Et si les petites voies aériennes n’étaient que du vent ???

mercredi 26 novembre 2014 par Dr Cécilia Nocent1633 visites

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Et si les petites voies aériennes n’étaient que du vent ???

Et si les petites voies aériennes n’étaient que du vent ???

mercredi 26 novembre 2014, par Dr Cécilia Nocent

Effets de la dysfonction des petites voies aériennes dans l’expression de l’asthme : focus sur les symptômes d’asthme et l’hyper-réactivité bronchique : van der Wiel E, Postma DS, van der Molen T, Schiphof-Godart L, ten Hacken NHT, van den Berge M. 

Effects of small airway dysfunction on the clinical expression of asthma : A focus on asthma symptoms and bronchial hyper-responsiveness

dans . Allergy 2014 ; 69 : 1681–1688.

 Contexte :

  • Les petites voies aériennes sont un site important de l’inflammation dans l’asthme.
  • Cependant, la relation entre dysfonction des petites voies aériennes (PVA) et expression clinique d’asthme a très peu été étudiée.

 But :

  • Etudier l’association entre dysfonction des petites et grosses voies aériennes et symptômes d’asthme et hyper-réactivité bronchique (HRB).

 Méthodes :

  • 58 patients asthmatiques ont été caractérisés par une spirométrie, une pléthysmographie, une oscillométrie, une mesure du NO exhalé et un test de provocation à la métacholine.
  • Les symptômes nocturnes d’asthme, les symptômes à l’exercice, les symptômes d’HRB et les symptômes respiratoires étaient recueillis par le questionnaire ACQ et HRB questionnaire.
  • La perception de la dyspnée pendant le test de provocation était mesurée par l’échelle de Borg.

 Résultats :

  • La dysfonction des petites et grosses VA n’était pas associée avec une élévation des scores de symptômes nocturnes, à l’exercice, ou d’HRB.
  • Seuls les scores de sifflements étaient significativement avec une valeur élevée de différence entre R5 et R20 (r=0.367, p<0.01) et AX (r=0.354, p<0.01).
  • Un niveau bas de DEMM25-75 (p=0.024) et un niveau élevé de différence R5-R20 (p=0.003) étaient indépendamment associés avec une HRB plus sévère au test à la métacholine mais pas le VEMS ni les valeurs de R20.
  • La majoration de la dyspnée pendant le test à la métacholine était fortement et indépendamment corrélée avec la diminution du VEMS et la réactance du système respiratoire à 5 Herz.

 Conclusion :

  • La dysfonction des petites et grosses VA est peu associée aux symptômes d’asthme chez les patients de cette étude.
  • Cependant la détérioration de la fonction des PVA est associée à une augmentation de l’essoufflement pendant le test à la métacholine.
  • La dysfonction des PVA contribue indépendamment à l’expression clinique de l’asthme comme le reflète la sévérité de l’HRB.

Il s’agit d’une étude néerlandaise parue dans Allergy qui s’intéresse à la relation entre dysfonction mesurée objectivement des petites voies aériennes et symptômes cliniques d’asthme.

Cette étude a été réalisée sur 58 patients asthmatiques. Ils bénéficiaient de tests objectifs de fonction respiratoire et de réactivité bronchique et les symptômes étaient évalués par des questionnaires validés.

Cette étude montre qu’aucune relation n’est démontrée entre atteinte des PVA et symptômes d’asthme. Seule la dyspnée pendant le test de provocation à la métacholine est corrélée.

Ces résultats sont importants car la littérature médicale est riche sur la relation asthme et petites voies aériennes. Cette littérature s’est intéressée à la fonction respiratoire, à l’imagerie des petites voies aériennes et au piégeage retrouvé au scanner. L’industrie pharmaceutique a donc également misé sur les petites bronches en « vendant » de petites tailles de particules délivrées par les systèmes d’inhalation et donc une meilleure pénétration et une meilleure activité pour un meilleur contrôle de l’asthme.

Cette étude remet donc en perspective tout cela. Cependant les PVA ont tout de même un réel intérêt et en pratique on voit régulièrement des patients asthmatiques n’ayant aux EFR qu’une atteinte des voies aériennes distales avec souvent une distension associée et le meilleur traitement de ces anomalies améliore cliniquement le patient.

Cette étude montre donc qu’il n’est pas toujours facile de démontrer certaines associations cliniques voire que nous pouvons nous tromper en toute bonne foi. Elle montre également qu’il faut rester attentif à la littérature sur ce sujet et rester critique devant les messages délivrés par l’industrie pharmaceutique.

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