Allaitement maternel et effets antiallergiques : peut-être s’il n’est pas trop gras !!

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Allaitement maternel et effets antiallergiques : peut-être s’il n’est pas trop gras !!

Allaitement maternel et effets antiallergiques : peut-être s’il n’est pas trop gras !!

vendredi 9 novembre 2012, par Dr Stéphane Guez

Acides gras dans le lait maternel et symptômes équivalents d’asthme et atopie chez les enfants : une étude longitudinale. : Soto-Ramírez N, Karmaus W, Zhang H, Liu J, Billings D, Gangur V, Amrol D, da Costa KA, Davis S, Goetzl L.

Department of Epidemiology and Biostatistics, University of South Carolina , Columbia, SC , USA

dans J Asthma. 2012 Nov ;49(9):926-34. doi : 10.3109/02770903.2012.719251.

 Introduction :

  • Les relations entre les acides gras dans le lait maternel et le risque de développement d’un terrain atopique chez l’enfant sont encore controversées.

 Objectif de l’étude :

  • Les auteurs ont étudié de façon prospective les liens entre :
    • les acides gras du colostrum et du lait maternel,
    • et les symptômes équivalents d’asthme (AS) et l’atopie dans l’enfance.

 Matériel et Méthode :

  • Des femmes enceintes ont été enrôlées à Columbia et Charleston, en Caroline du Sud.
  • Le colostrum et des échantillons de lait mature ont été collectés.
  • Les concentrations en acides gras polyinsaturés (AGPI) :
    • n-3 (acide eicosapentanoïque, acide alpha-linolénique, acide docosapentaenoïque et docosahexaénoïque) et
    • n-6 (acide linoléique, acide arachidonique et acide eicosadeinoïque),
  • ont été mesurées par chromatographie gazeuse.
  • Les AS ont été évalués à 6 et 12 mois, et l’atopie (prick-tests cutané) à 12 mois.
  • Les taux d’acide gras ont été séparés en : élevés versus moyens ou faibles.
  • Un traitement statistique a été utilisé pour déterminer les effets des acides gras sur une symptomatologie répétée d’AS, en tenant compte des variations individuelles et avec un ajustement sur les facteurs confondants.
  • Une étude en régression logistique a été utilisée pour l’analyse de l’atopie.

 Résultats :

  • Les acides gras ont été étudiés sur 24 colostrums et sur 78 échantillons de lait maternel.
  • Un niveau élevé d’acides gras de type n-6 dans le lait maternel est associé à une augmentation du risque d’AS chez les enfants (2.91, IC95% : 1.37-6.18), même après avoir tenu compte des acides gras n-3 (RR : 2.07, IC95% : 1.12 – 3.85).
  • Un taux élevé d’acides gras de type n-3 par rapport à n-6 diminue le risque d’atopie à l’âge de 12 mois.

 Conclusions :

  • Un taux élevé d’acides gras polyinsaturés n – 6 dans le lait maternel est associé à un risque augmenté de symptômes d’asthme, alors qu’un taux élevé d’acides gras totaux n-3 diminue le risque d’atopie.
  • Ces données suggèrent que les effets des acides gras polyinsaturés n-3 et n-6 sur les maladies allergiques devraient faire l’objet d’études complémentaires.

Les auteurs ont étudié les effets des concentrations en acides gras polyinsaturés contenus dans le lait maternel sur les symptômes équivalents d’asthme et l’atopie chez les enfants dans une étude prospective.

Les acides gras n-6 augmentent les risques d’allergie alors qu’une augmentation des n-3 a un effet protecteur.

Les précurseurs des différents acides gras polyinsaturés (AGPI) de l’organisme sont apportés par l’alimentation car non synthétisées dans l’organisme. Il s’agit de l’acide linolénique (n-3) et de l’acide linoleique (n-6), qui sont à l’origine de nombreux acides gras à 3 ou 6 liaisons carbone.

Ces AGPI sont incorporés dans la membrane des cellules et modulent la production des médiateurs lipidiques et des molécules lipidiques impliqués dans la régulation immune et l’inflammation. D’autre part ces AGPI n-3 et n-6 sont également impliqués dans la formation du surfactant pulmonaire.

Il est donc logique de penser qu’une anomalie de ces lipides puisse avoir un effet sur les maladies allergiques.

C’est ainsi que des études ont montrées qu’un déséquilibre de ces acides gras pourrait être à l’origine du développement de l’asthme et des maladies atopiques : soit par un déséquilibre de la balance entre les AGPI n-3 et n-6 en faveur des n-6, soit par une augmentation des n-6. Les acides gras de type n-3 auraient un effet protecteur.

Ce travail a cherché à confirmer ou non cette hypothèse.

Les résultats vont dans le même sens que les études précédentes : à savoir un effet protecteur des AGPI n-3 et un effet délétère d’une augmentation des n-6.

Cela pourrait peut-être expliquer les résultats contradictoires publiés sur les effets bénéfiques ou non de l’allaitement maternel, selon le contenu en ces acides gras qui dépend lui-même de l’alimentation maternelle.

Cette piste d’étude semble donc très intéressante et effectivement mériterait d’autres études pour conforter ces résultats.