Les bronches s’enflamment quand elles se les caillent !

mercredi 23 octobre 2013 par Dr Philippe Carré735 visites

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Les bronches s’enflamment quand elles se les caillent !

Les bronches s’enflamment quand elles se les caillent !

mercredi 23 octobre 2013, par Dr Philippe Carré

Les effets de la haute altitude et de l’exposition au froid sur l’inflammation des voies aériennes chez les patients asthmatiques. : Sven F Seys1,2, Marc Daenen3, Ellen Dilissen1, Ruud Van Thienen4, Dominique M A Bullens5, Peter Hespel4, Lieven J Dupont2,6

dans Thorax 2013 ;68:906-913 doi:10.1136/thoraxjnl-2013-203280

 Objectifs :
 Dix huit patients asthmatiques ont été évalués, pendant la préparation à l’ascension en altitude extrême, de façon à étudier les effets d’une fraction d’oxygène inspiré (FiO2) basse et d’une exposition prolongée à l’air froid et à la haute altitude, sur la fonction pulmonaire, le contrôle de l’asthme et l’inflammation des voies aériennes.

 Méthodes :

  • La spirométrie et l’inflammation des voies aériennes (calculées sur la fraction exhalée de l’oxyde d’azote : FeNO et sur l’expectoration induite) ont été étudiées dans différentes conditions : test à l’exercice en hypoxie (FiO2=11%), exposition au froid pendant 24 heures (-5°C), et avant, pendant et après une expédition qui incluait l’ascension de la montagne Aconcagua (6965 m).

 Résultats :

  • Le VEMS et les valeurs de FeNO étaient plus basses (p<0.04) après une heure d’hypoxie normobare
  • Le VEMS diminuait (p=0.009) après l’exposition au froid pendant 24 heures, avec une augmentation des neutrophiles dans l’expectoration (p<0.01)
  • Pendant l’expédition, le VEMS et la capacité vitale forcée diminuaient (baisse maximale du VEMS de 12.3% à 4300 m) et les symptômes d’asthme augmentaient légèrement
  • Après l’expédition, le score du Test de Contrôle de l’Asthme (TCA) et le VEMS pré-bronchodilatateur étaient abaissés (p<0.02), le score des neutrophiles dans l’expectoration augmenté (p=0.04), les taux de myeloperoxydase et du mRNA de l’’IL 17 dans les expectorations, les taux sériques et des expectorations du facteur de croissance vasculaire endothélial A étaient significativement augmentés par rapport à leur valeur basale
  • Les sujets asthmatiques avec la saturation en oxygène la plus basse pendant le test d’hypoxie à l’exercice étaient plus susceptibles de développer le mal aigu des montagnes.

 Conclusions :

  • L’exposition aux conditions de l’environnement à haute altitude (hypoxie, exercice, froid) était associée à une perte modérée du contrôle de l’asthme et à une augmentation de l’obstruction avec inflammation à neutrophiles des voies aériennes
  • La température basse est probablement le facteur contributif le plus important, puisque l’exposition au froid pendant 24h par elle-même induisait des effets similaires.

Les auteurs montrent qu’il existe une perte de contrôle de l’asthme après une expédition en haute altitude, associée à une augmentation des symptômes d’asthme et de l’utilisation des traitements de secours. Ces anomalies sont associées à une inflammation prédominante des voies aériennes à neutrophiles, ce qui est en accord avec des études antérieures réalisées chez des athlètes. Cependant la plupart des sujets asthmatiques étaient capables de grimper à haute altitude et un seul a eu une exacerbation aigue d’asthme. Les auteurs en concluent que l’ascension à haute altitude ne doit pas être considérée comme une contre-indication chez les patients asthmatiques qui sont bien contrôlés et qui prennent des mesures de préparation adaptées.

Concernant le mal aigu des montagnes plus fréquent chez les sujets ayant une saturation plus basse, il semble que l’hypoxémie augmente par vasodilatation le débit sanguin, et qu’associée à une altération de la perméabilité de la barrière hémato-cérébrale, elle prédispose à l’œdème cérébral ; la réalisation d’un test d’effort en hypoxie peut donc être utile pour identifier les sujets asthmatiques les plus à même de développer le mal aigu des montagnes.

En conclusion, l’air froid peut donc altérer l’épithélium des voies aériennes et induire une inflammation bronchique de type neutrophilique, différente de l’inflammation habituelle à éosinophiles qui est classiquement observée chez les sujets ayant une maladie asthmatique. Lors de ces conditions d’exposition, cette inflammation nécessite donc des mesures de surveillance et de prévention particulières chez les sujets asthmatiques.

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