Accueil du site > Maladies > Asthme > Regarder ses éosinophiles, vous saurez si un enfant fait une exacerbation (...)
Regarder ses éosinophiles, vous saurez si un enfant fait une exacerbation sévère ou non de son asthme…
mercredi 18 septembre 2013, par Dr Cécilia Nocent
Les changements morphologiques des éosinophiles sont des marqueurs fiables de la sévérité des exacerbations aiguës d’asthme chez les enfants. : M. I. Muniz-Junqueira1,*, S. M. Barbosa-Marques1, L. F. Junqueira Jr2
dans Allergy
Volume 68, Issue 7, pages 911–920, July 2013
– Contexte :
- L’identification précoce de la sévérité d’une exacerbation d’asthme serait utile pour la prise en charge des patients.
- Le but de l’étude est d’évaluer la corrélation entre les modifications morphologiques des éosinophiles activés et la sévérité des exacerbations d’asthme.
– Méthodes :
- Du sang a été prélevé chez 55 enfants asthmatiques : 40 d’entre eux avaient une exacerbation, 15 n’avaient pas de symptômes et il y avait 15 sujets contrôle sains.
- Le pourcentage d’éosinophiles ayant des modifications morphologiques (émission de pseudopodes uniques ou multiples, présence de vacuoles cytoplasmiques, relargage d’une petite, moyenne ou grande quantité de granules, diffusion, mort d’éosinophiles et présence de cluster de granules éosinophiliques libres) était quantifié après adhérence à un support et comparé avec un test de Mann-Whitney.
- La corrélation entre la sévérité des exacerbations d’asthme et le pourcentage d’éosinophiles modifiés était testée avec une corrélation de Spearman.
– Résultats :
- La proportion d’éosinophiles activés était plus importante chez les enfants asthmatiques sans symptôme que dans le groupe contrôle et une exacerbation aiguë d’asthme entraînait une augmentation additionnelle de l’activation macrophagique (p<0.01).
- Les modifications morphologiques ayant significativement le plus augmenté étaient l’émission de multiples pseudopodes, la présence de vacuoles cytoplasmiques, la diffusion, et la présence de clusters libres de granules éosinophiles (p<0.001).
- Les caractéristiques suivantes étaient corrélées avec la sévérité de l’exacerbation de l’asthme : ≥14% d’éosinophiles ayant un seul pseudopode, 8% ayant plusieurs pseudopodes, 17% ayant des vacuoles, 28% d’éosinophiles relargant de grandes quantités de granules et 66% d’éosinophiles diffusants.
– Conclusions :
- Quantifier les modifications morphologiques des éosinophiles est une manière faisable, facile et fiable pour identifier la sévérité d’une exacerbation d’asthme et donc pourrait améliorer la prise en charge clinique des enfants asthmatiques.
Il s’agit d’une étude brésilienne parue dans Allergy qui cherche à évaluer la gravité d’une exacerbation d’asthme chez des enfants en regardant les modifications morphologiques des éosinophiles.
La question posée est très intéressante.
Effectivement, si devant un enfant asthmatique qui fait une exacerbation, on pouvait rapidement connaître la sévérité de cette exacerbation cela rendrait la prise en charge thérapeutique optimale et rendrait de grands services aux cliniciens au quotidien.
L’intérêt est bien sûr de trouver une méthode fiable, simple à effectuer et pouvant être facilement généralisée dans les différents centres de soins (même non universitaires).
Les auteurs se sont donc intéressés à l’étude des modifications morphologiques des éosinophiles chez des enfants asthmatiques en exacerbation et ont cherché une corrélation entre la sévérité de l’exacerbation et l’importance des modifications morphologiques des éosinophiles.
Ils ont trouvé une augmentation des modifications de l’aspect des éosinophiles chez les asthmatiques stables par rapport aux sujets témoins.
Ils ont aussi trouvé une augmentation encore plus importante de ces modifications lors d’exacerbation.
Ils ont pu analyser (sur 40 prélèvements d’enfants en exacerbation) quelles étaient les modifications les plus fréquemment retrouvées (émission de pseudopodes, présence de vacuoles dans le cytoplasme des éosinophiles et existence de granulations libres). Ils ont pu trouver une corrélation entre ces modifications et la sévérité de l’exacerbation d’asthme de l’enfant.
Ces résultats sont très intéressants même si l’étude a été faite sur un petit échantillon. Elle mériterait d’être étendue afin de s’assurer qu’à plus grande échelle ces résultats se retrouvent.
Il semble que l’analyse des modifications de la morphologie des éosinophiles soit facilement réalisable par un biologiste averti.
Si ces résultats se confirment, on pourrait donc imaginer qu’un enfant asthmatique faisant une exacerbation aurait d’emblée un prélèvement de sang avec analyse de la morphologie des ses éosinophiles et qu’en fonction des résultats (et bien sûr de l’évolution clinique) l’enfant serait soit gardé en hospitalisation soit renvoyé à domicile.
Autant dire que tous les pédiatres et tous les urgentistes seraient ravis d’avoir un test fiable et facile d’utilisation pour conforter leur prise en charge thérapeutique d’un enfant asthmatique en exacerbation.
Cet article est donc très intéressant et justifie de suivre dans la littérature de nouvelles données sur ce sujet.