Faut-il pricker le gâteau avant de le manger ?

mardi 2 juillet 2013 par Dr Céline Palussière655 visites

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Faut-il pricker le gâteau avant de le manger ?

Faut-il pricker le gâteau avant de le manger ?

mardi 2 juillet 2013, par Dr Céline Palussière

Tests avec l’œuf cuit : utilité clinique des tests cutanés avec l’œuf cuit et avec l’ovomucoïde chez les enfants allergiques à l’œuf. : John Wei-Liang TAN1,2,*, Dianne E Campbell1,2, Paul J. Turner2, Alyson Kakakios1,2, Melanie Wong1,2, Sam Mehr1,2, Preeti Joshi1,2
DOI : 10.1111/cea.12153

dans Clinical & Experimental Allergy

 Contexte :

  • De nombreux enfants ayant une allergie IgE médiée à l’œuf peuvent tolérer des produits contenant de l’œuf intensément chauffé (cuit).
  • A l’exception du test de provocation alimentaire, il n’y a pas de test qui puisse prédire de façon fiable la tolérance de l’œuf cuit chez les individus allergiques à l’œuf.

 Objectifs :

  • Ils étaient de déterminer si les tests cutanés (TC) à l’œuf cuit (dans des muffins) et à l’ovomucoïde peuvent prédire le résultat des tests de réintroduction alimentaire à l’œuf cuit chez les patients allergiques à l’œuf.

 Méthodes :

  • Dans cette étude prospective, des enfants ayant une histoire récente de réactions allergiques immédiates à l’œuf (et des résultats de TC ou d’IgE spécifiques sériques (IgEs) pour l’œuf concluants) ou ceux ayant des résultats en TC et/ou en IgEs > à 95% de VPP pour l’allergie à l’œuf, ont été invités à subir un test de provocation oral standardisé en ouvert, avec de l’œuf cuit (muffins).
  • Les TC pour le blanc d’œuf, ovomucoïde et muffin frais ont été réalisés immédiatement avant le test de provocation.

 Résultats :

  • 143 enfants allergiques à l’œuf ont subi un test de provocation à l’œuf cuit, et parmi eux, 90 (63%) ont toléré 1 gramme de protéines d’œuf dans un muffin cuit.
  • Parmi les 53 tests positifs, 8 (15%) ont eu des symptômes respiratoires et/ou cardiovasculaires.
  • Le diamètre moyen des tests cutanés des sujets ayant eu une réintroduction positive comparée à ceux des sujets ayant eu une réintroduction négative, étaient de 6,0mm/4,0mmn pour les muffins, et de 7.5mm/5.0mm pour l’ovomucoïde, respectivement.
  • Les courbes ROC ont été construites pour les TC pour l’œuf cuit et pour l’ovomucoïde.
    • L’aire sous la courbe était de 0,68 pour l’œuf cuit, et de 0,67 pour l’ovomucoïde.
    • Un TC < à 2 mm pour le muffin avait une valeur prédictive négative de 88% et un TC>>11mm pour l’ovomucoïde avait une valeur prédictive positive de 100%.

 Conclusion et pertinence clinique :

  • Un TC< à 2 mm pour le muffin avait une haute valeur prédictive pour un test de réintroduction de l’œuf cuit négatif.
  • Le TC>> à 11mm pour l’ovomucoïde était très prédictif d’une réintroduction positive pour l’œuf cuit.
  • Chez ces enfants, différer le test de provocation pourrait être judicieux.

Environ deux tiers des enfants allergiques à l’œuf seront guéris à l’âge de 5 ans. Bon pronostic donc, pour cette allergie alimentaire très fréquente, mais comment savoir si l’enfant peut désormais manger comme tout le monde ? Faut-il programmer un test de réintroduction en milieu hospitalier pour tous ces petits allergiques ?

Les progrès en allergologie moléculaire nous ont permis depuis plusieurs années d’identifier les allergènes les plus fréquemment responsables des allergies à l’œuf. En tête viennent deux protéines du blanc d’œuf, l’ovalbumine et l’ovomucoïde.

L’ovalbumine est thermosensible, et lorsque l’allergie alimentaire repose sur cet allergène, le patient peut dans la plupart des cas consommer de l’œuf bien cuit. Au départ ce sont les biscuits secs qui sont tolérés, et au fil de l’acquisition de la tolérance alimentaire, petit à petit, l’œuf peut être consommé de moins en moins cuit.

L’ovomucoïde est au contraire thermostable, et associé à des réactions cliniques plus sévères et à une allergie plus durable.

Les tests biologiques sont disponibles depuis longtemps déjà pour aider l’allergologue à savoir quel est le profil de sensibilisation du patient allergique à l’œuf, et à déterminer quelle en sera l’évolution probable.

Le but de cette étude était d’évaluer l’intérêt de réaliser des tests cutanés avec de l’œuf bien cuit, dans des gâteaux (muffins) et avec la protéine d’ovomucoïde isolée (ce qui n’est pas encore disponible en pratique de ville).

Retenons qu’un test cutané fortement positif pour le muffin était associé à un fort risque de positivité du test de réintroduction par voie orale de l’œuf cuit.

Cet article ne va donc pas révolutionner nos pratiques de prise en charge des petits allergiques à l’œuf. Tout au plus nous confirme-t-il dans l’intérêt de tester à la fois l’œuf cru et l’œuf cuit, et de doser les IgE pour l’ovomucoïde.

Bien souvent, l’acquisition de tolérance de fait spontanément, progressivement, et le suivi rapproché des réactivités cutanés et sériques nous permet d’éviter le recours au TPO.

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