Les asthmatiques n’ont pas l’air…mais ça peut être utile de le recueillir !

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Les asthmatiques n’ont pas l’air…mais ça peut être utile de le recueillir !

Les asthmatiques n’ont pas l’air…mais ça peut être utile de le recueillir !

mercredi 20 novembre 2013, par Dr Philippe Carré

Prédire la réponse aux stéroïdes chez les patients asthmatiques en utilisant le profil respiratoire exhalé. : M. P. van der Schee1,*, R. Palmay2, J. O. Cowan2, D. R. Taylor2

dans Clinical & Experimental Allergy
Volume 43, Issue 11, pages 1217–1225, November 2013

 Contexte :

  • L’air exhalé contient des composés organiques volatiles (COV) dépendant de chaque maladie, qui peuvent servir de biomarqueurs pour distinguer les phénotypes cliniques d’asthme
  • Leur mesure peut être particulièrement intéressante en ce qui concerne la réponse au traitement.

 Objectif :

  • Comparer la performance de l’analyse de l’air par le nez électronique (eNez) avec les techniques antérieurement disponibles (éosinophiles dans les expectorations, fraction exhalée de l’oxyde nitrique : FeNO, et hyperréactivité bronchique : HRB) pour distinguer l’asthme des sujets contrôles et identifier la réponse aux corticostéroïdes chez des patients exempts de corticoïdes.

 Méthodes :

  • 25 patients ayant un asthme léger à modéré ont eu leur traitement corticoïde inhalé interrompu jusqu’à la perte de contrôle de la maladie ou jusqu’à 28 jours
  • Ils ont ensuite été traités par de la prednisone orale à la dose de 30 mg/jour pendant 14 jours
  • La réponse aux corticoïdes était définie soit par l’augmentation de plus de 12% du VEMS, soit par l’augmentation d’au moins 2 doses de la quantité d’AMP entraînant une chute de 20% du VEMS (PC20)
  • La mesure en l’absence de corticoïdes des éosinophiles dans l’expectoration, de la FeNO et des COV dans l’air exhalé était utilisée pour construire des algorithmes de prédiction de la réponse aux corticoïdes
  • Les caractéristiques de performance étaient comparées par des courbes ROC.

 Résultats :

  • La eNez permettait de distinguer les asthmatiques des contrôles (aire sous la courbe =0.766 ± 0.14 ; p=0.002) avec la même efficacité que le FeNO (0.862 ± 0.12 ; p<0.001) et le compte des éosinophiles dans l’expectoration (0.814 ± 0.15 ;p<0.001)
  • La réponse aux corticoïdes était mieux prédite par l’analyse des COV (AUC= 0.883 ± 0.16 ;p<0.008) que par le FeNO (0.545 ± 0.28 ;p=0.751) ou le compte des éosinophiles (0.610 ± 0.29 ;p=0.441).

 Conclusions et relevance clinique :

  • L’analyse de l’air par le eNez peut identifier les patients asthmatiques et être utilisé pour prédire leur réponse aux corticoïdes avec une plus grande efficacité que les éosinophiles dans l’expectoration ou le FeNO
  • Ceci implique un rôle potentiel de l’analyse de l’air dans la surveillance thérapeutique des patients asthmatiques.

Au cours de ces dernières années, de nombreuses études ont cherché à montrer l’intérêt de l’analyse des constituants de l’air exhalé comme outil de caractérisation de la pathologie des voies aériennes ; l’air exhalé contient en effet un grand nombre de composés organiques volatiles (COV) agressifs sur les voies aériennes.

Les méthodes d’analyse des COV incluent des techniques d’analyse chimique et des méthodes basées sur une modélisation, connue sous le terme de « nez électronique » (eNez), qui utilise une gamme de capteurs qui ont des interactions réversibles avec le mélange de COV ; les réponses combinées de ces capteurs peuvent être intégrées dans des algorithmes définissant une « empreinte respiratoire » correspondant à des phénotypes spécifiques de pathologies (en pratique les sujets inhalent un air filtré en COV au cours d’une période de wash-out de 5 minutes, et l’air exhalé est collecté dans un sac inerte au cours d’une manœuvre de capacité vitale, puis analysé par une technique de eNez).

Le but de cette étude était d’une part de comparer la valeur diagnostique de l’eNez par rapport aux autres techniques disponibles de mesure de l’inflammation bronchique chez 25 sujets ayant un asthme léger à modéré par rapport à des sujets contrôles, et d’autre part d’étudier la valeur prédictive de l’eNez dans la réponse aux corticoïdes chez ces sujets asthmatiques, par rapport aux autres critères prédictifs.

Cette étude, la première à comparer directement le eNez, la FeNO, le compte des éosinophiles dans les expectorations et l’HRB, montre que l’analyse de l’air exhalé par la technologie de eNez :

  • peut discriminer les asthmatiques des sujets contrôles avec la même efficacité que la FeNO ou le compte des éosinophiles
  • peut mieux prédire la réponse aux stéroïdes chez des asthmatiques naïfs de corticoïdes que la FeNO ou le compte des éosinophiles.

Elle confirme les données antérieures quant au rôle des COV comme bio marqueurs dans l’asthme, en montrant le potentiel de l’analyse de l’air expiré comme prédicteur de réponse aux corticoïdes.

Le type d’analyse permis par le eNez, qui détecte un spectre de COV liés aux modifications physiopathologiques sous-jacentes des voies aériennes, incluse beaucoup plus de bio marqueurs que les seuls FeNO ou éosinophiles dans les expectorations, ce qui explique pourquoi ces derniers sont moins performants pour prédire la réponse aux corticoïdes.

Compte-tenu de la grande hétérogénéité de l’asthme en pratique clinique, la possibilité de définir des phénotypes de réponse en utilisant une technique simple et non invasive comme l’analyse de l’air expiré, représente une avancée dans la recherche sur l’asthme, et pourrait permettre de faciliter une prise en charge thérapeutique personnalisée des patients asthmatiques.

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