Patients fumeurs asthmatiques : conscients, parfois... inconscients le plus souvent.

mardi 13 mai 2003 par Dr Isabelle Bossé4199 visites

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Patients fumeurs asthmatiques : conscients, parfois... inconscients le plus souvent.

Patients fumeurs asthmatiques : conscients, parfois... inconscients le plus souvent.

mardi 13 mai 2003, par Dr Isabelle Bossé

Même si tout un chacun est informé des effets néfastes du tabac en général, sur les bronches en particulier, cela n’empêche manifestement pas les asthmatiques de fumer, y compris les plus sévères , puisque cette étude étudie exclusivement des patients consultant dans des services d’urgence pour asthme aigu.

Tabagisme dans une population d’adultes asthmatiques admis dans 64 services d’urgences. : Robert A. Silverman, MD ; Edwin D. Boudreaux, PhD ; Prescott G. Woodruff, MD ; Sunday Clark, MPH and Carlos A. Camargo, Jr, MD, DrPH, FCCP on behalf of the Multicenter Airway Research Collaboration Investigators
* From the Department of Emergency Medicine (Dr. Silverman), Long Island Jewish Medical Center, New Hyde Park, NY ; Department of Emergency Medicine (Dr. Boudreaux), Earl K. Long Medical Center, Baton Rouge, LA ; Division of Pulmonary and Critical Care Medicine (Dr. Woodruff), Department of Medicine, University of California, San Francisco, CA ; and the Department of Emergency Medicine (Ms. Clark and Dr. Camargo), Massachusetts General Hospital, dans Chest. 2003 ;123:1472-1479

 Objectifs de l’étude :
* les services d’urgences sont un point de repère important pour les individus avec une maladie mal contrôlée.
* De nombreux adultes se présentant aux urgences avec une crise d’asthme aiguë sont de gros fumeurs de cigarettes.
* Cette étude vise à déterminer la prévalence du tabagisme parmi les adultes se présentant aux urgences avec un asthme aigu et d’identifier les facteurs associés avec le statut de fumeur habituel.

 Méthode : une étude de cohorte prospective menée grâce au « Multicenter Airway Research Collaboration ».

 Patients : un interrogatoire structuré a été réalisé chez 1847 patients, âgés de 18 à 54 ans, se présentant aux urgences avec un asthme aigu.

 Localisation : 64 services d’urgences dans 21 états des Etats Unis et 4 provinces du Canada.

 Résultats :
* 35 % des patients inclus étaient des fumeurs habituels avec une moyenne de 10 paquets-année ( de 4 à 20 paquets-année) , alors que 23 % étaient d’anciens fumeurs, et 42 % n’avaient jamais fumé.
* Parmi les fumeurs habituels, 33 % d’asthmatiques étaient âgés de 18 à 29 ans, 40 % âgés de 30 à 39 ans, et 33% âgés de 40 à 54 ans ( p< 0.001).
* Dans une analyse multivariables , les facteurs indépendamment associés au tabagisme courant ( p <0.05) étaient les suivants :
** âge de 30 à 39 ans,
** la race ( ou l’ethnie) blanche,
** les niveaux d’études plus bas,
** des revenus du ménage plus bas,
** l’absence d’assurance privée,
** la non utilisation récente de corticoïdes inhalés,
** et pas d’antécédents d’utilisation de corticoïdes systémiques.
* Cependant, 50 % des fumeurs habituels admettent que de fumer aggrave leurs symptômes d’asthme, seuls 4 % rendent responsable leur tabagisme de leur exacerbation en cours.

 Conclusions : même si la fumée de cigarette est généralement reconnue comme un irritant respiratoire, le tabagisme est courant parmi les adultes qui consultent aux urgences pour un asthme aigu. Les consultations aux urgences peuvent représenter pour les patients une opportunité d’être sollicités à faire des efforts pour cesser de fumer.


Que nous apprend cette étude ?
* beaucoup trop d’adultes asthmatiques fument
* parmi les exacerbations d’asthme admises aux urgences, on retrouve une proportion importante de fumeurs habituels
* l’âge où cette proportion est maximale se situe entre 30 et 39 ans , on pourrait penser qu’ils sont alors asthmatiques depuis plusieurs années et qu’ils ont atteint l’âge de raison !!
* Que parmi les facteurs associés, l’absence de traitement corticoïde inhalé récent tient certainement un rôle, mais également des facteurs psycho-socio-économiques.

Sur quels facteurs pouvons-nous agir en tant que médecins ? le traitement de fond, l’incitation à l’arrêt du tabac, la prise de conscience de la maladie.

Tous les autres facteurs ne dépendent pas de nous, il est certainement temps que la maladie asthmatique soit considérée comme un vrai problème de santé publique.

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