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Transport de Pru p 3 au travers de l’épithélium gastro-intestinal. Une étape essentielle de l’induction de l’allergie alimentaire ? : Leticia Tordesillas1, Cristina Gómez-Casado1, María Garrido-Arandia1, Amaya Murua-García1, Arantxa Palacín1, Javier Varela2, Patrycja Konieczna3, Javier Cuesta-Herranz4, Cezmi A. Akdis3, Liam O’Mahony3, Araceli Díaz-Perales1,*
dans Vol. 43 Issue 11
Clinical & Experimental Allergy
– Contexte :
– Depuis qu’il a été établi que l’absorption intestinale des protéines alimentaires est susceptible de déclencher une réaction allergique, l’effet de l’allergène alimentaire végétal sur la perméabilité des cellules épithéliales intestinales et sur sa capacité à traverser la monocouche épithéliale a été évalué.
– Méthodes :
- Nous avons eu recours à Pru p 3, la LTP de pêche, comme modèle.
- Des monocouches d’entérocytes ont été produites par culture de cellules Caco-2, comme un modèle d’entérocytes, sur des supports perméables séparant les compartiments apical et basal.
- Pru p 3 était ajouté au niveau du compartiment apical, la résistance trans-épithéliale était mesurée et le transport quantifié.
– Résultats :
– *L’allergène de pêche qui a traversé la monocouche de cellules a été détecté dans la fraction cellulaire et dans le milieu de culture par immunodétection avec des anticorps spécifiques et la quantité a été mesurée par dosage ELISA.
- Pru p 3 était capable de traverser la monocouche sans perturber l’intégrité des jonctions serrées.
- Ce transport était significativement plus élevée que celle d’une LTP de pêche non-allergénique, LTP1, et pratiqué au moyen d’un radeau lipidique.
- L’incubation des cellules Caco-2 avec Pru p 3 et LTP1 entraînait la production de cytokines épithéliale spécifique TSLP (thymic stromal lymphopoietin), IL33 et IL25.
– Conclusion :
- Ces résultats suggèrent que Pru p 3 est capable de traverser la monocouche cellulaire par voie transcellulaire et ensuite induire la production de cytokines Th2.
- Les résultats de la présente étude constituent une étape vers la clarification de l’importance de Pru p 3 en tant que molécule susceptible d’entraîner une réaction IgE dépendante.
– Implication clinique :
- La capacité des allergènes alimentaires à traverser la monocouche intestinale pourrait expliquer leur grande capacité allergénique et sa diffusion rapide à travers le corps associée à des symptômes sévères.
– A retenir :
- Pru p 3 a la capacité de traverser la muqueuse intestinale et d’induire rapidement une réponse Th2, sans perturber la monocouche épithéliale ce qui pourrait expliquer sa grande capacité allergénique.
Les LTP des Prunoïdés sont responsables de réactions allergiques sévères. Cette allergie est fréquente chez les sujets vivants sur le pourtour méditerranéen, la pêche est incriminée particulièrement.
Cette étude hispano-helvétique avait pour objectif de vérifier la capacité de transfert de Pru p 3 au travers de l’épithélium digestif.
Les auteurs ont eu recours à des cultures de cellules Caco-2.
Les cellules Caco-2 proviennent d’une lignée cellulaire tumorale humaine d’origine intestinale isolée à partir d’un adénocarcinome colique.
Dans des conditions de culture adéquates, ces cellules ont la capacité de se différencier spontanément en cellules intestinales polarisées pouvant ainsi former un épithélium mimant une barrière intestinale fonctionnelle (présence de microvillosités, jonctions serrées, transporteurs spécifiques, enzymes du processus de métabolisation, etc.…).
Les cellules Caco-2 sont cultivées sur membrane microporeuse d’insert placé dans des chambres de cultures individuelles.
Après une période de culture de 21 jours, les cellules forment une monocouche différenciée isolant les compartiments, supérieur (apical) et inférieur (basal), de la chambre de culture.
Avec cette méthode expérimentale, il est donc assez facile de créer un modèle d’absorption de tout élément nutritionnel, ici Pru p 3, LTP de pêche.
A noter que Pru p 3 a été soumis à une simulation de digestion gastro-intestinale.
Les résultats sont clairs, Pru p 3 est transféré activement au travers des entérocytes sans désorganisation des jonctions serrées.
Pour savoir si le haut taux de transport de Pru p 3 au travers de l’épithélium était la conséquence d’une caractéristique intrinsèque de cet allergène ou dû à un phénomène général de la famille des LTP, la mesure du transport a été aussi pratiquée avec une LTP naturelle de pêche hypoallergénique LTP1 présentant une homologie de 50% par rapport à Pru p 3.
A l’instar de Pru p 3, LTP1 restait intacte après avoir subi le processus de digestion gastro-intestinale.
Le taux de transport de LTP1 était plus faible que celui de Pru p 3.
Ce qui indique que le transport de Pru p 3 relève d’un mécanisme spécifique non applicable à l’ensemble des LTPs.
Les cellules Coca-2 ont été conjointement cultivées avec des cellules mononuclées de sang périphérique, provenant de quatre donneurs sains, qui ont été placées dans le compartiment baso-latéral de la chambre de culture.
Les auteurs ont pu montrer que Pru p 3 induit la production des cytokines par les cellules épithéliales.
Nous retiendrons de ce travail que Pru p 3 est transporté de façon intacte au travers de l’épithélium Caco-2 et conserve ainsi la capacité d’induire une réponse immunitaire.
Il apparaît que Pru p 3 interagit avec un composant des desmosomes.
Le haut taux de transfert de Pru p 3 peut être responsable de sa capacité de sensibilisation.
D’autres mécanismes sont impliqués au niveau du complexe épithélial ; le récepteur responsable du transport semble être impliqué dans le transport de cet allergène.
Ce qui n’empêche qu’il puisse exister d’autres possibilités de transport, cellules dendritiques et des immunoglobulines spécifiques.