Dommage pour les Suisses ils ne connaîtront pas la belle étude à Rachid !!

mardi 18 février 2014 par Dr Stéphane Guez861 visites

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Dommage pour les Suisses ils ne connaîtront pas la belle étude à Rachid !!

Dommage pour les Suisses ils ne connaîtront pas la belle étude à Rachid !!

mardi 18 février 2014, par Dr Stéphane Guez

Maintien d’une tolérance à l’arachide chez des patients ayant terminé une immunothérapie orale à l’arachide. : Brian P. Vickery, Amy M. Scurlock, Michael Kulis, Pamela H. Steele, Janet Kamilaris, Jelena P. Berglund, Caitlin Burk, Anne Hiegel, Suzanna Carlisle, Lynn Christie, Tamara T. Perry, Robbie D. Pesek, Saira Sheikh, Yamini Virkud, P. Brian Smith, Mohamed H. Shamji, Stephen R. Durham, Stacie M. Jones, A. Wesley Burks

dans The Journal of Allergy and Clinical Immunology - February 2014 (Vol. 133, Issue 2, Pages 468-475.e6, DOI : 10.1016/j.jaci.2013.11.007)

 Introduction :

  • Bien que l’immunothérapie orale à l’arachide (OIT) ait été considérée comme entraînant une désensibilisation, on ne sait pas actuellement si la protection clinique persiste à l’arrêt de la thérapie.

 Objectif de l’étude :

  • L’objectif principal a été de déterminer si l’OIT à l’arachide peut induire une absence de réponse au long cours après la fin d’une OIT.

 Matériel et Méthode :

  • Les auteurs ont conduit un essai clinique pilote d’OIT à l’arachide dans 2 centres aux US.
  • Les patients recrutés ont entre 1 et 16 ans, et ont été traités pendant 5 ans avec une OIT à l’arachide.
  • Le protocole a été modifié au cours du temps pour permettre une augmentation des doses jusqu’à un maximum de 4000 mg jour de protéines d’arachide.
  • Des prélèvements sanguins ont été réalisés régulièrement au cours du suivi.
  • L’arrêt de la désensibilisation a été décidé à l’aide d’un test de provocation en double aveugle contre placebo avec 5000 mg d’arachide, dés que les critères d’arrêt possible étaient réunis.

 Résultats :

  • Sur les 39 patients initialement inclus, 24 ont terminé le protocole avec une évaluation possible du devenir.
  • 12 (50%) sur les 24 ont passé avec succès un TPO 1 mois après la fin de l’OIT et ont donc prouvé le maintien d’une absence de réponse.
  • L’arachide a été rajoutée à l’alimentation.
  • Au départ et jusqu’au TPO, ces patients avaient des tests cutanés petits, des taux faibles d’IgE spécifiques à l’arachide, Ara h 1 et Ara h 2 et un rapport bas IgEs arachide / IgE totales par rapport aux patients en échec après le TPO.
  • Il n’y a pas, par contre, de différence dans le taux des IgG4 ou de l’activité fonctionnelle à la fin de l’étude.

 Conclusion :

  • C’est la première démonstration d’une absence de réponse persistante après une OIT à l’arachide, et qui s’observe chez la moitié des patients traités pendant 5 ans.
  • L’OIT modifie favorablement la réponse spécifique immune à l’arachide chez tous les patients qui ont terminé le protocole.
  • Des tests cutanés faibles et des taux bas d’IgEs sont prédictifs du succès de l’OIT.

Dans ce travail les auteurs démontrent pour la première fois que l’immunothérapie orale à l’arachide chez les patients allergiques peut conduire dans 50% des cas à une tolérance de l’arachide après 5 ans de traitement. Cette tolérance se maintient après 1 mois d’arrêt de l’immunothérapie et un régime autorisant l’arachide.

Ce travail offre un espoir très important pour tous les patients allergiques à l’arachide. Il faut cependant prendre en compte les précisions suivantes.

Sur 218 patients pouvant potentiellement bénéficier de ce traitement seulement 39 ont été inclus (refus de 146 patients, et 33 patients non retenus). Difficile de dire que ce groupe de 39 patients est représentatif de tous les patients allergiques à l’arachide.

Le traitement a duré 5 ans, avec de nombreuses hospitalisations lors de la phase initiales puis lors des montées de doses avec une prise quotidienne. Il n’y a eu cependant que 3 abandons. Le TPO final a été proposé aux patients ayant un taux d’IgEs < 15kU/L, une absence de réaction allergique durant les 6 derniers mois, et des tests cutanés < 5 millimètres. 26 patients ont passé ce TPO avec succès, puis à 1 mois ils ont passé un nouveau TPO : 12 ont toléré l’arachide, et 12 non (2 perdu de vue) non, avec alors poursuite du traitement.

Il y a donc 12 patients sur 218 soit 5,5% des patients allergiques à l’arachide qui ont été « désensibilisés » au sens strict du terme.

Le recul n’est que de 1 mois après arrêt de l’immunothérapie, sachant cependant que les patients sont régulièrement suivis avec un questionnaire et consomment sans restriction de l’arachide.

Un autre point important à considérer est que ce n’est pas le taux des IgG4 qui est important mais la chute du taux des IgE spécifiques. Cette diminution est statistiquement significative au cours du suivi et chez les patients « guéris ».

Il est curieux qu’il n’y ait pas eu un groupe placebo car on peut se demander si un groupe suivi sur une même période et sans contact avec l’arachide n’aurait pas diminué spontanément ses IgE spécifiques de la même façon. Il serait intéressant de savoir par exemple comment a évolué l’allergie de l’ensemble des patients qui n’ont pas participé à ce travail.

Ce travail est donc très intéressant mais il faut encore améliorer le protocole d’immunothérapie pour le rendre plus attractif et plus facile à suivre afin de pouvoir le prescrire à un plus grand nombre de patients.

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