complémentaires sur leurs autres allergies (notamment à l’arachide ou aux autres fabacées).

Il est d’emblée notable que seul la moitié des TPO a été positive. Les diagnostics posés initialement étaient donc de faux positifs pour la moitié des enfants, témoignant d’une simple réactivité cutanée et/ou sérique, sans pertinence clinique.

L’évolution est également favorable pour la moitié des enfants initialement diagnostiqués allergiques à la lentille, avec une guérison à 3 ans ½.

Ces résultats donnent donc l’impression d’avoir eu des sur-diagnostics, très probablement par réactivité croisée.

Il manque donc à cette étude la recherche d’IgE réactivité pour les allergènes au niveau moléculaire, afin de mettre en évidence les potentielles allergies croisées. Les lentilles peuvent en effet avoir des réactivités croisées avec les autres fabacées par le biais des protéines de stockage, mais aussi avec de nombreux autres végétaux par le biais des LTP.
Ces précisions auraient ainsi permis de se faire une idée sur la pertinence clinique attendue et sur la sévérité des réactions.

Les taux d’IgE spécifiques pour la lentille semblent corrélés à la sévérité et à la persistance de l’allergie à la lentille. Cette approche quantitative et non analytique de la sensibilisation reste peu satisfaisante : elle constate des données, mais n’explique rien.

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