L’hyperréactivité des voies aériennes prédispose-t-elle aussi à la BPCO et à la rhinite allergique ? Tout un challenge que de suivre la pente !

jeudi 6 juin 2013 par Dr Philippe Carré1128 visites

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L’hyperréactivité des voies aériennes prédispose-t-elle aussi à la BPCO et à la rhinite allergique ? Tout un challenge que de suivre la pente !

L’hyperréactivité des voies aériennes prédispose-t-elle aussi à la BPCO et à la rhinite allergique ? Tout un challenge que de suivre la pente !

jeudi 6 juin 2013, par Dr Philippe Carré

Un test de provocation des voies aériennes peut-il prédire des maladies respiratoires ? A propos d’une étude de population internationale. : Alessandro Marcon, Isa Cerveri, Matthias Wjst, Josep Antó, Joachim Heinrich, Christer Janson, Deborah Jarvis, Bénédicte Leynaert, Nicole Probst-Hensch, Cecilie Svanes, Kjell Toren, Peter Burney, Roberto de Marco

dans The Journal of Allergy and Clinical Immunology - 17 May 2013 (10.1016/j.jaci.2013.03.040)

 Contexte :

  • L’évidence d’une association longitudinale entre une hyperréactivité des voies aériennes et des maladies respiratoires est faible
  • Le meilleur indicateur d’hyperréactivité est toujours inconnu.

 Objectif :

  • Les auteurs ont étudié l’association entre la réactivité des voies aériennes et l’incidence de l’asthme, de la BPCO et de la rhinite allergique.

 Méthodes :

  • Ont été inclus 3851 sujets qui ont eu une spiromètrie et des tests de provocation à la métacholine à l’état basal entre 1991 et 1993 alors qu’ils étaient âgés de 20 à 44 ans, et lors du suivi entre 1999 et 2002, dans le cadre d’une étude de surveillance de l’état respiratoire dans la communauté européenne (ECRHS)
  • La réactivité des voies aériennes était définie, dans les deux cas, par la pente de la courbe dose/réponse à la métacholine
  • Les ratios du taux d’incidence pour l’association entre la réactivité des voies aériennes et la survenue d’une maladie étaient enregistrés de façon électronique en utilisant la régression de Poisson.

 Résultats :

  • Par rapport à la référence (pente du quatrième quintile ou plus), les sujets avec le plus grand degré d’hyperréactivité des voies aériennes (pente plus basse que le premier quintile) avaient le risque le plus élevé de développer de l’asthme, une BPCO et une rhinite allergique (ratios d’incidence respectifs de 10.82, 5.53 et 4.84 ; p<0.01 dans les 3 cas)
  • Une faible pente prédisait la survenue de la maladie, même chez les sujets qui n’atteignaient pas une baisse de 20 % du VEMS à la dose cumulée de 1 mg de métacholine (PD20>1 mg)
  • Une diminution de la pente au cours du temps était un élément prédictif indépendant de risque de maladie.

 Conclusions :

  • La réactivité des voies aériennes prédisait le développement d’un asthme, d’une BPCO et d’une rhinite allergique
  • Cette étude est en faveur de l’utilisation d’un indicateur continu de réactivité des voies aériennes, tel que la pente de la courbe dose/réponse à la métacholine, en pratique clinique et en recherche, parce qu’’il montre des avantages clairs par rapport à la PD20.

Les auteurs ont évalué, chez 3851 sujets de 20 à 44 ans, l’association entre la réactivité basale des voies aériennes et son changement sur une période de suivi de 9 ans, et le risque d’asthme, de BPCO et de rhinite allergique. Ils ont utilisé à cet effet des tests de provocation à la métacholine, qui étaient réalisés selon un protocole standardisé.

Les principaux résultats montrent que :

  • un degré plus important de réactivité à la métacholine des voies aériennes à l’état basal, caractérisé par une pente inférieure au premier quintile de sa fréquence de distribution, était associé à un risque plus élevé d’asthme, mais aussi de BPCO et de rhinite allergique
  • l’association entre la pente basale et le risque de maladie existait même chez les sujets qui n’obtenaient pas une chute de VEMS de 20% à la dose cumulative de 1 mg de métacholine : PD20 (chute habituellement considérée comme le seuil de définition de l’hyperréactivité en pratique courante)
  • indépendamment de la valeur de base, une augmentation du degré de réactivité au cours du temps prédisait un risque plus grand d’asthme et de rhinite allergique.

Bien que la PD20 mesure la sensibilité des voies aériennes, la pente de la courbe reflète plus strictement la réactivité des voies aériennes et pourrait mieux refléter la sévérité de la bronchoconstriction après exposition à des irritants. La pente fournit un avantage clair par rapport à la définition dichotomique de la réactivité basée sur la PD20, ce qui est un argument en faveur de son utilisation en pratique clinique et en recherche épidémiologique.

En matière de BPCO, les données de cette étude renforcent l’hypothèse que la réactivité des voies aériennes n’est pas seulement un marqueur d’obstruction des voies aériennes, mais aussi un facteur de risque de BPCO puisqu’elle reflète les processus inflammatoires sous-jacents de la maladie.

Concernant la rhinite allergique, les données sont moins surprenantes puisque le lien entre la rhinite allergique et l’augmentation de la réactivité des voies aériennes est connu en raison de l’inflammation chronique des voies aériennes dans leur ensemble.

L’utilisation de cet indicateur de réactivité qu’est la pente de la courbe dose/réponse à la métacholine apparaît donc important, au moins dans les études épidémiologiques, parce que l’importance clinique de faibles degrés de réactivité semble sous-estimée par l’utilisation de la PD20.

La compréhension des mécanismes reflétant la réactivité des voies aériennes peut être très utile pour le développement de médicaments dans plusieurs maladies respiratoires, et le suivi au long cours de la réactivité des voies aériennes pourrait avoir un intérêt clinique pour les patients, l’augmentation du degré de cette réactivité semblant corrélée à un risque de maladie plus important.

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